Florence Hinckel, auteure phare des éditions Syros avec notamment son excellent roman d'anticipation #Bleue, nous propose de suivre les aventures de Yannis, un jeune Marseillais, fils d'émigrés peu fortunés, qui perd toute sa famille dans la tragique épidémie du virus U4 qui touche tout le monde, sauf les adolescents. Heureux rescapé, si l'on peut dire, Yannis se noie dans le chagrin, commence à voir des fantômes et perd la notion du temps qui passe. Quand le message du maître du temps arrive, il se lance dans l'aventure, sans trop savoir ce qui l'attend à Paris. De Marseille à Lyon, en passant par une multitude de villages, l'auteure nous emporte dans une épopée haute en couleurs. Grâce à une plume moderne et des rebondissements à gogo, l'intrigue post-apocalyptique se meut rapidement en road-trip haletant, oscillant entre film de guerre et romance adolescente, comptant sur des personnages intéressants et émouvants.
Hélas, même si l'idée était très bonne, la réalité est loin d'être la franche réussite escomptée. Oui, le roman est très bien écrit. Et oui, l'intrigue fonctionne bien en soi. Mais une question me taraude : pourquoi écrire quatre romans sur quatre personnages différents alors que ceux-ci sont réunis dans la quasi totalité de l'histoire (notamment Yannis et Stéphane, en ce qui me concerne) ? N'aurait-il pas été plus judicieux d'écrire un unique roman (à huit mains pourquoi pas), qui retrace l'histoire dans son intégralité, pour ainsi éviter les redondances immanquables ? Je ne prétends pas ici avoir LA solution, mais je m'interroge...
Quoi qu'il en soit, même si l'on prend ce roman dans son unité, et que l'on oublie qu'il fait partie d'un ensemble plus vaste, je dois dire avoir quand même été un peu déçue par le dénouement. Tout ce périple pour aboutir à une fin aussi déconcertante ? Moi qui attendait un roman dystopique avec un soupçon de magie et un suspense à couper au couteau, me voilà un peu sur ma faim.
En bref, un roman qui ne tient pas toutes ses promesses mais qui, une fois encore, prouve le talent de Florence Hinckel pour prendre part à une épreuve éditoriale intéressante et créer des personnages touchants (quoi qu'un tantinet schizophrènes sur les bords).