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« Human » de Yann Artus-Bertrand

Publié le 30 septembre 2015 par Miss Acacia @GrainedAcacia
« Human » de Yann Artus-Bertrand

Hier soir, j'avais un rendez-vous télévisuel (sur France 2) avec Yann Artus-Bertrand. Son film " Human " était offert au public à l'occasion de sa sortie. Je dois avouer, normalement je regarde assez peu des documentaires. Je les trouve bien souvent trop lents et je décroche avant la fin. Mais hier soir, " Human " m'a tenue jusqu'au bout. Pas un instant mon attention ne s'est relâchée.

Magnifique regard sur l'Humanité

Je lis ce matin avec tristesse qu'une fois de plus TF1 a gagné la bataille " Mentalist ". Même M6 et " Cauchemar en cuisine " passe devant le merveilleux film de Yann Artus-Bertrand. Au fond, je le sais mais j'ai toujours tellement l'espoir que les " gens " ont envie d'autre chose que des séries sirupeuses de TF1 ou de toutes ces émissions à l'encéphalo plat. Il semblerait que le téléspectateur veuille juste mettre son cerveau au repos et ne pas être " dérangé ". Parce que c'est sur, " Human " bouscule car il nous met en face de notre propre humanité.

Ce film pose tant de questions. Qu'est-ce que le bonheur ? L'amour ou la haine ? La richesse et la pauvreté ? Hier soir j'ai découvert le magnifique regard d'un homme sur l'humanité dans tout ce qu'elle peut être. Dans toute sa diversité. Certains témoignages sont émotionnellement violents. D'autres donnent le sourire et sont emplis d'espoir.

Yann Artus-Bertrand fait témoigner des hommes et de femmes qui ont connu ou connaissent encore la guerre pour tenter de trouver des réponses. Peut-on pardonner ? Peut-on guérir de la violence ?

Témoignages très émouvants d'anciens soldats américains. Tous parlent de survie. Ils sont en vie mais plus vraiment heureux. Il est très difficile d'être en paix avec soi même quand on a tué un autre homme. Une part d'humanité est restée sur les champs de bataille.

Le conflit Israël-Palestine dure depuis 67 ans. 3 générations ont connu (et connaissent encore) la guerre. Le réalisateur choisit de ne pas parler de la guerre. Ce qui l'intéresse ce sont les hommes qui veulent trouver une solution. Il nous offre alors les témoignages de 2 pères qui ont tous deux perdu un enfant dans cette guerre. On se rend compte que la perte est la même que l'on soit israélien ou palestinien. Un parent qui perd un enfant ressent la même déchirure. Tous deux disent qu'ils ont failli basculer du côté de la haine et du désir de vengeance. mais finalement ils ont préféré choisir la voie du pardon. Un des pères explique cela très bien. A des gens qui lui demandaient comment il pouvait pardonner et qui lui parlait de tuer au nom de sa fille, il a répondu que tout comme il ne peut pardonner au nom de sa fille, il ne peut également choisir la vengeance. Tuer des hommes en son nom ne la fera pas revenir mais l'emplira lui de haine et de colère.

De la haine au pardon ?

Parler de guerre l'amène forcément à parler des 50 millions d'êtres humains qui ont dû tout quitter pour fuir un conflit ou la persécution. Il nous montre les camps de réfugiés. L'un d'eux (le camp de réfugiés deDhadhaab au Kenya) abrite aujourd'hui plus de 500 000 personnes ! Une ville est née en plein désert.

Les témoignages des réfugiés sont bouleversants. Une jeune fille parle de tout ce qu'elle a laissé derrière elle. Toute une vie avec ses amis, l'école, le confort ! Bref toute une vie d'adolescente comme une autre.

Tous parlent de ce qu'ils ont abandonné pour partir en exil. Une vraie vie avec un travail, une maison, l'école pour les enfants. Certains réfugiés vivent ici depuis des années et le conflit qui les a conduit là existe toujours. Alors comment reconstruire sa vie quand on n'a plus rien et qu'on vit dans un camp ?

On écoute les témoignages des guerriers mais aussi des victimes. Bien souvent des femmes (au Cambodge ou encore au Rwanda). Leurs mots sont à peine soutenables. Je suis admirative. Elles sont tellement fortes. Elles disent cette blessure qui ne guérira jamais mais trouve aussi la petite étincelle de lumière qui leur permet de regarder vers l'avenir.

Le chemin pour passer de la haine au pardon est forcément difficile mais il est possible. Yann Artus-Bertrand est en tous les cas plein d'espoir dans l'humanité. Il pense que ce n'est qu'en se mettant à la place de l'autre pour essayer de le comprendre qu'on peut avancer en tant qu'humanité.

