Par Pauline Canteneur
En cas de crise humanitaire, Internet ne serait pas forcément le médium de prédilection pour engager les foules. Sortir des schémas traditionnels et surprendre seraient alors deux impératifs pour se démarquer.
Lors d'une crise humanitaire, Internet est souvent perçu comme l'outil par excellence pour sensibiliser le reste du monde. A priori, quoi de mieux que cette source d'information infinie en temps réel pour renseigner les individus et tenter de les engager pour une cause ? En 2012, les réseaux sociaux devaient d'ailleurs démontrer leur capacité de mobilisation des masses dans l'affaire Kony.
Pourtant, une étude de l'UEA ( University of East Anglia) démontre qu'il serait utile d'apporter une nuance à cette logique. Les auteurs du papier ont essayé de comprendre les raisons qui poussent une personne à réagir à une campagne humanitaire en ligne et à chercher de plus amples informations sur le net, ou non.
Charity Navigator : un site de recommandations pour le placement de donsAinsi, le temps nécessaire pour trouver des renseignements clairs parmi les méandres de la toile tout comme les doutes portant sur la fiabilité des sources et la véracité de l'information ont été citées en motifs principaux du non engagement. Les données provenant des réseaux sociaux et des blogs ne sont pas considérées comme sûres - elles sont jugées " imprécises ou biaisées ", seuls les sites d'actualité classiques inspirent confiance.
" Nos découvertes suggèrent qu'internet n'est pas un levier magique pour engager les gens ou les sensibiliser à des causes humanitaires ou des crises ", explique le Dr Scott, en charge de l'étude dans un communiqué de presse.
Le site de l'Overseas Development Institute a attiré l'oeil des personnes sondées, jugé plus fiable que les sources d'informations provenant d'organisations caritativesParadoxalement, les participants ont réagi de manière plus favorable aux campagnes et aux informations provenant d'organisations dont ils n'avaient jamais encore entendu parler tels que Charity Navigator, site internet qui conseille les particuliers dans le placement de dons, Poverty.com ou encore l'Overseas Development Institute, en comparaison des renommés : Oxfam, Christian Aid et Save the Children.
" Il peut subsister une certaine forme de mépris de la part des personnes. Ils peuvent avoir l'impression d'être manipulés ou qu'on ne leur raconte pas la vérité. Ceci a une implication-clé : en ligne comme en physique, les campagnes ont souvent besoin d'être surprenantes pour être efficaces [...] Les campagnes qui ne questionnent pas les modèles établis d'évitement sont moins enclins à connaître le succès ", analyse le Dr Scott.
* Pendant deux mois, le comportement de 52 internautes britanniques a été analysé pour les besoins de l'étude.