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L’économiste Yassine Benadda, à propos de la diaspor“Nous pourrions tripler le montant des transferts”

Publié le 04 octobre 2015 par Ouadayazid1

En ces temps de vaches maigres, l'argent de la diaspora algérienne ( Algériens résidant à l'étranger) pourrait-il constituer une niche pour l'économie algérienne ? Selon l'économiste Yassine Benadda, "il est évident que la diaspora algérienne peut constituer bien plus qu'une niche pour financer l'économie du pays, elle peut être clairement l'une des principales sources de devises, réduisant ainsi le déficit de la balance des paiements, créant des emplois et contribuant à diminuer la pauvreté". Citant l'apport de la diaspora dans des économies comme le Maroc, la Tunisie ou le Nigeria, l'économiste souligne qu'en Algérie, celle-ci reste très largement marginale à environ 2 milliards de dollars par an (pour les transferts formels), soit moins de 1% du PIB. "Nous sommes donc largement en-dessous de la moyenne de plusieurs états africains, à plus de leurs 3 % du PIB". Il reste convaincu que si les pouvoirs publics développaient des politiques, des structures administratives et des mesures incitatives visant à mettre en place un environnement propice à la mobilisation des ressources de la diaspora "nous pourrions aisément tripler le montant des transferts à court et à moyen terme", affirme-t-il. Ceci permettrait, ajoute-t-il, de stimuler des pans entiers de notre économie comme le secteur bancaire, les assurances, le BTP, l'investissement et plus largement la consommation (dépenses d'alimentation, de santé, d'éducation, etc.). Malheureusement, les entravent tangibles et intangibles restent nombreuses et freinent l'expansion de cette manne. L'expert évoque entre autres la confiance de la diaspora envers les autorités, l'absence d'instruments économiques et de mesures incitatives spécifiques à destination de celle-ci, l'inexistence de canaux permettant de capter les flux monétaires, des produits et des services financiers sous-performants non adaptés aux migrants ; un système bancaire en Algérie peu développé ; des frais de transferts relativement importants dans les sociétés de transferts d'argent, des délais de transferts trop longs dans le circuit bancaire classique, des points de réception des envois insuffisants dans les zones rurales, des lourdeurs bureaucratiques pour sortir les fonds.


Concernant les mesures adéquates à prendre pour faciliter ce transfert vers l'Algérie, l'économiste préconise, en premier lieu, que "l'État doit modifier la vision qu'il a sur cette diaspora et afficher de réelles ambitions permettant de faire contribuer celle-ci au développement du pays". En second lieu, "les autorités algériennes doivent développer des guichets bancaires en dehors du territoire national ; cela permettra d'accentuer la bancarisation des migrants à condition d'avoir un panel de prestations bancaires utilisables dans le pays d'origine comme dans le pays d'accueil".


Troisièmement, "nous devons supprimer la disposition de la loi 51/49 relative à la promotion de l'investissement et au développement de l'entreprise qui impose aux Algériens de l'étranger d'être résidents sur le territoire national pour être majoritaire absolu au capital". Quatrièmement, "le gouvernement doit mettre en place un système de prime spéciale pour le transfert de devises envoyées en Algérie ; cela permettrait de réduire l'écart de change entre les circuits formels et informels favorisant de facto les circuits bancaires". Enfin, il serait bon, selon lui, de simplifier les procédures bancaires, baisser les frais de transferts en mettant en place une logique de fluidification du marché par la stimulation de la concurrence et d'innovation dans les services financiers ; ceux-ci complétés par des instruments de garantie des investissements pour stimuler la participation financière de la diaspora au développement de l'entreprise et à la croissance du secteur privé.


Pour finir, Yassine Benadda indique que la diaspora ne doit pas être considérée seulement comme une source de financement, mais comme l'un des outils de développement (investissement, expertise, transfert de technologie et réseaux professionnels) pour transformer notre économie nationale.

http://www.liberte-algerie.com/dossier/nous-pourrions-tripler-le-montant-des-transferts-233634


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