Magazine Cinéma

Bad lieutenant - 8/10

Par Aelezig

z01

Un film de Abel Ferrara (1992 - USA) avec Harvey Keitel, Victor Argo, Frankie Thorn

Glauque, noir, déprimant...

L'histoire : Un policier new-yorkais. Alcoolo, drogué, sex addict, criblé de dettes de jeu, et abusant de son pouvoir pour se procurer ses divers poisons et mener ses enquêtes. Par ailleurs père de famille, et catholique, mais ces deux domaines-là restent bien loin de ses priorités... Jusqu'au jour où il doit enquêter sur une jeune religieuse, violée dans une église.

Mon avis : A ne pas regarder un jour de blues... Vénéneux, sulfureux, violent, ce film donne la nausée. Mais mon côté girl-scout aime les bad boys ! Je suis de celles qui aiment frissonner devant les grosses brutes, rêvant de les mener à la rédemption. Encore un truc qui est sûrement freudien ! Vaut peut-être mieux pas trop gratter, d'ailleurs ! On va s'en tenir là.

z03

En plus, ce bad boy, il est vraiment très vilain et répugnant (quel acteur, ce Keitel, quel régal !). A côté, celui du remake Bad lieutenant - Escale à La Nouvelle Orléans est un enfant de choeur et le film une bluette (cependant, tel qu'il est, je l'avais bien aimé ; c'est juste qu'il ne faut pas le comparer au Ferrara : rien à voir !). Disons que, si le flic de La Nouvelle Orléans se drogue de façon "politiquement correcte" (il souffre physiquement suite à des blessures), nous n'avons aucune explication sur le parcours du New Yorkais, son alcoolisme et son addiction à la drogue et au sexe. Cela le rend évidemment beaucoup moins sympathique, nous sommes au bord de la perversion. Ferrara ne fait aucun compromis, c'est brut de pomme, mais ça touche d'une autre façon : c'est triste à pleurer... Et j'en reviens au début : je ne peux m'empêcher de penser avec tendresse au petit garçon insouciant que fut forcément un jour cet homme dépravé, et de pleurer sur les errances qui l'ont mené là. Et la souffrance qu'il exprime à la fin est si terrifiante que le personnage va me hanter longtemps... Encore une fois : sacré Keitel !

En même temps, le boulot du flic de base (le lieutenant n'a pas de nom... il pourrait représenter le flic universel, version ripou) doit être si horrible, accumuler jour après jour scènes de crimes, de viols, de violences, compter les cadavres, les morceaux de cadavres parfois, entendre des histoires sordides, cotoyer constamment dealers, trafiquants, prostituées... on peut se dire que notre homme est simplement tombé dans la marmite et qui s'enivre. Il crie de désespoir d'ailleurs à la fin : "Je suis si faible...".

A noter que les prises de drogue et d'alcool sur le tournage sont réelles. Je dis bien réelles. Les acteurs, y compris Keitel bien sûr, étaient à l'époque de vrais toxicos et alcoolos. Pas étonnant que les scènes d'ivresse et de trip soient aussi réalistes et dérangeantes ! D'autres scènes ont été tournées sans autorisation dans New York, ou en caméra cachée... les figurants sont parfois des vrais gens et leurs réactions idem... Quasi du docu.

A ne pas mettre entre toutes les mains... Mais du bon boulot, réaliste (hélas), et assez bouleversant, dans tous les sens du terme. La caméra, à l'épaule la plupart du temps, suit le lieutenant dans ses errances, et flotte avec lui quand il titube ; c'est oppressant à souhait. Les scènes sont longues, mais si fortes en signification ! Qu'il s'agisse du nu frontal, de la scène des deux filles dans la voiture, de celle où il tire une balle dans sa voiture, de rage, en apprenant que son équipe a perdu le match, de la maman latino qui lui donne des médailles pour le protéger, de la religieuse à qui il crie "Mais comment pouvez-vous leur pardonner ?", des shoots d'héroïne filmés en temps réel, et d'autres encore... C'est dur, vraiment. Voire dérangeant. Mais une chose est sûre... ça donne pas envie de tomber dans ces excès ! C'est toujours ça.

z02

Le film est très marqué par la religion. Le policier est catholique, pratiquant (on le suit à la communion de ses enfants), on voit sans cesse des références, et ce n'est pas par hasard que la femme qui va le marquer profondément est une religieuse... Les églises, Jésus qui lui apparaît... "Où es-tu ? Où étais-tu ?" lui crie-t-il. L'homme cherche désespérément une lumière dans sa vie ; il lui semble que la réponse est dans la foi, mais il ne parvient pas à maîtriser ses pulsions et ses doutes.

En résumé, c'est extrêmement violent, sur le fond et sur la forme, mais très beau, intellectuellement parlant. L'histoire d'un homme qui se noie et ne parvient pas à attraper la bouée.

Pauvre pauvre bad lieutenant...

Message perso : Sacha... je ne suis pas sûre que tu vas aimer !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aelezig 127315 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines