En clair, si on ne paye pas, on est relégué aux oubliettes.Mais cette mise au ban a aussi ses attraits. Libéré de la course aux likes, on peut en effet laisser la page FB continuer son petit bout de chemin tranquille, sans bruit, sans esclandre, en mode "low profile". Au gré du vent et des vagues, quoi...C'est justement ma façon de conduire ma page photographie. Comme je n'ai pas pas envie de donner de l'argent pour avoir plus de likes, la voilà qui se la coule douce, elle est mon petit jardin secret, arpenté par un groupe restreint de regards avertis qui suivent mes élucubrations plus ou moins inspirées avec plus ou moins de bienveillance.Dans cet enclos virtuel, je sème à tout vent, comme je veux et quand je veux.
Tiens, j'y pense : en fait, je dois vous parler d'un autre bloc-notes confidentiel de ce style, que je tiens depuis 2005 déjà.
Début septembre 2005, je lançais mon blog « Voyage en suspens ».http://paulolobo.blogspot.lu/2005/09/good-morning-sunshine.html
10 ans.
Pourquoi ce nom "Voyages en suspens" ? Et bien, à l'époque, j'avais l'impression que j'entamais une nouvelle phase dans ma vie, plus ancrée au Luxembourg, moins aspirée vers des horizons lointains. Il me semblait que j'allais devoir mettre entre parenthèses mes voyages à ticket d'avion ou péage de voiture... Une autre forme de vie commençait pour moi.Mais il me restait les voyages que je préfère, les périples imaginaires, les évasions mentales, les vagabondages introspectifs...
Depuis ma chambre, depuis ma ville, depuis mon pays, en restant à l'intérieur de mes frontières imposées, j'allais m'évertuer à chercher des issues, une fenêtre ouverte, une clef sur la porte, un petit sentier de traverse...
Brazil...
Entretemps, le monde est venu à Luxembourg, de plus en plus nombreux, de plus en plus diversifié, je veux dire, en 2005 est-ce qu'on avait cette palette extraordinaire de cultures, de provenances, de nuances de peaux ? En 2005, est-ce que le Luxembourg était aussi tutti-frutti qu'actuellement ? Tel est le pays dans lequel je vis : un endroit où chaque nouvelle rencontre peut être teintée d'exotisme.Mon blog de rêveur sédentaire : j'y ai brodé des textes et publié des images à un rythme régulier, à mon rythme régulier. J'ai continué de l'alimenter, fidèlement, même quand les blogs étaient soudain passés de mode, à cause de l'émergence de Facebook.
Dans ce blog - dont l'intégralité reste consultable dans les archives - j'ai enregistré tout un tas de choses, des émissions d'idées, d'humeurs, d'émotions sur les sujets les plus divers qui me tiennent à coeur ou qui me crèvent les yeux, cinéma, musique, poésie, société, photo, beauté des femmes, saudade. Ma ligne éditoriale a toujours été claire : pas de contrainte, liberté des phrases et des écarts de conduite, minimum de prises et spontanéité du jet d'expression. Parfois c'est juste l'envie de jongler avec la langue de Molière qui me gratouille - j'aurais plutôt tendance à dire la langue de Boris (Vian) - lui aussi aimait jouer avec les mots, les phrases ...
Avec cette différence que le français n'est pas ma langue maternelle. J'aime la langue française, mais il est un fait que chez moi elle ne coule pas de source, les formules parfois sont laborieuses, les enchaînements mécaniques, je me bats souvent avec des tournures de phrases, il faut que je les fasse tourner longtemps dans ma tête avant d'en sentir toute la texture, la densité, pour pouvoir éventuellement les dérouler comme un beau tapis dans mon salon d'entretiens. "Voyages en suspens" a été pour moi un champ d'exploration du langage, tout autant qu'une exploration des sentiments : mes textes sont fréquemment le reflet des tourments et anxiétés et questionnements qui meublent ma petite tête au fil des jours. J'ai souvent changé la décoration, mais ma petite tête est restée la même, c'est ma maison à moi et je pense que j'y habiterai jusqu'à la fin de ma trop brève existence...
Quel sera l'avenir de mon blog ? Seul l'avenir le dira, mais il s'agit là de mon petit carnet de notes que je chéris, qui ne fait de mal à personne, qui me fait plutôt du bien... Mes idées, mes émanations, originales ou banales, je leur ouvre la cage et elles s'en vont courir les chemins un peu partout à travers la toile mondiale, accessibles à des inconnus du monde entier et de l'univers intersidéral. A ma modeste échelle, et aussi longtemps que je suis respirant et bien portant, j'aime penser que je distille un peu de tendresse et d'humanité dans les esprits de ceux qui veulent bien me lire de temps en temps...
Un jour plus tard, quand je ne serai plus là, quand j'aurai été englouti dans le tourbillon des siècles, quand je serai devenu poussière de toile,
il se peut que tu me lises, lecteur du futur, peut-être m'auras-tu connu, peut-être n'es-tu même pas encore né, peut-être tomberas-tu par pur accident sur cette fragile petite phrase en conclusion de mon post du 30 septembre 2015. Sache que le monde aujourd'hui n'est pas beau à voir, mais qu'il est possible de s'y sentir vivant, d'aimer et d'être aimé. Moi comme tant d'autres avons partagé ce mois de début d'automne, avons essayé d'être heureux et de rendre heureux ceux qui nous entourent, avons ri et pleuré, avons rêvé et attendu - l'horloge du salon, qui dit oui qui dit non...