Magazine Cinéma

On ne parle pas la bouche pleine !

Par Tobie @tobie_nathan

LogoFrCultureFoul sentimental

par Alain Kruger

—> Écouter l’émission

le dimanche 11 octobre 2015

Alain Kruger

Alain Kruger

Le foul, la fève, les gens

Tobie Nathan se souvient du goût de son enfance. La fève, ce foul plat national égyptien, à  la forme cannibale de petit fœtus. L’écrivain psychologue évoque ce plat de pauvre, ses saveurs et ses légendes mythologiques, bercé par les chanteurs du Caire et nourri par les paroles d’Hérodote et d’Aristote.

Tobie Nathan, né au Caire en 1948, professeur émérite de psychologie à l’université Paris 8, principal théoricien et promoteur de l’ethnopsychiatrie moderne, élève de Georges Devereux, avec lequel il a passé sa thèse de doctorat.

Diplomate, il a dirigé le Bureau de l’Agence Universitaire de la Francophonie pour l’Afrique des Grands Lacs et a  été conseiller culturel en Israël et en Guinée Conakry. Écrivain, il est l’auteur de nombreux essais et romans, dont le dernier paru cette année chez Stock : Ce pays qui te ressemble.

Ce pays qui te ressemble 

 » Les Égyptiens sont des cannibales. Regardez bien une fève ; observez la de près, vous verrez combien elle ressemble à un fœtus. Depuis l’antiquité, les Égyptiens sont des mangeurs de fèves, des mangeurs de fœtus. Ma mère s’appelait Esther. Des fœtus, elle dut en manger des quantités avant de finalement tomber enceinte… »

… À 21 ans, Esther était une femme. Les seins et les fesses rebondis sous sa légère robe de cotonnade, les cheveux bruns aux flammes rousses déliés sur ses épaules, comme une amazone, le visage ouvert, les lèvres fraiches et épanouies, et cette façon de marcher, comme si ses pieds flottaient quelques centimètres au dessus du sol… Ah, elle pouvait donner envie aux hommes ! Mais c’était à son insu car pour ce qui était des hommes, Esther ne pensait qu’au sien. »… (Extraits)

Recette du foul

FoulRincer les fèves,  les petites fèves brunes séchées… Laisser tremper dans l’eau une nuit entière ! Au matin, remplir une casserole d’eau froide. Porter à ébullition et laisser cuire pendant 2 heures au moins… En Égypte, on le laisse à feu très doux une journée entière…Égoutter. Laisser tiédir. On peut soit servir les fèves cuites ainsi,  charge à chacun de les assaisonner à sa guise… Quoiqu’il en soit, il faudra : Incorporer de l’huile d’olive ainsi que du jus de citrons ; le sel, le poivre et, si on le souhaite, le cumin. Et écraser les fèves à la fourchette. Une fois le mélange obtenu – pas tout à fait une bouillie, mais chaque fève aura été éventrée, on pourra ajouter, à sa convenance, un œuf dur, des tomates crues, des concombres crus, du fromage blanc, de type Feta… et aussi du persil et des olives noires. On mange le foul avec du pain arabe (‘eïch shami) et un oignon cru. On le sert avec du thé ou, mieux encore, avec un verre de ‘arak. On peut le prendre à n’importe quel moment, mais il faut dire qu’un tel repas tient la journée, bien sûr ! Alors, le matin est le mieux indiqué… Comme le dit un proverbe égyptien : Foul du matin, repas de prince (amir), foul de midi, repas de pauvre (fakir), foul du soir, repas de l’âne (‘hamir)

Recette de ta’meya (beignets de fèves séchées)

Ta'meyaLa veille, faire bouillir une marmite d’eau. Une fois l’eau portée à ébullition, on l’extrait du feu et on y ajoute une cuiller à soupe de bicarbonate de soude. Puis, on y trempe la quantité nécessaire de fèves concassées. Le lendemain, on ajoute aux fèves ramollies de la ciboulette, du persil, de la coriandre fraiche, de l’ail (beaucoup), des oignons (bien plus), un piment (si l’on veut), du sel, du poivre et l’on mixe le tout. On obtient ainsi une sorte de pâte tirant sur le vert, odorante, appétissante (on peut y goûter)… On confectionne des boulettes un peu aplaties de 3 à 4 cm de diamètre. Frites à haute température dans un bain d’huile, elles doivent être dorées à l’extérieur, mais conserver quelque verdeur dans leurs entrailles. On égoutte les boulettes sur du papier absorbant et on les sert, encore chaudes, avec du pain arabe, de la te’hina, du ‘hommos et des salades. Lorsque la ta’meya accompagne le foul, on peut alors dire qu’on a préparé un repas divin… C’est le repas du peuple d’Égypte.

—> Écouter l’émission



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tobie 15019 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte