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Antigone, Aliette Armel

Publié le 08 juin 2008 par Antigone

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Aliette Armel n'écrit pas que des romans...
En collaboration avec d'autres auteurs, elle est également à l'origine de cet ouvrage très intéressant qui traite de la figure mythique qu'est "Antigone".
(Un titre malheureusement épuisé chez l'éditeur mais certainement présent dans beaucoup de bibliothèques.)

Cet essai, inscrit dans la collection "figures mythiques" des éditions "autrement", a le mérite de remettre dans le contexte de chaque époque les différentes version de la pièce, inventée par Sophocle,...et de donner à comprendre le rôle que sa représentation a pû parfois jouer dans l'histoire avec un grand H, et dans les histoires de chacun, notamment celle de Henry Bauchau (auteur d'une version romancée du mythe).

"Antigone est une création totale, un mythe forgé dans l'imagination de Sophocle puisant dans des légendes ancestrales mais préservant la liberté de notre imaginaire. "Antigone n'a jamais existé, rappelle Jacques Lacarrière, donc, chaque fois qu'on parle d'Antigone, on parle de nous." La richesse de sa personnalité est inépuisable. Elle se révèle, vingt-cinq siècles plus tard, fascinante dans ses contradictions, son énergie adolescente et son attirance pour la mort, sa beauté intérieure dans un physique décrit comme ingrat, son impuissance à accomplir sa féminité, sa droiture inébranlable et sa disparition "sans pleurs, sans parents, sans les chants du mariage." Elle se dresse avec une pureté nouvelle, inspirant terreur et pitié. Elle étonne et subjugue, connue autant qu'Oedipe, mais plus proche et familière que ce père devenu le symbole écrasant du concept central de la psychanalyse."

Quelques Antigones connues - Sophocle, Jean Anouilh, Bertold Brecht, Henry Bauchau, Jean Cocteau, Walter Hasenclever, Charles Maurras et Paul Zumthor...

Qu'elle soit perçue comme lumineuse, rebelle ou simplement humaine, ce personnage d'adolescente frondeuse réveille ce qu'il y a de plus profond en chacun des auteurs qui l'ont côtoyée, quelque chose de vivant, mêlé d'un espoir salvateur et paradoxal...

"Si vous vous réveillez la nuit en récitant une vers d'Antigone particulièrement quand vous êtes déjà un peu vieux, fatigué, et qu'au milieu de la nuit, ça vous réveille, que vous avez ça, que vous le dites et le prononcez, un temps entre le sommeil et la veille, comme il devait être prononcé... ça fait quand même un alexandrin sauvé de sa douleur et de ses insuffisances... Alors, c'est qu'il y a une continuation possible, un avenir."
(Pierre Boutang/George Steiner, Dialogues. Sur le mythe d'Antigone. Sur le sacrifice d'Abraham.)


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