Un film de Claude Autant-Lara (1956 - France, Italie) avec Bourvil, Jean Gabin, Louis de Funès, Jacques Marin - en N.B.
Drôle mais inégal.
L'histoire : Paris sous l'occupation. Martin a perdu son job de chauffeur de taxi et gagne désormais sa vie en faisant des transports de marchandises pour le marché noir. Dans un café, il fait une crise de jalousie à sa femme, qui aurait selon lui regardé de trop près un inconnu. Le couple se dispute, se sépare... et Martin invite l'homme à dîner, pour être certain qu'il n'aille pas retrouver son épouse ! Il prétexte un travail à lui proposer : l'aider dans son "petit commerce". Puis, une fois qu'il est rassuré sur les intentions du dénommé Grandgil concernant sa femme, il lui avoue la vérité. Mais voilà que Grandgil se fâche : il le veut, ce travail ! Il entraîne de force le pauvre Martin chez son fournisseur, Jambier, et là, en utilisant toujours le chantage à la dénonciation, oblige ce dernier à l'embaucher pour un tarif astronomique. Jambier est obligé de céder... Martin et Grandgil partent donc dans la nuit parisienne, pendant le couvre-feu, pour transporter jusqu'au client destinataire, un cochon découpé et réparti dans quatre valises. La nuit ne sera pas de tout repos...
Mon avis : Dire que je n'avais toujours pas vu ce film ! Voilà qui est fait et j'avoue que je me suis bien marrée. Mais pas tout le temps, il y a quelques petites longueurs, pas bien méchantes.
La réussite tient surtout dans les dialogues, formidables, et l'interprétation du duo. Jean Gabin, en particulier, est d'un charisme à tomber à la renverse. Je n'avais en souvenir que les films des années 70, où il était déjà âgé. Maintenant que je me suis lancée dans le cinéma plus ancien, je découvre le bonhomme et je suis fascinée !
Scènes cultes (Jaaambier ! Jaaaambier ! Jaaaaambier !), répliques cultes (Salauds de pauvres !)... c'est à voir absolument.
J'ai par contre été très déçue par la fin, complètement ratée. D'abord, cela se termine très bizarrement, on ne s'attend pas du tout à ça, et puis l'image reste sur l'écran pendant si longtemps qu'on croit que le film est fini. J'étais franchement à deux doigts d'arrêter. Et tout à coup une image de Paris libéré, la liesse. Ouf, me suis-je dit, on va savoir ce qu'il est advenu de nos deux héros. Et nous voici donc dans une gare, pour une courte scène, nulle, voire inutile, si ce n'est qu'elle nous donne bien des nouvelles du tandem, mais de façon si sommaire que la déception revient. Dommage.
Après recherche, il s'avère que le roman de Marcel Aymé dont s'inspire le film, ne se termine pas du tout comme ça. Autant-Lara a beaucoup beaucoup hésité à faire sa fin. Ca se voit, et il n'a pas fait les bons choix, à mon avis...
Pour le plaisir, voici une belle réplique de Grandgil (Gabin), fustigeant un couple de cafetiers : "Non mais regarde-moi le mignon là, avec sa face d’alcoolique et sa viande grise… Avec du mou partout ; du mou, du mou, l’a que du mou ! Mais tu vas pas changer de gueule un jour toi, non ? Et l’autre là, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux, trois mentons, les nichons qui dévalent sur la brioche… Cinquante ans chacun, cent ans pour le lot, cent ans de connerie ! Mais qu’est ce que vous êtes venus foutre sur Terre, nom de Dieu ? Vous n’avez pas honte d’exister ?"