Comme le dit l'un des hommes qui parle : il faut regarder le verre à moitié plein car il est magnifique.

Face à la haine, il y a l'amour, ce besoin viscéral et universel d'aimer et d'être aimé. Un sentiment qui nous porte et nous apaise. Suivent alors les témoignages de femmes et d'hommes qui nous parlent d'amour, de LEUR amour, du couple. De l'amour qui dure toujours. De la perte de l'être aimé. Les visages s'illuminent et sourient dès que les gens parlent d'amour ou de leurs enfants, de leurs parents ou grands-parents. Yann Artus-Bertrand dit que c'est à travers ces échanges sur l'amour et la famille qu'il a le plus ressenti l'universalité de l'Homme.

Malheureusement, la famille n'est pas toujours un rempart. Elle peut se révéler comme ce qu'il y a de pire et de plus destructeur. Inceste, viol, violence conjugale. Témoignages terribles de toute cette violence. Les regards qui se voilent, la tristesse dans les yeux de ces enfants qui n'ont pas eu d'enfance. Les mots de ces garçons qui disent qu'ils se sont habitués aux coup et à la violence et qui n'ont plus peur de rien résonnent terriblement. Quelle leçon de vie avec cette jeune fille qui dit que ça ne sert à rien de vivre dans le passé. Qu'il faut se relever et continuer de sourire. Ou encore cet enfant qui pense que chaque être humain a une mission sur terre. La voix de Yann Artus-Bertrand nous apprend alors qu'un enfant sur deux décède dans les quatre ans qui suivent son arrivée dans la rue. J'ai envie de retenir ici la conclusion d'une des jeunes filles qui témoignent :

N'oubliez pas qui vous êtes. Et souriez toujours car sourire est le seul langage que tout le monde comprenne.

Le film est suivi d'un court reportage dans lequel Yann Artus-Bertrand nous explique son projet. Pourquoi il a réalisé " Human ". Il a voulu comprendre comment on bascule de l'amour à la haine. Comment devient-on capable du pire ? Comment la confrontation à la violence transforme-t-elle un homme au plus profond de son être ? Comme le dit l'un des témoins " l'homme peut devenir un monstre ".

2 ans de tournage. 65 pays parcourus. 2000 interviews réalisées. Il n'a voulu garder que les visages des hommes et des femmes qui parlent. Aucun commentaire n'accompagne les images. Yann Artus Bertrand nous livre la parole de tous ces Hommes sans jugement. Il donne la parole à ceux qu'on n'écoute jamais. Il y a tant d'émotions qui passent dans leurs regards.

Les témoignages sont entrecoupés d'images de la terre absolument incroyables. Il nous montre la Terre dans toute sa diversité : sauvage ou ultra moderne. Des déserts où les hommes déambulent tels de petites fourmis. Des villes avec leurs tours et leurs lumières qui les rendent belles. On en oublie la déshumanisation qui y règne. Il nous montre aussi la sauvagerie de la nature avec les eux déchaînées suite à l'ouverture d'un barrage ou des tempêtes et des pluies diluviennes. Il veut ainsi mettre en parallèle la férocité de la nature avec celle de l'Homme.

Aux témoins qui font la conclusion de ce très beau film le réalisateur a posé une seule question : quel est le sens de la vie ? Les réponses sont très diverses. Certains veulent laisser une trace. D'autres se demandent " pourquoi suis-je là ? ". Il y a aussi la peur de n'être rien., que personne ne se souvienne de nous et de n'avoir aucune place sur terre. Un des hommes se demande si la possession matérielle donne un sens à la vie. Pour très vite conclure que non. Que posséder est complètement superficiel. Je clos mon billet avec la réponse de Yann Artus-Bertrand à cette réponse.

Nous sommes tous sur terre pour améliorer le monde. Il faut apprendre le " vivre ensemble ". Et se poser une seule question : quel être humain ai-je envie d'être ?

Enfin, je ne dirai qu'une seule chose, aller voir ce film au cinéma ou achetez le DVD ou regardez le replay. Peu importe comment vous ferez mais regardez " Human ". Et montrez-le autour de vous ! Surtout aux enfants... Ce serait une bonne idée ça de le diffuser dans les écoles. Ce regard sur les Hommes du monde ouvre NOTRE regard sur le Monde et nous fait réfléchir à notre place sur terre. Il nous pousse à regarder notre vie autrement et à prendre de la distance vis à vis de notre course permanente vers le besoin d'avoir toujours plus et autre chose alors que peut-être (surement) le bonheur est juste là, sous nos yeux.


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