“Même plus peur!“
“Aung San Suu Kyi! Aung San Suu Kyi!” Combien sont-ils, à travers tout le pays, à défiler dans les rues en brandissant des portraits géants d'Aung San Suu Kyi, en arborant le drapeau à l'emblème démocrate du paon qui s'élève ou en distribuant tracts et sourires en chantant leur espoir fou?
Des dizaines de milliers. Des centaines de milliers. Des millions assurément!
Au coin des rues, les policiers et les soldats, mobilisés en nombre, se font tout petits. Aimeraient disparaitre dans un trou de souris. Pourtant, personne ne les agresse. Personne ne cherche à les prendre à partie. Au contraire! Tous unis pour la démocratie! Policiers, soldats, rejoignez-nous!
Ici, l'on voit une manifestation de trishaw - ces célèbres vélos-taxis si particuliers à l'Asie - envahir les rues en arborant les emblèmes démocrates. Là, ce sont des milliers de jeunes femmes - beaucoup de jeunes femmes, énormément de jeunes femmes! -, qui se rassemblent aux coins des rues avec des autocollants d'Aung San Suu Kyi plaqués sur le front.
Même pas peur! Même plus peur! Partout ce même souffle d'espoir soulève la foule et fait frissonner toute la Birmanie, y compris les visiteurs étrangers, embarqués dans cette folle ronde d'espérance. Partout on crie et on chante ces mêmes mots: “Aung San Suu Kyi! Aung San Suu Kyi!”’
“Je ne peux rien sans vous toutes et tous!“
La Dame de Rangoun, elle, ne ménage pas sa peine malgré ses 70 ans, dont 30 de durs et éprouvants combats. Elle est partout à la fois! S'adressant à des foules immenses comme dimanche dernier où un meeting géant a rassemblé plus de 100.000 Birmanes et Birmans à Rangoun. Répondant en souriant à mille questions des journalistes étrangers, comme ce jeudi, au sein même de la maison historique où elle a été enfermée par la junte pendant plus de 15 ans. Encourageant les Birmans à ne plus avoir peur, à aller voter, à croire enfin à la sortie par le haut des années-dictature, des années-sang, des années-torture, des années kakies. Les exhortant à prendre leur destin en main, à se rassembler, à agir toutes et tous!
“Je ne suis rien sans vous! Je ne peux rien sans vous! C'est toutes et tous ensemble que nous pouvons y parvenir!“ ne manque-t-elle de répéter à chacune de ses prises de parole.
Car, malgré l'indéniable statut d'“icône” qui la poursuit, non seulement dans son pays mais également au niveau international où, malgré les critiques récurrentes et systématiques dont elle fait l'objet de la part de certains médias, elle reste une des 10 femmes les plus admirées au monde, Aung San Suu Kyi ne se veut ni une “idole”, ni un recours suprême, ni le deus ex machina de la Birmanie.
Les femmes sont l'avenir de la nouvelle Birmanie
Aung San Suu Kyi est indéniablement une femme intelligente. Et d'expérience. Elle n'oublie pas l'âge qu'elle a. Elle sait que son rôle est avant tout de gérer en douceur, et avec les idées de non-violence et de réconciliation qui l'animent, la transition de la dictature à la démocratie. Sur l'exemple de Nelson Mandela qu'elle a tant admiré pour son action d'apaisement et de réunification de l'Afrique du Sud à sa sortie de prison.
Là s'arrête son rôle. Elle le sait. Mais elle veut l'assumer jusqu'au bout. Réussir ce pourquoi elle a lutté et souffert tant d'années, oubliant sa vie même. Jusqu'au bout. Jusqu'à son dernier souffle. Elle veut finir ce qu'elle a commencé. Ce que son père a commencé avant d'être lâchement assassiné alors qu'elle n'avait que 4 ans. Son peuple attend depuis déjà si longtemps la libération de la Birmanie. Sa vraie libération. Et une vraie et définitive démocratie.
Oh, cela ne sera pas simple bien sûr, elle le comprend bien, et les coups pleuvront de toutes parts comme ils pleuvent toujours contre ceux qui veulent faire changer le monde dans la bonne direction.
Cela ne l'effraie pas. Ne la rébute pas. Elle est prête. Elle sait aussi que la relève est prête. En particulier ces centaines de milliers de jeunes filles et femmes pour qui elle est un modèle, un phare et qui, à travers tout le pays, sont déjà en train de préparer l'après-dictature.
Après tant d'années de pouvoir mâle et kaki, l'avenir de la Birmanie est désormais porté par les femmes, leur non-violence déterminée, leur action concrète et permanente et leurs implications mutiples en tous les domaines de la société civile (éducation, culture, nouvelle économie, etc.)
Tourner la page des souffrances passées
Mais d'abord, Aung San Suu Kyi doit “finir le job”. Doit finir ce qu'elle a commencé et que son peuple attend depuis si longtemps. Libérer la Birmanie. La libérer vraiment. Et pacifiquement. Sans que le sang soit de nouveau versé. Sans que la violence ne s'empare une fois de plus de ses rues, de ses faubourgs et de ses campagnes. Sans que l'armée ne ressorte ses armes et que le peuple ne retombe dans cette infinie spirale de violences et de contre-violences, de morts et de meurtres.
Oui. Aung San Suu Kyi, qui vous confie en souriant que l'une de ses qualités principales est la détermination, ne lâchera rien. Jamais.
Des milliers de Birmanes et de Birmans croient en elle, en eux et en la démocratie. Alors, toutes et tous ensemble, avec elle comme insuffleuse d'espoir, de volonté et de courage, ils veulent, ce dimanche, tourner la page de leurs souffrances passées.
Et mettre définitivement la dictature birmane aux poubelles de l'Histoire.
Pierre MARTIAL
Ecrivain-journaliste
Président de France Aung San Suu Kyi
A partager le plus largement possible, amies et amis.
FRANCE AUNG SAN SUU KYI, 100% BENEVOLES, ZERO SUBVENTION.
MERCI POUR VOTRE SOUTIEN.
Aung San Suu Kyi, site français d'information et de soutien à Aung San Suu Kyi et à la Birmanie / Myanmar