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[Critique série] KINGDOM – SAISON 1

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] KINGDOM – SAISON 1

Titre original : Kingdom

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis
Créateur : Byron Balasco
Réalisateurs : Adam Davidson, Michael Morris, Gary Fleder, Dennie Gordon, Tim lacofano.
Distribution : Frank Grillo, Kiele Sanchez, Matt Lauria, Jonathan Tucker, Nick Jonas, Joanna Going, Paul Walter Hauser, Mac Brandt, Juliette Jackson, Meaghan Rath, Alicia Witt, Andre Royo…
Genre : Drame/Action
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
À Los Angeles, Alvey Kulina, un ancien champion de MMA, gère avec Lisa, sa petite-amie, une salle d’entraînement. Sans cesse à la recherche de nouveaux combattants, et devant faire face à des difficultés financières, Alvey décide de profiter de la sortie de prison de Ryan Wheeler, une star de l’octogone, pour le recruter et le pousser à reprendre les gants. En parallèle, son plus jeune fils commence à se faire un nom dans le milieu, tandis que son aîné, qui se distingue surtout par son mode de vie plutôt chaotique, décide lui aussi de revenir à la compétition…

La Critique :
Chouette, une série sur le MMA ! Tout comme la boxe, le combat libre, ou Mixed Martial Arts, est particulièrement cinégénique, et a d’ailleurs déjà été au centre d’au moins un grand film, à savoir le furieux Warrior, de Gavin O’Connor. Et Warrior justement, partage un point commun non négligeable avec la série Kingdom. Dans ce cas là, on pourrait carrément parler de spin-of, puisque Frank Grillo, si il n’interprète pas exactement le même personnage (les noms diffèrent), joue dans les deux un entraîneur de MMA. C’est d’ailleurs lui, cet acteur physique par excellence, également parfaitement capable de communiquer de belles émotions sans se sentir obligé d’en faire des caisses, qui inaugure la première saison du show créé par Byron Balasco. Comment mieux entrer dans le bain, quand on prétend parler de types qui gagnent leur vie en combattant dans une cage, qu’en montrant Grillo tabasser deux gars en pleine rue ? Le ton est donné et bonne nouvelle, la suite sera au diapason. Kingdom frappe souvent et qui plus est, plutôt fort.

Kingdom-Frank-Grillo

Le truc qui met néanmoins un peu le doute, c’est que la série repose en partie sur un certain Nick Jonas. Si ce nom vous dit quelque chose, deux options : soit vous êtes ravi de savoir que le jeune poursuit sa carrière d’acteur, soit vous vous préparez à fermer la porte au show, car pour vous, Jonas rime avec Jonas Brothers et que non, décidément, pas moyen de regarder un truc avec l’autre truffe du boyband puritain estampillé Disney Channel. Car vous avez bien lu : Nick Jonas de Kingdom est bien l’un des Jonas Brothers. Ceux qui portaient une bague de pureté et qui jouaient des chansons sirupeuses au possible pour un public principalement composé de midinettes chauffées à blanc par les gueules d’anges de ces trois endives managées par leur tyran de paternel, dans le respect relatif de la Bible selon George W. Bush. Pour autant, rapidement, Nick Jonas clame haut et fort que si il a gardé le même nom, son rôle n’a rien à voir avec tout ce qu’il a pu faire précédemment. Pas de bague de pureté dans Kingdom, ni de guitare mielleuse. Cette fois-ci, le Jonas a sorti les muscles, et participe a quelque chose d’autrement plus âpre. Dans la grande tradition des nouvelles séries pour adultes, la création de Balasco ni va pas avec le dos de la cuillère et s’avère souvent crue, saignante à souhait et frondeuse quand il s’agit d’aborder des sujets difficiles. C’est bon, vous êtes rassurés ? Non ? Regardez ne serait-ce que le premier épisode et l’arrière goût que laisse le nom de Jonas au générique ne tardera pas à disparaître.
Surtout que Kingdom n’est pas la série d’un seul homme. L’ex-idole des jeunes est remarquablement bien entourée. Par Frank Grillo, comme mentionné plus haut, le patriarche de toute cette famille dysfonctionnelle, jamais très loin d’une bouteille de scotch et d’une paire de gants, toujours prêt à se friter et prit dans un tourbillon qu’il a bien du mal à gérer. Sans surprise, il domine, il est parfait et son charisme fait des merveilles. Autre gros atout, Jonathan Tucker, vu notamment dans Les Ruines ou Otages. Avec ses 10 kilos de muscles en plus, son attitude borderline et son rayonnement naturel, il est peut-être bien le personnage le plus intéressant du lot. Toujours sur la brèche, à la fois drôle et touchant. Matt Lauria, un quasi-inconnu, est lui aussi dans la cage. Ex-taulard, le champion déchu qu’il incarne est au centre d’une dynamique sans arrêt alimentée par un scénario explorant de multiples pistes. Lui aussi est impeccable. Une vraie cocote minute le mec. Jamais bien loin du burn out. Quatre mâles alpha dans la même meute, forcément ça fait des étincelles. Pour modérer toute cette virilité, Kingdom peut compter sur Kiele Sanchez, dont le rôle, loin de se laisser marcher dessus par les combattants, impose un sex appeal naturel et une autorité jamais remise en question. À elle seule, ou presque, Kiele Sanchez permet à la série de conserver tout au long de ces 10 premiers épisodes, un véritable et appréciable équilibre.

