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Article : Midway (4-6 juin 1942)

Publié le 09 juin 2008 par Julien Peltier

Midway (4-6 juin 1942)
La Kessen du Pacifique

Six mois après Pearl Harbor, les Japonais et Américains se trouvent face à une impasse. Les combats ayant eu lieu entre temps ont gravement affaibli les deux forces navales. Le chef de la marine impériale, Isoroku Yamamoto propose à l’état major un plan audacieux. Il compte prendre une île minuscule mais qui possède une importance stratégique capitale : l’atoll de Midway. En effet, cet atoll de 6,2 Km² est la seule porte d’entrée vers l’Amérique. Si les Japonais la prennent, il y a de grandes chances pour que les USA demandent une paix séparée.



Article : Midway (4-6 juin 1942)

Midway est un minuscule atoll de deux îles. Il est à environ un tiers de la distance séparant Pearl Harbor de Tokyo. Ses deux aéroports permettent une couverture aérienne totale de toute la région centrale du Pacifique. Celui qui possède Midway contrôle le pacifique.
Les Japonais estiment avoir l’avantage car ils pensent avoir coulé deux porte-avions américains lors de la bataille de la mer de corail. Or l’un de ces deux porte-avions (le Yorktown) n’est qu’endommagé. Les Japonais, à l’inverse, ont perdu un porte-avions et un autre est gravement endommagé et donc indisponible pour une longue période. Les porte-avions sont les navires les plus efficaces (donc les plus importants) dans le Pacifique. En effet, ceux-ci sont capables d’atteindre des cibles aussi bien terrestre que navales à très longue distance. Ce dont sont incapables les cuirassés et autres croiseurs. Ces derniers en sont réduits à servir d’escorte aux porte-avions.
Afin de pouvoir profiter de leur avantage au maximum, Yamamoto envoie un corps expéditionnaire attaquer les îles aléoutiennes dans le but d’attirer la marine américaine loin de Midway. Il ne savait pas que les Américains avaient cassé le code de renseignement japonais depuis très longtemps. L’amiral Nimitz (l’amiral américain en charge de la zone de Midway) comprend immédiatement la tactique de Yamamoto et envoie sur le champ tous les appareils disponibles vers Midway. Il réunit également le reste de la marine et se dirige droit sur le site de la bataille. L’envoi du corps expéditionnaire prive les Japonais de deux-porte avions légers et de plusieurs cuirassés. Ce qui porte l’équilibre de quatre porte-avions japonais contre trois porte-avions américains.
Les forces japonaises se divisent en trois : la flotte nord sous les ordres de l’amiral Kakuta font route vers les Aléoutiennes ; la flotte de porte-avions sous les ordres de l’amiral Nagumo affrontera la marine adverse ; et enfin, la flotte de bombardement sous les ordres de l’amiral Kurita attaquera les pistes de Midway et tentera de débarquer des troupes afin de prendre possession de l’île principale.
Les forces américaines se divisent en deux : la première flotte de l’amiral Spruance affrontera la flotte de Nagumo et la seconde flotte de l’amiral Fletcher affrontera la flotte de Kurita.
Le 1er juin, la marine japonaise détecte une forte activité aérienne autour de Midway. Nagumo devine que sa mission sera extrêmement difficile. Il devra anéantir les forces aériennes de Midway ainsi que la flotte principale ennemie. Le problème est qu’il ne connaît ni sa composition ni sa position actuelle. Il décide néanmoins du début de l’opération le 4 juin avec le bombardement des pistes. La bataille de Midway a commencé.

Article : Midway (4-6 juin 1942)

