
C'est dans cet esprit que j'ai arpenté hier Bourg-la-Reine et Sceaux. Par le plus grand des hasards je me suis trouvée aujourd'hui à Paris en fin d'après-midi et j'ai visité, sans inscription préalable les jardins et le bureau du ministre de l'agriculture comme celui de la ministre du travail, m'arrêtant dans la salle où ont été signés les "accords de Grenelle".




La villa HennebiqueArrêtons-nous donc 22 avenue Victor Hugo, à Bourg-la-Reine, juste en face du lycée Lakanal. Vous en pouvez pas ignorer l'endroit exhibant une tour d'une hauteur de quarante mètres, avec à son sommet quatre dragons crachant l'étrier pour refléter la puissance industrielle de la firme Hennebique aux quatre coins du monde.
François Hennebique y construisit cette maison entre 1901 et 1903 avec le matériau qui fit sa renommée, le béton armé. Cette Villa qui porte son nom a été conçue comme un "palais familial" et déchaina les passions.
Elle a été divisée en une vingtaine de logements privés et vient d'être restaurée. En respectant les couleurs d'origine, comme le rouge flamboyant et surprenant des balustrades et l'éclat des parements de béton.


La première utilisation de ce procédé intervint en 1879 pour la construction de la résidence d'un particulier belge. En 1892, François Hennebique dépose un brevet en pour un système de poutres en béton armé qui équilibre les contraintes entre béton et armature métallique, une poutre à étrier qui sera régulièrement améliorée de 1893 à 1897, donnant lieu à de nouveaux brevets.
En 1900, avec l'architecte Edouard Arnaud, il construit au 1 de la rue Danton le premier immeuble néo-haussmannien en béton armé de la capitale où il installera des bureaux d'où sortiront 60 000 projets, révolutionnant l'architecture moderne. C'est encore lui qui avait conçu et construit à Chatellerault le premier pont civil en béton armé de France. On lui doit aussi le plus grand pont du monde, en 1911, celui du Risorgimento à Rome.
En 1898 il avait acheté une parcelle pour y faire édifier sa villa pour "abriter la tribu, composée de tris ou quatre ménages ayant des enfants. La vie matérielle y sera commune. Le rez-de-chaussée aura de grands salons pour toute la famille, mais l'étage comprendra plusieurs appartements complets où chaque ménage jouira dnas l'intimité de son foyer de l'indépendance et même de l'isolement."




















La rue s’appelait alors Voie des Glaises, et était cimentée. Imaginant qu’elle serait un jour bruyante, ce qui s’avéra exact, André Lurçat a limité les ouvertures côté rue. Tout le dessin a été conçu en direction du parc qui, de plus, est orienté au Sud. La salle à manger s'y prolonge par deux terrasses enfouies dans la verdure d'un jardin très agréable.
L'habitation a été dessinée comme une sorte de grand cube autour d’un petit palier central encadré par deux volées d’escaliers de 9 marches. Vers le haut on accède à l’atelier. Vers le bas on découvre les pièces à vivre.
Beaucoup de placards sont intégrés dans les murs. Ce sont les "meubles immeubles chers" à l'architecte qui malgré leur charme ne sont pas très pratiques.
Pour la cuisine il s'est inspiré des grands rangements intégrés qu’il avait vu dans les maisons vosgiennes.
Son gendre, actuel propriétaire avoue au moins 5000 livres, parce qu’il les aime et qu’il était libraire. Par contre il ne reste sur place rien de l’œuvre de l’architecte dont la totalité a été donnée au CNAM qui lui-même en a cédé une partie aux Archives nationales.
La maison est classée depuis trois ans.




