La une d'aujourd'hui
Le gros titre : "Tableau d'honneur"
En pleine campagne électorale !
Ce matin, Página/12 analyse un sondage exclusif sur les plus populaires des présidents depuis le retour de la démocratie. Sans trop de surprise, on y voit arriver en première place Néstor Kirchner, plébiscité pour son travail économique (il a été élu en 2003, immédiatement après la faillite du pays dont il a redynamisé peu à peu l'activité). En seconde place, arrive Cristina de Kirchner qui est à la fois son successeur et sa veuve, pour sa politique sociale (il est vrai qu'elle a un beau palmarès dans ce domaine même s'il reste partout dans le pays des poches de pauvreté et même d'indigence qui sont loin d'être résorbées) (1). A la troisième place, arrive Raúl Alfonsín, le président du retour à la démocratie en 1983, dont les sondés ont salué l'honnêteté.
Il n'est pas anodin que les trois autres présidents, Duhalde, Menem et De La Rúa, sont les trois chefs d'Etat impliqués dans la faillite du pays, qu'ils l'aient provoquée ou aggravée en perdant leur sang-froid, leur bon sens ou le sens de l'intérêt général.
Página/12 publie ces résultats au lendemain d'un arrêt italien qui lave la Présidente des accusations qu'avait lancées contre elle un grand quotidien de la Botte, l'accusant de profiter de ses visites à la FAO pour s'acheter des bijoux chez les grands joailliers européens. La décision des juges italiens arrive à point pour accentuer l'avance du candidat appelé à remplacer Cristina, Daniel Scioli, qui ne cesse de creuser l'écart avec ses adversaires, Mauricio Macri et Sergio Massa, à tel point que Mauricio Macri, le second des sondages, vient une seconde fois de virer à gauche en tentant de récupérer l'héritage péroniste. Avant-hier, Macri, si antipéroniste jusqu'à présent, a inauguré un monument à la gloire de Perón dans la ville de Buenos Aires. Un retournement de veste assez stupéfiant qui semble compter pour rien la mémoire politique de l'électeur.
La une d'hier
Página/12 reprend une célèbre formule et la détourne, avec son humour habituel
Los muchachos peronistas (les jeunes péronistes) devient Los muchachos pronistas (qui condensent le sigle du PRO, le parti de Macri, avec l'adjectif peronistas, quelques vieux de la vieille ayant bizarrement retourné leur veste eux aussi, comme le leader des camionneurs cégétistes Hugo Moyano, sur la gauche de la photo)
Página/12 suit donc le parti d'en rire et de démontrer comment l'homme politique qui gouverne aujourd'hui la Ville Autonome de Buenos Aires (2) court derrière l'opinion publique comme une girouette.
Pour en savoir plus : lire l'article de une d'aujourd'hui sur le sondage dans Página/12 lire l'éditorial d'aujourd'hui sur le procès pour diffamation et son verdict en appel lire l'article d'hier sur l'arrêt de la Cour d'Appel à Rome lire l'article de une d'hier sur l'inauguration du monument en souvenir de Perón par le Gouvernement portègne.
(1) Sur ces zones de pauvreté, il faut toutefois distinguer, et ce n'est pas toujours facile, entre la responsabilité du gouvernement national et celle du gouvernement provincial. La politique menée pendant huit ans par Cristina a été de réorganiser la redistribution et a développé la classe moyenne en zone urbaine. En revanche, elle a rendu la vie plus difficile à cette même classe moyenne dans les zones rurales. (2) Son successeur a déjà été élu. Il s'agit de son actuel Premier ministre, Horacio Rodríguez Larreta, qui prendra ses fonctions le 10 décembre prochain, comme à peu près partout en Argentine.