Le 4 juin à 5 heures du matin, un avion de reconnaissance survole la flotte de Nagumo. L’amiral Fletcher est immédiatement informé de la position de la flotte ennemie mais pas de sa composition. En effet le communiqué n’indiquait que "Porte-avions ennemis". Une heure plus tôt, Nagumo avait envoyé ses avions de reconnaissance. Malheureusement, l’avion qui devait survoler la zone où se trouvait la marine américaine tombe en panne au décollage. Nagumo est donc, à ce moment, totalement aveugle face aux Américains.
Au dessus de Midway, la bataille fait rage entre l’escorte des bombardiers japonais et les intercepteurs américains. Mais le ratio étant de 2 contre un, l’issue de cette bataille ne fait aucun doute. Les Wildcats sont écrasés, laissant la voie libre aux bombardiers japonais mais ceux-ci ne causent que très peu de dommages.
7h05 : les premiers bombardiers en piqué américains décollent avec leur escorte des porte-avions Hornet et Enterprise. Pendant ce temps, les avions américains venant de Midway bombardent la flotte. Ceux-ci sont, pour la plupart, abattus, mais cette attaque force Nagumo à changer les charges des avions sur le pont. Il remplace en effet les torpilles par des bombes pour aller détruire les pistes de Midway. Il s’agit là d’une grave erreur qui décidera de l’issue de la bataille.
Vers 7h40, les Japonais détectent enfin les navires américains. Nagumo prend la décision de rechanger les bombes par des torpilles. Mais il a négligé les bombardiers venant de Midway. La flotte japonaise doit esquiver plus de 31 bombardiers répartis en deux vagues (dont 16 « forteresses volantes » les célèbres bombardiers lourds B-17) pendant deux heures.
Nagumo se décide enfin à lancer sa première offensive contre la flotte ennemie mais il souhaite d’abord réapprovisionner ses chasseurs, ce qui va lui faire perdre à nouveau un temps précieux (pendant ce temps, de nouveaux avions décollent du porte-avions Yorktown). À 9h18, les avions japonais peuvent enfin être lancés. C’est une impressionnante vague d’assaut de 54 avions torpilleurs et 36 bombardiers en piqué (avec leur escorte) qui se prépare à s’attaquer à l’escadre de l’amiral Fletcher (la flotte de Spruance n’a pas encore été détectée). Mais la flotte japonaise doit au préalable s’éloigner de Midway et se placer face au vent pour que les conditions de décollage soient optimales.
C’est à ce moment que les avions du Hornet arrivent a la hauteur des navires japonais. Mais ceux-ci sont bien trop peu nombreux face à l’escadrille d’intercepteurs zéro. Il n’y aura qu’un seul survivant qui s’en sortira gravement brûlé. C’est au tour des torpilleurs du Yorktown. Leurs chasseurs d’escorte sont rapidement anéantis et seulement 5 torpilles peuvent êtres larguées. Celles-ci seront toutes évitées par les portes-avions nippons.
À ce stade, les japonais ont un immense avantage. Ils ont en effet survécu sans dommage à plus de 10 avions torpilleurs, 27 bombardiers en piqué et 27 forteresses volantes de Midway, plus 41 torpilleurs des porte-avions ayant échoué. Nagumo donne ordre à toute la flotte vers 10h00 de se placer face au vent afin de lancer toute l’aviation dont il dispose pour obtenir la victoire qu’il désire tant. Mais la perte de temps qu’il a concédé un peu plus tôt va sceller son destin ainsi que le sort de toute la flotte japonaise.
Car c’est pile à ce moment qu’apparaissent quasi de nulle part les bombardiers américains ayant décollé deux heures plus tôt. Ils pilonnent sans pitié les ponts des porte-avions japonais bourrés d’avions. Imaginez-vous en train de tirer sur une gigantesque citerne d’essence et cela aura le même effet. En un rien de temps les porte-avions Kaga, Akagi et Soryu se transforment en un immense brasier. Aucun membre d’équipage n’y survivra. Ne reste que l’Hiryu qui envoie en urgence ses avions vers le Yorktown pour un baroud d’honneur.
Les bombardiers immobilisent et incendient le navire américain et les torpilleurs atteignent le gouvernail ainsi que le générateur. Le Yorktown, privé d’électricité gîte de 17° et devient totalement inutilisable.
Les avions japonais appontent à 16h30 et le reste de la flotte japonaise se replie en urgence. Le Hiryu sera bombardé deux heures plus tard et coulera ainsi que les 3 autres porte-avions japonais qui s’achevaient de se consumer. Le Yorktown sera achevé le 5 juin par un sous-marin japonais qui en profite pour couler le destroyer Hamman.
La bataille de Midway est officiellement finie le 5 juin à 14h20 – heure à laquelle les porte-avions japonais finissent par couler. Les Japonais perdent quatre porte-avions (Hiryu, Soryo, Akagi, Kaga) et deux croiseurs (Mikuma et le Mogami gravement endommagé). Les américains ne perdent que le Yorktown et le destroyer Hamman.
C’est une victoire totale pour les Américains qui leur permet de renverser la situation dans le Pacifique. En effet, les Japonais ont perdu la plus grande partie de leur force de frappe et ils en sont réduits à se replier piteusement vers des positions défensives. Passant d’agresseurs à agressés, les Japonais ne remporteront plus une seule bataille d’envergure laissant aux Américains un répit déterminant car ces derniers pourront profiter de leur industries leur garantissant une supériorité navale incontestable avec la suite que l’on connaît.
Sakamoto_Ryoma
Sources:
http://pagesperso-orange.fr/ww2/midway.htm
Dictionnaire historique du japon, Maison franco-japonaise, Maisonneuve & Larose, 2002
Le film La Bataille de Midway (pour la compréhension dans la succession des événements)



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