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Corto Maltese, épisode 13 : sous le soleil de minuit

Par Mpbernet

Corto

Je suis fan de BD mais je ne connais pas bien ni l’œuvre d’Hugo Pratt ni celle de son héros Corto Maltese. J’ai acheté ce dernier opus justement parce qu’il constitue la reprise, vingt années après, d’un mythe : celui du marin nonchalant adepte de l’ « understatement », à l’aise partout – et surtout là où ça châtaigne – et, finalement, nulle part. Ses vraies attaches sont auprès de ses acolytes, même les plus insupportables comme Raspoutine, de ses amis écrivains, au gré de ses rencontres. Et la résurrection des personnages de bande dessinée m’intéresse, à la fois pour son côté « tiroir-caisse » mais aussi son aspect très souvent « casse-gueule ».

Ce 13ème épisode nous ramène à l’année 1915. Tandis que l’Europe s’écharpe, Corto se retrouve dans le pays de Croc-Blanc, inspiré par son ami Jack London, parcourant les neiges de l’Alaska parmi les Irlandais et les Inuits, à la poursuite d’un trésor dont, finalement, il refusera le bénéfice. Une façon de remplir une zone géographique jusqu’ici non « couverte » par l’activité aussi violente que détachée du marin né à Malte d’une maman cartomancienne – juste évoquée ici - qui arbore la même élégante silhouette ciselée d’ombres tranchées, de pays en pays et d’année en année.

Je ne prétends pas juger de la fidélité de cet opus à la tradition prattienne, car je l’ai lu comme si c’était ma première fois. En réalité, j'avais seulement apprécié, et il y a trop longtemps, « La maison dorée de Samarkand », dont je gardais le souvenir très vif du personnage d’Enver Pacha. Dans cette histoire-ci, découpée en courtes scènes un rien abruptes, je trouve le graphisme plutôt réussi, le scénario hardi, les protagonistes foisonnants, les répliques bien senties.

En revanche, je n’apprécie pas trop la dégoulinade de bons sentiments si peu en accord avec l’esprit qui régnait à cette époque, même si le personnage de l’Esquimau lecteur assidu de Robespierre m’a bien amusée.

Bref, un bilan plutôt favorable pour ce travail d’interprétation fidèle aux codes du genre. Et qui me donne l'envie de décliner un de ces jours les albums authentiques.

Corto Maltese : épisode 13, Sous le soleil de minuit, par Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero, chez Casterman (édition en couleurs), 82 p., 16€.


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