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Vous savez combien j'aime cultiver les non-dits. Quand je parle, vous ne comprenez pas mes mots, mes phrases, mes monologues. Pas vraiment.
C'est normal, j'ai des secrets que je ne connais pas moi-même.
Comment s'étonner que ma façon de m'exprimer soit diffuse, hésitante ?
Il y a un malentendu entre nous. Comme si nous utilisions chacun une langue différente. Comme si nous ne disposions d'aucun traducteur pour nous aider.
Il fut un temps, tout était clair dans ma tête. Je disais des choses sensées. Je savais ce que je voulais, où j'allais, comment y aller.
Aujourd'hui, je me contente d'exister. Je me contente de ce que chaque moment contient. Je me contente du souffle de mon âme. Je me contente de ce que chaque passant voudra bien me donner.
Parfois, vous ne me saisissez pas. Vous me contemplez, vous m'interrogez du regard, vous m'interpellez.
Mais
Je ne cours plus derrière le vent.
Je le ressens quand il me caresse, c'est tout.
Je ne demande plus le soleil.
Je prends ses rayons, quand il veut bien m'en donner.
C'est tout.
Je n'exige plus le voyage.
Chaque matin est un nouveau quai d'embarquement.
C'est tout.
Et j'aime ce parfum de partance,
même si je reste à quai.