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[critique] le Pont des espions : futur grand classique

Par Vance @Great_Wenceslas
[critique] le Pont des espions : futur grand classique

Une histoire passionnante, tirée de faits réels, racontée avec classicisme et élégance par un Steven Spielberg plus que jamais inspiré et joueur. Le Pont Des Espions, emmené par un Tom Hanks bien entendu parfait comme d'habitude, est un film intelligent, humaniste, sensible et ludique, que la plume précise et subtile des cultissimes Joel et Ethan Coen rend encore plus singulier. A ne pas manquer !

Le papa de nous surprendra toujours. Après nous avoir offert en 2013 l'excellent et nécessaire , et alors que nous l'attendions sur l'adaptation de Robopocalypse, le voici de retour au cinéma avec un film aux antipodes du divertissement de SF popcorn qu'il comptait réaliser, prouvant par la même occasion sa facilité déconcertante à alterner les genres, les sujets, et à se les approprier.

[critique] Pont espions futur grand classique

Car ne vous y trompez pas, Le Pont Des Espions est un nouveau chef-d'œuvre dans la carrière de Steven Spielberg, s'inscrivant avec logique et cohérence dans une filmographie n'ayant de cesse d'aborder les mêmes thématiques (notamment la place dans la famille, au sens le plus strict comme au sens le plus large, symbolisée par la nation). L'on retrouve des éléments empruntés à , à Catch Me If You Can, et même au dans Le Pont Des Espions, principalement dans le symbolisme de la représentation des forces en opposition à l'image (dans l'un, le tampon machinal contre l'autographe signé à la main, et dans celui qui nous intéresse la construction de murs quand d'autres bâtissent des ponts).

Le genre de récit a priori réservé à une certaine catégorie de spectateurs, mais qui entre les mains du maître, devient un film susceptible d'emporter l'adhésion de tous les publics. Ceci pour plusieurs raisons, et nous vous mettons au défi de ne pas sortir de la séance, si ce n'est ému, du moins avec la sensation d'avoir pu en retirer quelque chose d'enrichissant et même de stimulant. Il y a d'abord le choix d'engager le grand Tom Hanks, très populaire, gage de qualité. L'acteur ayant souvent travaillé sous la direction de son ami, l'on pouvait se demander de prime abord dans quelle mesure cela n'allait pas faire " redite ". Une question un peu idiote, certes, mais on pouvait craindre de le voir endosser le rôle d'un personnage similaire à l'un de ceux qu'il avait déjà incarnés auparavant. Pourtant, les doutes sont immédiatement dissipés tant le comédien caméléon s'impose comme une évidence dans le film. Il contribue grandement à servir de point d'ancrage rassurant, et l'on prend énormément de plaisir à suivre les petites parties de poker dans lesquels il se fourvoie pour tenter, entre deux voire trois " clans ", de ménager tout le monde sans jamais laisser quiconque en chemin. Il est littéralement le pont qui relie les autres.

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Ensuite, il y a la mise en scène. C'est avec elle que Spielberg fait la différence. Le réalisateur est joueur, il aime " manipuler " (souvenez-vous de Jurassic Park) ses spectateurs, agir sur l'inconscient, toujours dans le but de raconter de la meilleure des façons son histoire. Derrière la simplicité apparente de sa réalisation, se cache une précision dans les cadres et les mouvements qui frôle la perfection. La scène d'introduction en est le meilleur exemple. Et elle nous fait penser à celle qui découvrait le visage de Tintin dans Les Aventures De Tintin, Le Secret De La Licorne par un habile jeu de miroirs et le croquis d'un artiste (une caricature d' Hergé). L'on y découvre ainsi un homme, présenté sous trois formes dans un même plan, à savoir de dos, son reflet dans un miroir, et en train de peindre son portrait. Un homme aux multiples facettes, un espion en l'occurrence, qui n'a pas dit un mot mais auquel on commence pourtant inconsciemment à s'attacher, car il semble suivi (sous-entendu menacé) par de mystérieux personnages. Ce n'est qu'après que nous comprenons qu'il s'agissait d'un espion russe arrêté par des agents de la CIA. Steven Spielberg s'amusera ainsi à titiller notre perception, à bousculer nos certitudes, à nous faire réfléchir sur des notions que l'on pensait acquises, avec notre complicité tacite. Il y a un réel échange qui s'instaure entre le film et le spectateur. L'on ne peut pas être passif devant Le Pont Des Espions. Et c'est ça que l'on apprécie, même sans s'en rendre compte.

Enfin, il y a l'histoire elle-même. Inspiré de faits réels, le récit de cette " petite " histoire dans la " grande " Histoire (à l'instar de son film sur ne s'intéressant qu'à une période bien précise) passionne de bout en bout. Nul besoin d'être amateur de films d'espionnages pour se sentir concerné par l'intrigue. Il faut dire qu'avec Joel et Ethan Coen au scénario, le film gagne en étrangeté, en singularité, en drôlerie. Le Pont Des Espions est souvent très léger, malgré le sérieux de son contexte. L'on retrouve cette touche si particulière des réalisateurs de The Big Lebowski. Ce sens du détail (le rhume - " cold " en anglais - que se traîne Tom Hanks tout le film), cette subtilité et précision dans l'écriture (les running gags dans les dialogues : " Ca aiderait ? "), ce décalage constant, cet humour, cette caractérisation des personnages, tout s'imbrique parfaitement au point que l'on se dit que cette association a tout d'une évidence.

Intelligent, sensible, humaniste et ludique, élégant réalisé par quelqu'un qui aime raconter des histoires, et surtout qui sait comment les raconter. Steven Spielberg sait s'entourer et tirer partie de ses collaborateurs, en témoignent une direction artistique sublime et une photo encore une fois magnifique. En décembre il y a certes Le Pont Des Espions est un film classique et

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Star Wars, mais Le Pont Des Espions est également à ne pas manquer. On le recommande vivement !

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