Objet d’un captivant débat au Code for America summit, le développement de partenariats entre pouvoirs publics et entreprises privées est une phase clef dans l’amélioration de la mobilité urbaine.
Au coeur des problématiques smart city réside la question de la mobilité : les hommes tendent de plus en plus à se regrouper dans d’immenses agglomérations urbaines, qui dépassent en nombre, en étendue, en complexité et en densité de population tout ce que l’humanité a connu au cours de son histoire. La plupart des citadins vivant à une certaine distance de leur lieu de travail, ces nouvelles entités socio-géographiques génèrent de nouvelles problématiques en terme de transport. En vrac : surexploitation des transports en commun, avec les inévitables problèmes et accidents voyageurs qui s’ensuivent ; routes saturées, générant des émissions de gaz à effet de serre, des embouteilles et des accidents ; nécessité de mobiliser toujours plus d’espace pour construire des places de parking… Des solutions de court terme sont à l’étude, comme le fait de comptabiliser les trajets domicile/bureau dans les heures de travail, ou encore d’indemniser les trajets en vélo. A plus long terme, les partenariats entre pouvoirs publics et entreprises privées offrent une piste de réflexion intéressante. Ce sujet a fait l’objet d’un riche débat lors du Code for America Summit. « Traditionnellement, on avait d’un côté les transports en communs gérés par les pouvoirs publics, et de l’autre des entreprises privées proposant leur propre service, comme les taxis, et il n‘existait aucune communication entre les deux. » a commencé Emily Castor, Director of transformation policy chez Lyft. « Aujourd’hui, nous assistons de plus en plus à un resserrement des liens, avec des entreprises comme la mienne utilisant les données publiques pour offir un meilleur service, et fournissant en retour une partie de leurs propres données aux municipalités. »
L’échange de données : un procédé gagnant-gagnant
Le partage des données est un domaine dans lequel entreprises privées et pouvoirs publics peuvent en effet facilement échanger leur expertise. « Il est important pour nous de recueillir des données sur la mobilité afin d’orienter nos politiques en conséquence. » a expliqué Jascha Franklin-Hodge, Chief administration officer pour la ville de Boston. « Par exemple, en quoi le fait de bénéficier de services de voiture et vélo partagé réduit votre probabilité de conduire votre véhicule individuel ? Nous avons ainsi dressé un partenariat avec Waze, qui nous fournit des données capitales sur le trafic routier, et nous aide ainsi à adapter nos routes, la signalisation, les espaces de parking à cette réalité. » Si ce type d’échanges de bons procédés permet à chacun d’y trouver son compte, il peut néanmoins comporter quelques risques pour les entreprises, comme l’a expliqué Emily Castor : « Notre valeur ajoutée repose en grande partie sur notre logiciel et notre algorithme, tout l’enjeu consiste donc à faire profiter les pouvoirs publics de nos données sans ruiner notre avantage concurrentiel. »
Développer la complémentarité
Jascha Franklin-Hodge a également tenu à rappeler une différence fondamentale entre les entreprises de transports publics et les compagnies privées : « Les transports publics doivent être accessibles à tout le monde, y compris au client qu’il n’est pas économiquement intéressant d’atteindre. S’il y a partenariat public/privé, il est important que les services développés soient destinés à tout le monde, et pas seulement à ceux qui présentent un intérêt économique. » Emily Castor a rebondi en affirmant que les partenariats publics/privés peuvent précisément être un moyen de rendre la mobilité plus accessible à tous. « Par manque de moyens, il arrive fréquemment que les réseaux de transport publics ne soient pas ou peu développés dans certaines zones. Or, comme nous n’avons pas besoin d’investir des sommes folles pour nous déployer dans de nouvelles zones, nous pouvons précisément palier à ce type de lacunes. » Gabe klein, qui travaille chez Fontinalis partner, fonds d’investissement spécialisé dans les start-ups du domaine de la smart mobility, a également avancé l’idée selon laquelle ces dernières pouvaient collaborer avec les entreprises publiques pour les suppléer en cas de pépin. Par exemple, on pourrait imaginer des Lyft ou des Uber s’occupant de transporter les passagers de part et d’autre d’un tronçon de métro mis hors service suite à un accident voyageur. De même, un individu peut se rendre au bureau en transports en commun et emprunter un véhicule partagé pour rentrer s’il sort trop tard du bureau. « Les outils qui aident les citoyens à planifier leur trajet de manière efficace, en combinant tous les modes de transport possibles, comme CityMapper, jouent ici un rôle clef. » a conclu Jascha Franklin-Hodge.