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Exposition « Le facteur sonne toujours deux fois » Éric Rondepierre au Centre d’art image/imatge | Orthez

Publié le 24 octobre 2015 par Philippe Cadu
http://www.image-imatge.org/Exposition  « Le facteur sonne toujours deux fois » Éric Rondepierre  au Centre d’art image/imatge | Orthez

du 9 octobre 2015 au 16 janvier 2016

Auteure invitée : Muriel Berthou Crestey

Depuis le début des années 1990, Éric Rondepierre réalise un travail lié au cinéma. Son activité artistique joue sur les rapports dynamiques qu'entretiennent ces deux pratiques. Elle comprend à la fois un travail photographique qui a fait l'objet de multiples expositions en France et à l'étranger et un travail d'écriture, qui a donné lieu à une dizaine d'ouvrages.

Cette exposition est placée sous l'égide d'un titre relevant de l'écrit, du cinéma, du remake - toutes " formes " que l'artiste reprend à son compte - mais aussi d'une anecdote. Éric Rondepierre commande sur internet un roman de Peter Sloterdijk ( L'arbre magique). À sa grande surprise, il reçoit par courrier un autre roman portant le même titre. Bien que les sujets soient aux antipodes (l'un traite de la naissance de la psychologie des profondeurs au 19 e siècle, l'autre est une histoire sentimentale à l'eau de rose), le titre est identique et les couvertures offrent une similitude de structure assez remarquable. Cette homologie tout à fait arbitraire, involontairement provoquée (le livre sera commandé une deuxième fois) n'aurait pas frappé l'artiste si celui-ci n'avait déjà pratiqué dans son œuvre toutes sortes de répétitions et de dédoublements. De la " reprise de vue " qu'il pratique depuis vingt-cinq ans, jusqu'à l'usage du photogramme, " frère ennemi " du cinéma, en passant par les images divisées des Suites ou des Stances, sans oublier les juxtapositions ( Loupe/dormeurs), les dialogues entre deux couches temporelles ( Parties Communes, Seuils) dont les personnages peuvent se dédoubler ( Champs-Élysées), Éric Rondepierre " a mis au point une grammaire plastique intégralement élaborée sur le double sens, les mouvements pendulaires, les structures en miroir, les jeux d'inversion ". L'exposition au Centre d'art image/imatge prend ce constat au sérieux. Le choix d'une majorité de pièces anciennes est relié à ce fil rouge, des pièces nouvelles viennent corroborer le propos en un discret contrepoint. On aurait tort d'y voir néanmoins l'illustration d'un thème repris du19 e siècle. Chez l'artiste - qui signale en plaisantant qu'il est né à 2h, le 2 e jour du 2 e mois à la moitié du 20 e siècle -, le travail élaboré à partir des angles morts du cinéma se nourrit de ces dualités à la source, pourrait-on dire. Le cinéma n'est-il pas, à ce jour, la matrice la plus performante de tous les simulacres de la réalité qui nous font prendre ses vessies pour des lanternes ? C'est dans la copie du cinéma, dans la répétition de l'archive, dans la doublure du temps, que se construit, pour l'artiste, quelque chose comme une perception. " Si " voir, c'est toujours obtenir un double " selon les mots de Sarah Kofman, alors la texture étoffée du visible que nous propose Éric Rondepierre crée un dédoublement répété de cette forme de mirage que représente toute perception ".

Centre d'art image/imatge 3 rue de Billère 64300 Orthez. Tél : 05 59 69 41 12
Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h30 et le mercredi de 10h à 12h. Fermé jeudi et jours fériés.

Éric Rondepierre est né en 1950. Il vit et travaille à Paris. Il est représenté par les galeries Michèle Chomette et Isabelle Gounod à Paris et par la galerie Paci à Brescia en Italie.


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