ArcelorMittal – El Hadjar : comment l’État a racheté une coquille vide au prix fort
La Secrétaire Générale (SG) du Parti des Travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a dénoncé, ce mardi 13 octobre, le coût de la reprise totale par l’État de la filiale algérienne du groupe sidérurgique ArcelorMittal. Elle ne croyait sans doute pas si bien dire.En effet, selon une étude « strictement confidentielle » de 2012 réalisée par le cabinet d’affaires international Price waterhouse Coopers (PwC), les actifs d’ArcelorMittal, avant l’augmentation de la part de l’État algérien à 51 %, ne valaient presque rien. Pire, en prenant en compte les dettes de l’entreprise, PwC valorisait négativement les titres d’El Hadjar : ils étaient estimés entre -65 millions de dollars et -174 millions de dollars. Une entreprise sans valeur rachetée à prix d’or Souvenez-vous, l’État algérien via l’entreprise publique Sider détenait 30 % du capital d’Arcelor Mittal Algérie. Puis, en 2013, la partie algérienne a porté sa participation à 51 %. En échange de ce transfert de capital, l’Algérie a mis en place un « plan de développement d’ArcelorMittal Annaba (…) 700 millions de dollars de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) » était prévu sur la période 2014-2017.Pourtant, ArcelorMittal Algérie était une entreprise en grande difficulté. En effet, le document de PwC est instructif. Dans une étude de 50 pages, le cabinet d’affaires démontre que « la valeur de 70 % des titres d’El Hadjar est estimée entre -65 millions et -174 millions de dollars ». À l’époque, PwC estimait que « compte tenu des difficultés d’ArcelorMittal à améliorer la situation [sociale, NDLR] (…) et de la nécessité (…) d’investir massivement dans le site, il est envisageable que le management opte pour une solution de sortie ». Un chiffre d’affaires en chute libre et des déficits De plus, l’étude de PwC révèle que le chiffre d’affaires du complexe d’El Hadjar à Annaba a été divisé par plus de 3,5 entre 2007 et 2012. En effet, de près de 61,9 milliards de dinars en 2007, le chiffre d’affaires a atteint à peine 17,55 milliards de dinars en 2012. Cela n’a pas manqué de se refléter sur les résultats nets des exercices sur la même période. Alors que le complexe d’Annaba dégageait un bénéfice net de pratiquement 1,6 milliard de dinars en 2007, il s’est retrouvé déficitaire en 2012, à hauteur de 2,12 milliards de dinars 5 ans plus tard. Pire, la situation était encore plus délicate entre 2009 et 2011. En effet, après un bénéfice dérisoire de 669 millions de dinars en 2008, le groupe enchaîne les déficits conséquents : 11,01 milliards en 2009 puis 10,4 milliards en 2010 et 7,83 milliards en 2011. Des pertes qui s’ajoutent à la dette de l’entreprise dont l’État algérien a hérité au moment de la reprise.Cadeaux de l’État en série… La SG du PT a rappelé ce matin qu’Arcelor Mittal avait plus d’un milliard dollars de dette, « mais l’État l’a libéré de tous ses engagements » et a ajouté que le groupe sidérurgique indien « n’a investi que 120 millions de dollars depuis son arrivé en 2001. » Mieux, lors de la prise de participation majoritaire (70 %) par ArcelorMittal dans le capital du complexe d’El Hadjar, le groupe indien Ispat a trouvé, telle une « cerise sur le gâteau », l’équivalent de 80 millions de dollars de stocks de marchandises. Cette production non-écoulée a également profité à l’entreprise indienne. À ces cadeaux s’ajoutent plusieurs autres avantages, dont le prix du gaz naturel.Ainsi, malgré une gestion calamiteuse de l’entreprise, des résultats médiocres et en chute libre, des conflits sociaux à répétition et une absence de création de richesse, le groupe ArcelorMittal s’est vu offrir des centaines de millions de dollars pour la reprise d’un actif quasi-moribond. Or, les arguments pour le racheter à moindres frais ne manquaient pas. Une question se pose aujourd’hui : qui avait intérêt à surpayer de cette façon un actif sans valeur ?http://www.tsa-algerie.com/20151013/arcelormittal-el-hadjar-comment-letat-a-rachete-une-coquille-vide-au-prix-fort-document/