Transports en commun - Flaubert à La Motte-Piquet, de Laure Murat

Tandis qu’elle mène un travail sur la « relecture », Laure Murat surprend un voyageur dans le métro notant le titre d’un livre lu par une jeune femme, et constate que ce titre rejoint une liste de titres divers : cet homme note les lectures des passagers du métro. Laure Murat va faire de même, en parallèle à son étude en cours. Mais ce relevé n’a pas la rigueur d’une recherche scientifique. C’est une sorte de cartographie aléatoire des lectures de métro. Et c’est aussi l’occasion de penser aux livres de poche, aux tablettes, à la pratique de la lecture. Elle enregistre les titres et, quand elle ne connaît pas, elle s’informe sur Internet en rentrant chez elle. On y découvre ce qu’elle apprécie, son cher Victor Hugo et son rapport au réel : comment un personnage historique devient un personnage de fiction (et réciproquement) et comment la seule lecture d’un nom peut, parfois, renvoyer à un titre de roman (c’est le cas de Quasimodo pour Notre Dame de Paris, par exemple). On y trouve aussi quelques lignes assassines à l’égard de tel ou tel auteur, comme celui de La Délicatesse qu’elle a « dans le collimateur ». Elle proteste aussi contre l’indigence des publicités et s’interroge : « pourquoi on ne fait du tapage que pour les best-sellers ». Et, du relevé des titres, elle passe à l’observation des lecteurs, de leur attitude, puis à celle du métro lui-même « en regardant attentivement le plan », à Paris ou à Los Angeles (ce qui donne des pages enthousiastes, amoureuses, sur cette ville américaine). C’est un livre de moins de 100 pages, format de poche, optimiste : « Le métro du futur sera une bibliothèque volante et ubiquitaire ».