Kingdom-Alvey_Nate_Jay

Assez classique dans sa structure car explorant, certes dans un cadre original, des problématiques liées à la famille et au couple, Kingdom ne cherche pas absolument à choquer ou à se distinguer. Elle préfère faire les choses correctement et c’est en partie cette application, dans l’écriture, dans la mise en scène et dans la direction d’acteurs, qui lui permet de finalement se détacher de la masse, avec quelques longueurs d’avance. Surtout, elle respecte son sujet. L’extreme fight n’est jamais un prétexte. Les amateurs y trouveront leur compte. Comme dans Warrior. Le dosage est le bon et c’est bien souvent dans la cage que se règlent les comptes ou qu’explose l’agressivité accumulée. La violence de ce sport souvent montré du doigt n’est pas gratuite. C’est un moyen de s’élever. Un gagne-pain et une façon de s’exprimer.
Avec ses protagonistes forts, et malgré quelques rares fautes de goûts dans une ou deux résolutions d’intrigues secondaires trop bancales ou vite expédiées, le premier acte de Kingdom tient toutes ses promesses. Porté par Audience Network, dont l’influence est loin de celle d’HBO par exemple, la série fait office d’outsider un peu sorti de nulle part. Le genre que personne n’attendait, avec des comédiens (hormis Grillo) pas forcément associés à ce genre de choses. Pourtant, très vite, l’addiction propre aux meilleures séries s’installe. Le rythme est soutenu, les seconds rôles sont soignés, le scénario sait parfois surprendre (la plupart du temps pour le meilleur), les metteurs en scène livrent une action lisible et galvanisante, et savent orchestrer les montées en gamme d’une émotion croissante (parmi eux, on retrouve Gary Fleder, l’homme du très bon, Dernières Heures à Denver et de Homefront).
Il ne reste plus qu’à espérer que la saison 2 (puis la 3, déjà commandée) tienne les promesses de la première. La conclusion de celle-ci va en tout cas dans ce sens et annonce du lourd. Quoi qu’il en soit, on tient là une première salve agressive, mais jamais bas de plafond. Du genre qui garde l’ennui à bonne distance et qui ne retient pas ses coups. Enfilez les gants et entrez dans la cage, les combattants vous attendent et ils sont plutôt balèzes.

@ Gilles Rolland

Kingdom-2
Crédits photos : OCS


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