Axl Cendres : Dysfonctionnelle

Dysfonctionnelle d’Axl Cendres   4,5/5 (18-10-2015)

Dysfonctionnelle (288 pages) est paru le 7 octobre 2015 aux Editions Sarbacane (collection Exprim').

L’histoire (éditeur) :

Fidèle, jeune adolescente, grandit, entourée de ses six frères et sœurs, dans une famille dysfonctionnelle : son père enchaîne les allers-retours en prison, sa mère est à l'asile. Dotée d'une "intelligence précoce", elle s'intègre à un lycée des beaux quartiers où les élèves la regardent comme un Alien. Mais c'est là que l'attend l'amour, le vrai, celui qui transforme, celui qui sauve...

Mon avis :

En 2012, La drôle de vie de Bibow Bradley, pépite du roman ado européen, avait beaucoup fait parler de lui. Dysfonctionnelle, le nouveau roman d’Axl Cendres devrait aussi recevoir un bel accueil et je lui souhaite de devenir une nouvelle pépite, car cette histoire de famille, joli melting-pot drôle et touchant, est un récit intelligent qui évoque l’acceptation et la tolérance de manière efficace.

Dysfonctionnelle c’est d’abord le portrait des différents membres d’une famille pas comme les autres.
Il y a d’abord Sid-Ahmed, le père kabyle qui multiplie les séjours en prison parce qu’il est régulièrement au mauvais endroit au mauvais moment, et qui tient avec son frère un bar-hôtel à Belleville : « Le bout du monde ». Il y a aussi Natasha, la mère polonaise sujette à de terribles crises d’angoisse l’obligeant à faire de fréquents passage en hôpital psychiatrique, l’oncle,  la grand-mère Zaza et les sept enfants : Dalila (l’aînée et l’aigrie de la famille, qui rêve d’un mari riche qui lui permettant de quitter Le Bout du monde), Alyson (la belle émotive qui aime les mauvais garçons), Marilyne (la féministe indépendante toujours prête à sa battre  pour toutes sortes de causes), Fidèle (la narratrice née en 1982 au Liban et arrivée en France sous une nouvelle identité, fan de foot et de son père dont elle est très proche), Sid Ahmed Jr, dît JR (beau comme un dieu), Jésus (élevé à fond dans la religion et dans l’idée qu’il était vraiment Jésus), et Gregorio, le petit dernier un peu bagarreur (17 ans d’écart avec Dalila),

Cette présentation que nous offre Axl Cendres est peu classique. Construite sous forme d’anecdotes, elle offre un portrait plus parlant et vivant, donne une belle idée de l’ensemble et surtout l’envie d’en savoir plus.

Ensuite vient l’histoire, la vraie. Elle avait en vérité déjà commencé à travers l’exposé des protagonistes, mais je n’étais pas encore vraiment impliquée. Bref, une fois que l’histoire s’est recentrée sur Fidèle, impossible pour moi de décrocher et le reste du  livre y est passé dans la journée. Comme moi, Dysfonctionnelle va vous faire aimer la différence et vous risquez d’en redemander.

Cette histoire, celle de Fidèle, celle qu’elle noue raconte, celle qu’elle nous dévoile avec panache et humour est autant son histoire que celle de sa famille. Une famille que vous ne voudriez pour rien au monde mais qui finalement  risque de ne pas vous déplaire.

Évidemment, parmi ces personnages hauts en couleur, il y a Fidèle, intelligente et différente à sa manière. Elle va nous faire vivre des hauts et des bas de manière plus adulte que je ne l’aurais pensé. Sous ses allures de rigolades, derrière son histoire saugrenue et ses dialogues drôles aux tonalités authentiques, se cachent de belles émotions. C’est beau et riche à tous les niveaux !

Dysfonctionnelle restera longtemps dans mon esprit pour ses images fortes, pleine de tendresse et de drôlerie (mention spéciale à la grand-mère Zaza qui crie « Saloupard » à sa télé devant Les feux de l’amour à chaque fois que Victor fait une crasse à l’une de ses conquêtes). Parce que sous sa loufoquerie et son originalité, il y a un réalisme qui rend chaque personnage attachant et l’histoire particulièrement touchante.

Ce qu’on aime ici, c’est sa différence et sa dysfonctionnalité.