Edition : Belfond
Prix : 15€
Pages : 160
Résumé :
En détention on l’appelle la Petite Barbare ; elle a vingt ans et a grandi dans l’abattoir bétonné de la banlieue. L’irréparable, elle l’a commis en détournant les yeux. Elle est belle, elle aime les talons aiguilles et les robes qui brillent, les shots de vodka et les livres pour échapper à l’ennui. Avant, les hommes tombaient comme des mouches et elle avait de l’argent facile.
En prison, elle écrit le parcours d’exclusion et sa rage de survivre. En jetant à la face du monde le récit d’un chaos intérieur et social, elle tente un pas de côté. Comment s’émanciper de la violence sans horizon qui a fait d’elle un monstre ? Comment rêver d’autres rencontres et s’inventer un avenir ?
Mon avis :
Ce livre, je l’ai vu passer sur les réseaux sociaux mais je ne savais pas encore si il m’emballait ou pas. Et puis, mercredi dernier, je suis allée à une rentrée littéraire dans ma ville et une des bibliothécaire l’a lu et nous l’a présenté. Et me voilà parti dans son histoire durant mon weekend.
C’est un premier roman qui, au passage,est le coup de coeur de François Busnel. C’est aussi un roman dur. Âmes sensibles d’abstenir car les mots employés sont crus ! La Petite Barbare est une fille, née du mauvais côté, qui a des parents qui subissent au lieu d’agir. Elle, elle rêve de bulles et des Champs-Elysées. Elle s’évade un peu grâce au bibliobus mais ce n’est que de courte durée car il va partir en fumée. L’école ne l’intéresse pas..Bref..elle ne veut pas de cette vie qui semble être tracée dès sa naissance. Donc, elle va se laisser entraîner et faire les mauvaises rencontres pour finir en prison. Elle va se remettre à lire et faire de L’amant de Marguerite Duras, son échappatoire.
Durant ces années en prison, elle va écrire et déverser tous ces maux sur le papier. Et ce papier, c’est ce livre ! En le lisant, j’ai eu le sentiment qu’elle se vidait de tout ce qu’elle avait vécu avant de sortir de prison et de commencer une nouvelle vie. On sent la puissance et le sens des mots employés. C’est brut, intense, cru, factuel…car oui elle n’est pas la seule petite barbare qui existe et qui existera malheureusement.
Si vous avez aimé le film L’appât et que vous connaissez l’histoire du Gang des Barbares, lisez ce livre. Il y a tous les ingrédients ! Donc ne vous attendez pas à des révélations ou des surprises. Mais juste une histoire de vie bien relatée.
C’est un roman de vie car ça ne tient pas à grand chose de faire les mauvais choix. Mais attention tout n’est pas noir. Bien au contraire, il y a aussi de l’espoir. D’ailleurs, elle espère tout le long de ce livre d’une vie meilleure mais elle n’en savoure même pas les petits plaisirs. Sauf celui dont elle a été privée : la liberté !
Un extrait :
« Je n’irai jamais à New York. Jamais je n’entendrai les sirènes et les bruits des films. Jamais un type bien sapé ne me promettra un baise-main ou un loft à Manhattan avec vue sur le krach boursier. Je suis née du mauvais côté, là où rien ne passe, pas même la police. Ce n’est pas un cliché, c’est la vérité. On ne s’en sortira pas, ils auront beau faire leurs lois les unes sur les autres, aucune ne viendra perturber la détermination de la tragédie. J’ai appris dans l’école d’une République qui s’est foutue de ma gueule qu’in n’y avait parmi mes profs de français pas la moindre Marie-Chantal. Rien que des vieux dépressifs incapables d’aligner Molière et quelques illuminés par la vocation qui s’imaginent en nous promenant en laisse dans les musées que la culture va nous flanquer à genoux. Mais ils seront rongés par le temps avant qu’on dise amen à leurs statues. Le dépressif sort son couplet : un artiste, ça ne crée pas la beauté mais ça enlève ce qui empêche de la voir. »
Quelques mots sur l’auteure :
Astrid Manfredi a créé le blog de chroniques littéraires Laisse parler les filles. Elle intervient ponctuellement pour le Huffington Post, toujours autour de la littérature. La Petite Barbare est son premier roman.