De ses premières années il ne devait garder aucun souvenir
De ses premières années il ne devait garder aucun souvenir
Mais plus tard, bien plus tard, en cherchant autour de ses frères morts
Il devait retrouver plus tard, bien plus tard ce qui l’avait tant troublé
Tant de tort, tant de tort, tant de tort papa
Est-il possible que tu leur aies fait tant de tort ?
Tant de tort, tant de tort, tant de tort papa
Est-il possible que tu leur aies fait tant de tort ?
Plus tard, bien plus tard, lui pardonner c’était son plus grand souhait
Lui pardonner c’était son plus grand souhait
A quoi bon lui en vouloir après tant d’années ?
A quoi bon lui en vouloir quand il est tellement trop tard
Et ce fût la nuit de sa première chanson
Cette première chanson qui lui troua le coeur
Il ne savait en la chantant
Si c’était l’heure du bonheur ou du malheur
Tant de tort, tant de tort papa
Est-il possible que tu leur aies fait tant de tort ?
C’est en cherchant autour de ses frères morts
Qu’il trouva ce qui lui avait fait
Tant de tort, tant de tort, tant de tort papa
Est-il possible que tu nous aies fait
Tant de tort, tant de tort papa ?
Il se disait : je remets à Dieu le soin de te pardonner
A travers ce baiser que je vais déposer
Sur ton front que je n’ai encore jamais embrassé
Puis il doutait , tant de tort, tant de tort, tant de tort papa
Vais-je jamais y arriver ?
Et ce fût le chemin et ce fût le train, le train
Et encore un train, un train
Et c’est dans cette chambre d’une maison de retraite en béton froid et dur
Qu’il put enfin casser le mur
casser le mur
casser le mur
Qui l’avait séparé de cet ex homme dur
Cet ex homme dur qui aujourd’hui entre ces quatre murs
N’était plus rien qu’un tout petit corps à la dérive
Bientôt sur l’autre rive papa
Sans force ni armure
Casser le mur
Casser le mur
Casser le mur
Qui l’avait tant séparé de cet ex homme dur
Et c’est dans cette chambre froide aux murs de béton dur
Qu’il put déposer son baiser sur le front de cet homme
Qu’il n’avait encore jamais embrassé
Qu’il n’avait encore jamais touché papa
Tant de tort, tant de tort, tant de tort papa
Est-il possible que tu nous aies fait tant de tort
Combien de nuits devrai-je encore chanter ma chanson du pardon
Nu et seul sous la lune
Où reviennent malgré moi ces mots si forts :
Tant de tort, tant de tort, tant de tort papa
Est-il possible que tu nous aies fait un si grand tort ?
***
Basile Bernard De Bodt – Paris, 25 9 2015