Titre original : A Nightmare On Elm Street 4 : The Dream Master
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Renny Harlin
Distribution : Robert Englund, Lisa Wilcox, Rodney Eastman, Danny Hassel, Andras Jones…
Genre : Horreur/Épouvante/Suite/Saga
Date de sortie : 4 janvier 1989
Le Pitch :
Alors qu’elle pensait en être définitivement débarrassée, Kristen voit à nouveau Freddy Krueger faire irruption dans ses cauchemars. Plus remonté que jamais, le tueur compte bien prendre sa revanche et massacrer les uns après les autres, les enfants d’Elm Street, dont les parents, plusieurs années auparavant, l’ont brûlé vif…
La Critique :
C’est Freddy Krueger qui a ouvert les portes d’Hollywood à Renny Harlin. Certes, le cinéaste finlandais s’était déjà fait remarquer auprès des fans d’horreur avec son sympathique Prison, mais c’est s’associant avec le croquemitaine créé par Wes Craven qu’il se fit un nom après du grand public et c’est donc aussi grâce au monstre griffu qu’il put enchaîner sur les blockbusters 58 Minutes pour Vivre (Die Hard 2) et Cliffhanger.
Suite directe du troisième volet, Le Cauchemar de Freddy permet de retrouver Kristen, l’adolescente ayant réussi à dérouter Freddy avec ses dons de médium. Par contre, cette dernière n’est plus incarnée par Patricia Arquette, partie voguer sur d’autres flots, mais par une certaine Lisa Wilcox, qui retournera bien vite à l’anonymat par la suite. Kristen donc, et ses deux amis survivants, rejoints par d’autres habitants d’Elm Street (même si il semble que Freddy élargisse son rayon d’action à d’autres quartiers au fil des suites), pour se fritter avec un Freddy revenu une nouvelle fois d’entre les morts pour reprendre ses forfaits dans les rêves de ses futures victimes.
Gros bourrin notoire, Renny Harlin est visiblement fier et heureux de s’occuper de Freddy Krueger et ne s’embarrasse pas d’un scénario alambiqué. C’est tant mieux ! Sous sa houlette, le psycho-killer tranche dans le vif, tout en faisant preuve d’une jolie inventivité. Dans la plus pure tradition d’une saga qui, à l’époque, ne semble pas vouloir s’arrêter, Le Cauchemar de Freddy ne crée certes pas la surprise, mais ce qu’il fait, au moins, il l’assume. À peu près respectueux des codes imaginés par Wes Craven, Harlin enchaîne les scènes de meurtres et plonge ses personnages, au cœur de rêveries en forme de labyrinthes bien alambiqués, pilotés par le tueur d’enfants au pull rayé, tout en freinant du côté du gore, moins généreux que jadis.
Les personnages, revenons-y, le film s’en fout un peu. Le casting est à l’avenant. Personne ne se détache du lot et au fond, ce n’est pas un hasard si aucun des comédiens n’a réussi à percer après la sortie du film. Pas spécialement charismatiques, pas vraiment gâtés non plus par une partition bas de plafond, qui les condamne à servir la soupe à Robert Englund, ils font le job et vont grossir les rangs de ces belles gueules abîmées par le serial killer du cinéma d’épouvante américain, aux côtés des victimes de Jason, de Michael Myers ou de Leatherface.
En convoquant à nouveau la Kristen de l’épisode précédent, et en organisant un passage de relais avec une nouvelle venue elle aussi « spéciale » (comprendre par là plus maligne que les autres, dont la vocation ne consiste qu’à se retrouver sous les griffes de Freddy) le scénario ne va pas chercher midi à quatorze heures, mais met en avant une efficacité certaine. Écrit par un nombre impressionnant d’auteurs, dont Harlin lui-même et un certain Brian Helgeland (réalisateur de Payback et de Chevalier), pendant une grosse grève des scénaristes, le script prend fatalement des airs de collage maladroit d’idées pas forcément super bien assemblées.
Plutôt inégal, le long-métrage a par contre étrangement gagné une certaine valeur ajoutée en prenant de la bouteille. Propulsé par une naïveté propre aux séries B des années 80 et hésitant perpétuellement entre son identité horrifique profonde et un fantastique plus grand public, Le Cauchemar de Freddy, avec sa fin prévisible mais véritablement sympathique, reste, malgré ses défauts, divertissant à plus d’un titre.
Moins ambitieux que son prédécesseur, un poil feignant, Le Cauchemar de Freddy fait le job. Ni plus ni moins. Bénéficiant (heureusement) toujours du charisme de son personnage clé (merci Robert Englund), dont les interventions font tout le sel du film, il est le pur produit de son époque et se revoit avec plaisir, même si il n’annonce pas forcément le meilleur pour la suite…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : New Line Cinema