Institut Pasteur de Côte d'Ivoire •
La réponse au traitement contre le paludisme chez les drépanocytaires : que doit‐on adapter ?
CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU PROJET
La drépanocytose est un sérieux problème de santé publique. Les zones d’endémie palustre en Afrique sont les plus affectées par la maladie mais l’augmentation de la migration des populations favorise la diffusion de la drépanocytose dans d’autres pays comme la France et les Etats Unis. La drépanocytose est une maladie génétique du sang, due à la mutation d’un gène permettant la synthèse d’une partie de l’hémoglobine. En modifiant la forme des globules rouges, la maladie affecte la circulation sanguine. Dans certaines populations africaines et selon des données relativement anciennes, 20 à 40% des sujets sont porteurs du trait drépanocytaire1
En Côte d’Ivoire, la prévalence de la drépanocytose est de 21%. Dans ces zones le paludisme est une cause majeure de morbidité et de mortalité chez les patients drépanocytaires porteurs de la forme homogygote (SS) en provoquant une anémie sévère. Dans les années 1950, les chercheurs ont découvert, que les porteurs drépanocytaires hétérogygotes asymptomatiques étaient protégés contre le paludisme. Cette protection, en favorisant la survie des porteurs de la mutation génétique, permet de maintenir la prévalence du paludisme à un niveau élevé dans les zones géographiques où le paludisme est présent. Selon l’OMS, l’amélioration de la prise en charge des malades drépanocytaires renforce l’augmentation de la fréquence des traits génétiques notamment dans le Nord.
Le paludisme est un facteur déclenchant essentiel des crises drépanocytaires [Konotey et al, 1979], une cause fréquente d’hospitalisation [Maharajan et al, 1983] ainsi qu’un facteur de mauvais prosnostic chez les enfants atteints de drépanocytose [Aluoch et al, 1997]. Cela suggère la nécessité d'une prise en charge rapide et efficace chez les patients drépanocytaires atteints de paludisme aigu. Malheureusement peu d'informations à ce jour existent, sur l'efficacité ou l'innocuité du traitement à base d'artémisinine chez les patients drépanocytaires. Les données disponibles indiquent un retard d’élimination des parasites chez les drépanocytaires ce qui suggère une possible résistance du Plasmodium falciparum dans ces populations. Cette résistance pourrait être due à un retard du cycle du parasite luimême diminuant l’effet du médicament, mais aussi à une élimination différente du médicament par l’organisme drépanocytaire. A l’inverse des éléments récents suggérent que les hémoglobines anormales seraient un facteur important de sélection de parasites résistants aux dérivés de l’artémisinine. Ces éléments soulignent la nécéssite d’un traitement adapté et efficace chez ces sujets pour les préserver eux même mais aussi, pour préserver la communauté.
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