Avant d’être connue pour ses propres œuvres, Betty Parsons fut reconnue à travers les œuvres des autres. Dénommée « la mère de l’expressionnisme abstrait » Betty Parsons fut un des premiers défenseurs des grands expressionnistes abstraits en devenir : Pollock, Rothko, Reinhardt, Still, Newman – contribuant largement à leur future notoriété. Dans sa galerie, ouverte en 1946 (et fermée tous été afin de se concentrer sur ses propres créations), elle a donné à ces artistes leur première exposition à grande échelle, ce qui en fait l’une des plus prestigieuses galeries d’art à New York. Dans ses dernières années, la Galerie Parsons a fait beaucoup pour promouvoir les œuvres de nombreux artistes bisexuels, gays et lesbiennes dont Agnes Martin, Ellsworth Kelly, Jasper Johns et Robert Rauschenberg.
Betty Parsons est née dans une famille riche de New York en l’an 1900. La jeune Betty a visité le New York Armory Show en 1913, cette exposition qui est souvent créditée d’avoir introduit l’art moderne aux États-Unis. Alors que les visiteurs étaient fascinés par les peintures de Goya, Courbet et autres Réalistes du milieu du XIX siècle, Betty fut fascinée par les peintures plus « choquantes » et fougueuses de Picasso, Matisse et Duchamp. C’est à l’Armory Show qu’elle a décidé de consacrer sa vie aux arts.
Jeune femme, elle a déménagé à Paris et, pendant 3 ans, a été mariée à Schuyler Livingston Parsons. Le couple a divorcé en 1923, mais Betty a gardé son nom de femme mariée. Elle est encore restée à Paris pendant 10 ans, vivant de sa pension alimentaire et côtoyant une partie de la communauté lesbienne expatriée de Paris, parmi eux Gertrude Stein et Sylvia Beach.
La Galerie Parsons
Durement touchée par la Grande Dépression, Betty Parsons retourne aux États-Unis en 1933. Là elle va commencer à s’essayer à l’art, jouant avec la couleur, le mouvement et l’émotion, faisant déjà sans la savoir de l’Action painting. En ce sens, elle semble avoir découvert l’expressionnisme abstrait de son propre chef. Elle arrive à exposer dans de petites galeries et, en 1944, entre à la Galerie Brandt Mortimer sur la 57ème rue est.
C’est là que, deux ans plus tard, elle va créer sa propre galerie, en septembre 1946. L’exposition d’ouverture, Northwest Coast Indian Painting, présente Barnett Newman et Tony Smith. En 1948, la Galerie Parsons représentait non seulement Newman, mais d’autres grands noms comme Pollock, Rothko et Still – 4 artistes majeurs que Batty Parsons appelait affectueusement ses « quatre cavaliers de l’apocalypse ».
Dans les années 1950, les « quatre cavaliers », et d’autres, ont été repris par des marchands d’art plus riches mais, au cours des trois décennies suivantes, Betty Parsons a continué à promouvoir les artistes qui possédaient ce qu’elle appelait le « New Spirit », des gens comme Kelly, Rauschenberg, Alfonso Ossario et Forrest Bess. Sa galerie était notamment un havre pour des artistes en manque de reconnaissance – en particulier les femmes et les homosexuels – à une époque où le monde de l’art restait dominé par les hommes hétérosexuels.
Sans figurer parmi les plus riches galeries de New York, ou parmi l’élite, la galerie de Betty Parsons avait la réputation enviable d’être le lieu où quelques grands artistes du XXe siècle avaient fait leurs débuts.
Après 35 ans, la Galerie Parsons a fermée en 1981 et Batty a officiellement pris sa retraite, tout en restant à New York. Elle est morte seulement 1 an plus tard.
Ce travail de galeriste ne l’a pas empêchée de travailler à ses propres œuvres, des peintures dans un premier temps, passant de la figuration à l’abstraction vers 1947. Puis elle a commencé à faire des constructions à partir de morceaux de bois et d’autres matériaux échoués sur la plage près de sa maison-atelier, perché sur une falaise à l’extrémité est de Long Island ; mais ses constructions pouvaient également refléter ses voyages aux Caraïbes et à l’étranger.