le Voyage temporel et ses paradoxes au cinéma

Les paradoxes temporels, c'est presque du pain béni pour les amateurs de science-fiction, au point que c'en est devenu un sous-genre qui a su engendrer quelques oeuvres remarquables : de de H.-G. Wells à Connie Willis, les grands auteurs se sont essayés à cet exercice de style qui consiste à supposer que le voyage dans la dimension temporelle, vers le passé, le futur ou dans les deux sens, est réalisable soit physiquement (en brisant les barrières imposées par les lois de la physique) soit d'une façon plus subtile (voyage dans les souvenirs, réincarnation dans le corps d'un autre). Ce faisant, la plupart ont cherché à montrer des personnages plus ou moins scientifiques et/ou nantis de bonnes intentions observer un autre continuum, s'immerger dans les différents possibles (comme dans En attendant l'année dernièreDick ou le méconnu Philip K. Cryptozoïque d' Aldiss) voire tenter de les modifier ( le Voyageur imprudent de Barjavel, Voici l'homme de Moorcock), de les réparer, de les contrôler ( la Patrouille du temps d' Anderson, la Fin de l'Eternité d' Asimov) ou, pire, de tirer un avantage de cette faculté ( l'Homme éclaté de Gerrold, les Temps parallèles deSilverberg).

Pour les amateurs, je peux suggérer trois références déjà anciennes (qui ne sont pas du tout absolues et incontestables, c'est juste que je les possède dans mon humble bibliothèque) qui devraient faire leur bonheur et aiguiller les éventuelles recherches :

• le Science-fictionnaire de Stan Barets (Denoël 1994), dont l'article "Voyage dans le temps" soumet une sélection intéressante de classiques plus ou moins connus et un essai de répartition en quatre sous-catégories ;
• le Temps sauvage (Marabout 1971), une anthologie de certaines des meilleures nouvelles du genre (avec des auteurs comme Asimov, Bloch, Bradbury ou Sturgeon) ;
• Histoires paradoxales dans la collection "la Grande Anthologie de la SF" (Livre de poche 1984), un recueil de nouvelles moins connues - mais on y trouve des auteurs comme Zelazny et Philip K. Dick - avec une préface très intéressante de Démètre Ioakimidis.

On a pu le constater, le cinéma s'est très vite empressé de puiser dans le catalogue inépuisable de la SF littéraire mais n'a pas toujours réussi à exploiter correctement le matériau de base, pour fascinant qu'il soit : si je garde un souvenir ému du pauvre est tout sauf une réussite - alors qu'on était légitimement en droit d'attendre beaucoup mieux de l'adaptation d'une des nouvelles les plus représentatives du genre, signée l'une des rares productions (avec les premiers Il n'en reste pas moins que ces incontestables réussites ne sont pas légion, et que d'autres films, tout aussi intéressants, sont souvent sortis dans l'indifférence tout en méritant le détour, quand bien même ils n'auraient ni le budget, ni le casting d'un Nimitz, retour vers l'enfer, A sound of thunderFréquence interditeRay Bradbury ; on lui préfèrera l'efficacité de , la poésie de Quelque part dans le temps, la frénésie de C'était demain et l'humour de Retour vers le futur, Terminator) conçues pour le grand public mais respectueuses des codes imposés . Edge of tomorrow ou A la poursuite de demain. Je vous invite ainsi à lire la présentation de Prédestination par mon excellent confrère Neault, sur le non moins excellent site de l' UMAC - c'est d'ailleurs l'article qui m'a mis la puce à l'oreille et aiguillé vers ce dossier/challenge.

Alors nous y voilà, partis pour la conquête du temps par le biais de chefs-d'oeuvre ou de tentatives honorables, populaires ou anodins, sortis au cinéma, en VOD ou d'autres supports vidéo. Lorsque l'article existe sur ce blog, il vous suffit de cliquer sur son titre pour aller le lire. N'hésitez pas à m'en suggérer d'autres que la liste trouvée sur la bienveillante Wikipédia !