Très cher monsieur.
Je me souviens parfaitement de cette matinée où ma mère m’a réveillé en criant « l’avion de papa est tombé ! »J’avais alors 9 ans. Mon père faisait partie de l’équipage qui devait emmener cet avion de Pointe à Pitre jusqu’à Bogota, je crois. Mon père était navigateur et le commandant de son équipage devait être le Cdt Duchange ou le Cdt Chemel.
J’ai subi un très grand choc ce jour là puisque je me suis dit : Papa peut tomber avec son avion. Et je pense que lui-même depuis ce jour là n’a jamais eu la confiance qui était la sienne depuis si longtemps (15.000 heures de vol, ses débuts sur JU52, DC3, Superconstellation puis B707). Aujourd’hui, à 63 ans, je repense encore souvent à cette matinée maudite ou j’ai cru perdre mon père. Je me souviens d’Yves Nicol, chef d’escale à Pointe à Pitre qui était un très bon ami et chez qui nous allions souvent déjeuner avant de faire un tour en bateau.
Mon père nous a quitté en 1991, victime d’un cancer, presque 30 ans après cet accident qui, s’il ne lui a pas coûté la vie, à lui, à certainement contribué à son déclin.
A 63 ans aujourd’hui, je n’ai pas suivi le chemin de mon père ou de ces héros « aviateurs » par peur « de tomber ». Je suis pourtant, par bravoure peut-être pilote en aéroclub, mais bientôt « en retraite ».
Merci pour vos témoignages qui m’ont tiré quelques larmes. Merci de rendre hommage à ces pionniers de l’aéro.