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Shiri – Le film qui a lancé le cinéma coréen

Par Bebealien

Aujourd’hui, je vais essayer quelque chose de nouveau. N’ayant pas beaucoup de bons films à me mettre sous la dent pour les chroniquer, j’ai décidé de faire une semaine cinéma coréen. 5 jours, 5 films, 5 styles différents, 5 chroniques. L’idée est de balayer le paysage cinématographique de la contrée offrant les plus beaux films du moment. Le programme exact n’est pas totalement fixé, mais attendez vous à des films tels que Old Boy, 2009 Lost Memories, Memories of Murder, JSA, The Host, City of Violence, Frères de sang… Bref il va falloir que je choisisse, et ca va être dur. En tout cas les titres cités ci-dessus mais que je ne traiterai pas valent le coup si jamais vous tombez dessus… Une chose est sûre, dur de parler de cinéma coréen sans parler du film qui a lancé le marché coréen : Shiri.

Shiri – Terrorisme et géopolitique en Corée

Dans le contexte tendu de la Corée, les présidents du Nord et du Sud décident de faire un geste fort en assistant tout deux à un match de football opposant leur deux pays. Ryu un agent des services secret du Sud apprend qu’un groupe d’extrémistes du Nord a décidé de passer la frontière pour organiser un attentat lors du match. Il va tenter de les retrouver sachant qu’une mystérieuse femme, dont le nom de code est Shiri, semble chapoter les terroristes…

La jaquette du DVD français de Shiri

Le pitch du film est simple. On se croirait presque dans une authentique série B avec au choix Van Damme / Seagal / insérer ici le nom du muscle-man de service. Sauf que non. Quiconque connaissant un peu la situation très particulière de la Corée comprendra de suite l’intérêt du pitch. Le cinéma coréen est en effet très intéressant car c’est celui d’un pays déchiré, celui d’un pays ou des membres d’une même famille ont pu se retrouver de part et d’autre d’un no-man’s-land séparant Nord et Sud… D’ailleurs quand on parle de cinéma coréen, on parle de ciné de Corée du Sud, le Nord n’en tournant quasiment pas et ne faisant que de la propagande.

Suk-kyu Han et Choi Min-Sik : le flic et le terroriste

Dans un tel contexte géopolitique, n’importe quel film prend une signification largement différente. La Corée du Sud pleure ses frères du Nord tombé sous le joug communiste, tout en se protégeant des fanatiques cherchant à faire capoter toute tentative de réconciliation. Du coup la mentalité du Sud est particulière : à la fois fière d’avoir su combler en 20 ans un retard technologique phénoménal, un certain sentiment pro-sécuritaire, mais l’espoir qu’un jour les deux entités pourront de nouveau être unifiées. Shiri est le premier essai sud-coréen à vraiment tenter de faire à la fois un film grand public, un blockbuster de qualité, et une réflexion sur la condition du pays.

Une intervention musclée qui fait penser à la scène de la gare de Time and Tide de Tsui Hark (pour ceux qui connaissent…)

Shiri suit donc en parallèle l’enquête des agents secrets cherchant à identifier puis à traquer le groupuscule terroriste, et de l’autre côté le groupuscule lui-même, venant d’un pays totalement pauvre et faisant une critique de ce mode de vie impérialiste tout en vaquant à leurs préparatifs. Violent, sombre et super efficace, Shiri est à la fois un film d’action muclé, un portrait d’un pays divisé, un message de paix humaniste et un triste regard sur les conditions de vie au Nord.

A ce titre, la scène d’introduction présentant l’entrainement des recrues spéciales du Nord vaut son pesant de cacahouètes… Battus, humiliés, ramenés à l’état sauvage, transformés en machines à tuer ivre de violence… les pauvres paysans recrutés n’ont pas d’autre choix que de se battre et tuer pour survivre.

Flic contre terroriste, corée du sud contre corée du nord… l’un des deux est en trop… mais la victoire sera amère.

Shiri doit être le premier film coréen que j’ai vu. Il avait bénéficié à l’époque d’une sortie en salles. Et déjà, un acteur jouant un des terroristes crevait l’écran : Choi Min-Sik. Avec un physique taciturne, des yeux mélancoliques, une espèce de colère intérieure ne cherchant qu’à exploser, il crève l’écran. Sentiment confirmé lorsque quelques années plus tard il incarne le premier rôle d’un film ovni et extraordinaire qui aura la palme d’or à Cannes (palme pour une fois amplement méritée) : Old Boy… Mais nous reviendrons dessus plus tard dans la semaine.

Shiri présente le double avantage d’être procurable relativement aisément en DVD (dans le pire des cas sur Amazon) et d’être un film aisément accessible pour quiconque souhaiterai appréhender ce cinéma si particulier. Allez promis, demain on parle d’Old Boy !


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