Illa J « ILLA J LP » @@@@
Sagittarius Laisser un commentaireAlors là, cette fois, c’est véritablement le premier solo d’Illa J. D’ailleurs le titre de cet LP est éponyme. Le premier Yancey Boys ne comptait pas vraiment comme un disque solo car il disposait d’instrumentaux hérités de son frère J Dilla quand il s’appelait encore Jay Dee et était sous contrat avec Delicious Vinyls. C’était pratiquement une collaboration mort/vivant entre frangins. Au micro, John Yancey se débrouillait sans convaincre et ses concerts montrait bien qu’il manquait de charisme et d’assurance.
Le projet Yancey Boys avec Frank Nitty disposait toujours de beats posthumes de son aîné et son intégration au sein des Slum Village n’avait l’air que d’un statut de remplaçant. Dans tous les cas, pas moyen de couper le cordon. Mais en bon esprit libre qu’il est, Illa J s’est affranchi de ses mentors pour ce nouvel LP totalement produit par les Potatohead People, un pool de producteurs qui nous viennent du Canada et qui font dans la fusion hip-hop/nusoul de qualité. Aucun membre de la famille SV n’est présente, juste plusieurs apparitions (quatre au total) du rappeur Moka Only et de la sensation Kaytranada sur le très réussi « Strippers« . En gros, les collaborateurs de ce ILLA J LP sont quasi tous canadiens.
Mais le résultat est là et au-delà de toute attente. Cet album d’Illa J paru chez Bastard Jazz Recordings est rafraîchissant et merveilleusement bien réalisé. De « She Burn My Art » au onzième morceau « Never Left » qui nous baigne dans la vibe Native Tongue, le jeune garçon Yancey maîtrise son sujet et a gagné en assurance ce qui se sent à son flow nettement moins approximative. Au mic, Illa J a gommé les défauts qu’on lui attribuait à ses débuts et se trouve bien plus inspiré sur ces prods toutes fraîches et variées (« French Kiss« , « Cannonball« , « Who Got It » ou encore le groovy « Universe« ). Evidemment, les racines Soulquarian sont à l’origine de ces fruits délicieux. Les thèmes sont ceux évoqués habituellement par son entourage, c’est-à-dire les femmes, kiffer la vibe et les petits excès d’égo.
Ça y est, Illa J a arrêté de suivre les pas de J Dilla et la famille de rappeur qui l’ont naturellement adoptés pour voler de ses propres ailes. Cette émancipation était décidément salvatrice. ILLA J LP est bien sûr un album que je recommande chaudement, d’autant plus qu’il n’a pas cet aspect froid typique de Detroit et pour traverser les températures automnales.