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[critique] PHANTOM BOY (8/10) par Malisse M.

Par Christian Papia @ChristianPAPIA

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Synposis: Leo, 11 ans, possède un pouvoir extraordinaire. Avec Alex, un policier, il se lance à la poursuite d'un vilain gangster qui veut s'emparer de New York à l'aide d'un virus informatique. À eux deux, ils ont 24 heures pour sauver la ville.....

Habitués à travailler entourés de leurs proches et d’une équipe fidèle, nous retrouvons Gagnol et Felicioli, duo de tous les instants depuis leur premier court métrage (L’Egoïste, 1996) pour le très attendu Phantom Boy, accompagnés de Jacques-Rémi Girerd, père de leurs productions via Folimage, Serge Besset comme toujours à la musique et également le fils d’Alain Gagnol, Gaspard Gagnol, pour la voix du personnage principal : Léo. A travers leurs traits caractérisés par la tradition et la fantaisie, nous allons voir que Phantom Boy s’inscrit dans la continuité, agréable et indispensable pour le cinéma d’animation français, de leurs travaux précédents.Tout d’abord, une écriture cinématographique toujours très marquée par leurs influences.Ce qui fait le charme de ces réalisateurs et de leurs créations, c’est avant tout leur dosage parfait  des mélanges. On le constate dans un premier temps entre les réalisateurs eux-mêmes, le penchant naturel de Gagnol pour le polar et les histoires sombres se trouve toujours compensé par la mise en couleur de Felicioli. En effet, ses traits pastels et parfois plus abstraits (hommages à ses modèles de peinture comme Matisse, Modigliani ou encore Picasso) ont l’avantage de rendre la réalité des sujets abordés moins effrayante (ce qui est flagrant pour le visage bariolé et déconstruit dudit vilain). Ainsi dans Phantom Boy, la maladie de Léo est montrée de manière délicate mais sans filtre, il n’y a aucune infantilisation, dans laquelle pourtant bon nombre de films d’animation peuvent facilement tomber. De même pour le traitement des « gentils » et des « méchants », malgré la présence constante de criminels dans leurs films, ceux-ci ne sont jamais violents. Leur présence sert l’histoire mais chacun a son trait d’humour ou de maladresse. Il y a une véritable humanisation de tous les personnages bien loin des traditionnels clichés. Parallèlement à cela, la démonstration du pouvoir de Léo nous lance sur un pan fantastique et permet au film d’avoir un double niveau de lecture. Les enfants pourront y voir une part de magie tandis que les adultes pourront y voir une échappatoire.

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La qualité des œuvres de Gagnol et Felicioli est de pouvoir s’adresser aux grands comme aux petits. Renforcés, par l’originalité du scénario, nous disposons d’une large palette d’émotions et de genres différents, entre film noir et burlesque, on oscille entre petites scènes humoristiques, véritable suspens policier ponctué d’une touche de fantastique. Phantom Boy rentre alors dans le cercle fermé des films à voir en famille où chacun y trouvera son compte.

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Pour approfondir davantage sur ce film en particulier, nous avons ici une construction très particulière de l’histoire. En effet, si on constate inévitablement, et dès les premières minutes, l’importance de « l’histoire racontée » dans le film, au sens où Léo et sa petite sœur sont extrêmement liés par leurs moments de contes, cela va bien au-delà et se décline sur plusieurs niveaux. Tout d’abord au sein même du film, le pouvoir de Léo permet d’insister sur ce fait car à chaque dédoublement, il est obligé de décrire ce qu’il voit à Alex, c’est de cette façon que l’intrigue se résoudra et que leurs liens se tisseront. Il deviendra dès lors la clé de l’énigme et surtout la clé du film. Chaque moment entre le spectateur et Léo isolé en fantôme deviendra un moment privilégié entre le spectateur et l’histoire. Placés aux premières loges, nous vivrons en direct les actions dignes des grands films de brigands, paradoxalement grâce à la fragilité d’un enfant. Le chemin de Léo, comme celui d‘Alex, lié par le suspens, va s’éclairer de façon inattendue à la fin du film mais sera surtout bouclé par un nouveau début. Propre aux deux réalisateurs, nous avons l’impression que ce film « Phantom Boy » n’est qu’une partie de l’histoire générale de leur filmographie. Manière de nous montrer que les histoires peuvent se raconter à l‘infini et que la leur ne se termine pas au bout d’1h17.Leur histoire commune c’est irrévocablement leur force et elle est présente dans chacun de leurs films.

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Si on peut apercevoir les clins d’œil répétés à leurs précédents films dans Phantom Boy - le running gag du petit roquet aboyant et toujours malmené d’Une vie de chat traverse le temps et se poursuit encore ici - on observe surtout l’importance des liens forts et du soutien indéfectible de la famille. En effet, Phantom Boy, comme pour Une vie de chat, c’est avant tout l’histoire d’un enfant qui n’aura, lorsqu’il sera seul à l’hôpital sans l’amour de ses parents, que le lieutenant Alex Tanguy pour soutien et ami. C’est grâce aux éléments extérieurs, qui seront de nouveau les bandits, qu’ils vont se rapprocher et tisser des liens solides. Alex et Léo vont apprendre l’un de l’autre, chacun avec son handicap va être au même niveau que l’autre et l’enfant apprendra autant à l’homme que l’homme à l’enfant. Si en temps normal, l’un serait le héros policier de l’autre, les choses vont s’inverser. En vivant ces aventures policières via son dédoublement, on assistera au retour progressif de Léo à la réalité. Le soutien et la confiance sont mis en avant comme élément déclencheur de l’intrigue et à la libération des personnages.Prendre soin et apprendre l’un de l’autre, deux points communs à leur dernier film comme à la vie. Si les cinéastes sont attachés à des valeurs sures comme la famille, la protection et les amitiés, leurs œuvres reposent également sur des références filmiques connues de tous (Les Gremlins ou encore le Joker). Un moyen de nous prouver que Felicioli et Gagnol c’est un peu la qualité accessible à tous, pour tous et surtout pour le cinéma en général.

PHANTOM BOY Bande Annonce (Animation - 2015)

MALISSE M.

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