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Le Monde de Hume

Publié le 07 juin 2008 par Jcgbb

Connaître les hommes, percer à jour les différents mécanismes qui les font agir, se constituer un ensemble de principes et de maximes fiables pour régler notre conduite, en anticipant les réactions de nos semblables, cette ambition est-elle réaliste ?

On se prononce pour ou contre l’uniformité des hommes, pour ou contre la régularité et la prévisibilité des comportements humains. Il est légitime théoriquement d’hésiter, car il y a des invariances (amitié, vengeance, amour-propre) et des inconstances (cultures, sautes d’humeur). Un seul individu n’est-il pas régulier, puis surprenant ? Une personne obligeante se montre bourrue, suite à une rage de dent. Un individu stupide a des éclairs de vivacité grâce à un heureux événement. Nous savons que les hommes sont lunatiques et inconstants.

Or, ce qui fascine Hume, c’est la puissance de la conviction inverse en dépit des doutes que nous avons. Nous résistons intellectuellement à l’idée d’une science de la nature humaine, mais nous nous comportons chaque jour comme si elle était réelle. En pratique, nous l’admettons constamment. Voilà ce que Hume met en évidence : l’existence d’une conviction intime, d’une croyance profonde, sans raison indubitable.

L’homme est un être de croyance, avant que d’être un être de raison. Nous nous fions à la répétition des comportements, en oubliant qu’ils ne sont pas des choses. Nous croyons à la stabilité des hommes comme s’ils n’étaient que matière. Certains qu’une bourse pleine d’or oubliée dans un lieu d’affluence sera ausitôt dérobée ; certains encore qu’un ami de toujours ne volera pas une acquisition luxueuse.

Ces croyances fermes, en étant seulement probables, ne sont pourtant pas stupides. Car ce qui est divers peut se ramener à de l’homogène. Croire à la diversité humaine, revient à admettre l’empire des coutumes sur les individus. Défendre la diversité des sexes équivaut à reconnaître la permanence de leurs différences. On pourraît même faire du caprice des humeurs une loi de la nature humaine…

Le Monde de Hume est un monde de croyances, invincibles et raisonnables. Un monde d’hommes aux réactions mécaniques et pertinentes, nécessaires et intelligentes. L’homme est un être d’habitudes, antérieures à la raison, qu’elle honore en retour.

Le Monde de la philosophie : Hume

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