Magazine Cinéma

Her - 9/10

Par Aelezig

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Un film de Spike Jonze (2014 - USA) avec Joaquin Phoenix, Amy Adams, Rooney Mara, Olivia Wilde

Quand romantique rime avec informatique.

L'histoire : Dans un futur plus ou moins proche. Theodore est écrivain public, il compose et envoie, sur demande, de belles lettres comme autrefois dans une écriture manuscrite (mais faite par ordinateur). C'est un homme seul et triste, qui a bien du mal à se remettre de son divorce. Ses amis essaient de lui "placer" des copines, mais elles ne lui conviennent pas. Il se décide à prendre une OS, un logiciel informatique à voix humaine qui vous sert d'assistant personnel, de meilleur ami, voire plus si affinités... Theodore répond à un questionnaire et on lui modèle son OS. Elle s'appelle Samantha. Elle est drôle, intelligente, attachante... très attachante. 

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Mon avis : Ca, c'est du scénario original ! Une histoire d'amour inattendue et un monde futur extrêmement bien vu, prolongation directe de ce que nous vivons actuellement ; qui sera électro-magnétique ou ne sera pas. Point de machines zarbis, d'androïdes menaçants ou d'engins motorisés virils et polluants. Juste une informatique décomplexée. On est à la fois dans notre monde, pas très différent (donc on adhère totalement) et dans un futur qui s'annonce propret et très rigolo, puisqu'il va au-delà des possibilités de nos ordi et smart phones actuel... L'ambiance est réussie. Et puis j'ai adoré tous ces clins d'oeil nostalgiques au passé : nous ne changerons jamais, c'était mieux avant, la mode est un éternel recommencement. Une composante humaine très juste que le réalisateur a su retranscrire, excellente idée : le retour aux belles lettres manuscrites, faites par des professionnels, dans un monde où l'on n'écrit plus à la main ; les pantalons taille haute, les clarks et les moustaches de ces messieurs qui du coup ressemblent... à nos pères ou grands-pères ; les meubles très 50' ou 60' ; les tutoriels pour être une maman parfaite, genre années 50 (un comble !), qui font rire et pleurer tout à la fois (décidément les féministes ont encore du boulot !). Et puis, au lieu de la couleur bleutée qui généralement domine dans les films SF, Jonze a choisi des teintes chaudes, ponctuées de couleurs vives. Et une étrange poésie se dégage de tout ça.

Evidemment, le film est un peu bavard, puisque toute cette histoire d'amour se passe dans l'oreillette de Theodore. Il parle à sa belle, qui lui répond. Mais Joaquin Phoenix est un merveilleux acteur ; son charme et son talent nous font vraiment croire à ces conversations, à l'évolution des sentiments. Et celle qui double Scarlett Johansson a la voix suave et légèrement rauque de l'actrice. Sans doute mieux en V.O., mais bon, on ne va pas relancer le débat. Et ces longs dialogues, bien écrits, piquants et intelligents, font un penser à du Woody Allen. On oublie très souvent que Samantha n'est qu'un programme informatique ! On l'aime et on a envie de la voir !

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Et alors même qu'on commence à se dire au bout d'un moment que ça devient un peu répétitif, qu'on ne va pas tenir comme ça... une réflexion philosophique se met en marche et on continue allègrement à écouter les deux amoureux en faisant davantage attention cette fois à leurs propos. Après l'euphorie de la découverte de cette romance pas comme les autres, on se souvient (on l'avait presque oublié) qu'il s'agit d'un programme informatique : il ne fait qu'analyser, à la vitesse grand V, toutes les informations que lui donne Theodore sans même le savoir ; la teneur de sa conversation évolue donc au fur et à mesure, lui donnant à entendre exactement ce qu'il souhaite, se conformant entièrement à l'idée qu'il se fait de la femme idéale. Samantha lui concocte même des musiques personnalisées. Un pur fantasme. Le film devient alors une sacrée interrogation sur ces amours virtuelles qui nous "menacent", ces relations déshumanisées, désincarnées... et toutes les manipulations qui pourraient en découler. 

En ce sens, les quelques scènes de sexe virtuel, dont je me serais passée tant je trouve ça rédhibitoire (rien ne vaut la peau humaine, non ?), ont finalement toute leur utilité : oui, on est bien dans le fantasme. Et une relation de ce type ne donnera rien de bon...

Incroyable la scène où Theodore part pique-niquer avec un couple d'amis... et Samantha. Elle parle mais on ne la voit pas. Là encore, notre imagination s'affole... et si on pouvait tomber amoureux d'un fantôme, ou de la femme (l'homme) invisible ? Pourquoi pas ?

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Puis on redescend sur terre et on se demande nécomment tout ça se terminera... Le dénouement est parfait.

Prestation énorme de Joaquin qui tient tout le film sur ses épaules. Malgré la moustache et la ceinture sous les aisselles. Il est adorable, mais on a envie de lui taper sur l'épaule : et dis donc, trouve-toi donc une vraie nana !

Un superbe film !

D'ailleurs, en gros, tout le monde adore, presse et public.


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