Écroulement au monde
de hauts bords glacés –
Sillage
lent et doux de la barque
dans des lacs dorés –
nous en allant ainsi
dans le soleil –
L’heure est sans issue
en des filets blonds et frêles –
Et naissent les frissons :
poussent
les voix tristes :
sur la berge siffle le roseau
déchiqueté –
De leur bois les bêtes précisément
fixent
longtemps
le couchant dans l’eau,
je m’en vais ainsi vers l’ombre
libre mais seule
à jamais.
*
Alti orli ghiacciati
si disfecero al mondo.
Solcava
lenta e lieve la barca
laghi d’oro,
andando così noi nel sole
abbracciati.
Gracili reti bionde
imprigionavano l’ora.
E nacquero brividi;
crebbero
voci tristi;
fischiò
a sponda il dilacerarsi delle canne.
Belve chiare
guardarono dal folto
a lungo
il tramonto nell’acqua,
andando così verso l’ombra
io libera
e sola per sempre.
***
Antonia Pozzi (Milano, Italie 1912–1938) – Mots (Parole, 1939) – 22 décembre 1935 – Traduit de l’italien par Ettore Labbate