En 2002 des sondages ont été effectués sous le monument qui ont permis de découvrir une Crypte où reposent vingt-huit militaires et civils de la Guerre 1914-1918, quatre de la Guerre 1939-1945 et un soldat de la Guerre d'Afrique du Nord 1954-1962.
Des travaux de rénovation, entrepris en 2005 ont permis d'aménager la Crypte en lieu de mémoire et de recueillement accessible au public.L’histoire remonte aux années 1995. L’association des anciens Combattants avait demandé au maire le déplacement du monument aux morts en argumentant qu’il serait mieux place Condorcet. Cet endroit est dévolu à des évènements et accueille souvent un manège. Le maire était donc réticent. Mais surtout il avait le sentiment que quelque chose existait sous le monument. Il demanda donc que l’on fasse des sondages. Un employé municipal découvrit un trou rempli d’eau au troisième coup de pioche.
La suite de l'aventure, c'est le maire lui-même qui me l'a racontée : On m'appelle dans mon bureau. Je confirme mon arrivée. On me prépare loupiote, échelle. Je descends sans autre protection. J'avais de l’eau jusqu’à mi-mollet. Mes souliers de cuir ont été endommagés mais j'étais aux anges de constater que ma prémonition se vérifiait.
Ils ont trouvé ce jour-là, sur le côté gauche du couloir, une série de cercueils murés avec des briquettes et au fond, un squelette qui les attendait, sans doute un mort de la guerre 14-18 inhumé à la hâte dans un cercueil en mauvais pin qui se dégrada avec les intempéries. Le cadavre fut identifié grâce à son bracelet militaire.L’enquête qui eut lieu ne donna pas grand-chose en dehors de trois lignes figurant dans les avis du Conseil municipal, indiquant que l’on a construit en 1921 un monument au-dessus d’une cave pour les nécessiteux. Il n’existait en région parisienne aucune crypte de la Grande guerre. Le président du Conseil Général de l’époque, Charles Pasqua accepta de soutenir le projet de rénovation. On découvrit à cette occasion un second couloir. Mais aucune porte ni fenêtre et le mystère demeure aujourd’hui même si on comprend mal que la mémoire se soit éteinte en si peu d‘années puisqu’il s’y trouve aussi un ancien combattant de la Guerre d’Algérie.
L’entrée est volontairement un peu cachée pour demeurer propice au recueillement. Une grille en bas de l’escalier permet d’avoir une vue sur l’ensemble même en cas de fermeture et le bouton électrique est à portée de main.
Les noms étaient déjà gravés. Tout resta en l’état car il est très difficile en France de déplacer des morts. On est surpris de voir la tombe d’une femme, Gabrielle Stouque, infirmière au Front, décorée de la Légion d’Honneur.Les armes qui sont posées sur le dessus proviennent de découvertes faites dans les années 1970/80. Beaucoup de gens, sachant que la Kommandantur avait promis que les français qui recélaient des armes de guerre seraient fusillés avaient caché leurs biens dans leurs jardins.
C’est avec une très grande émotion que les descendants ont été conviés à la cérémonie qui eut lieu en 2005. Ce sont 1500 personnes de familles dispersées ignorant totalement où se trouvaient leurs ascendants qui ont pu venir se recueillir enfin sur leurs tombes.
Ce cimetière de Bourg-la-reine est un lieu de mémoire étonnant. De n
ombreuses personnalités de renom y reposent, comme Albin Michel (1873-1943), éditeur, Evariste Galois, mathématicien, en particulier François Hennebique (1842-1921), architecte, ingénieur, entrepreneur, considéré comme l'inventeur du béton armé. A l'occasion des Journées du Patrimoine de septembre la famille Hennebique a reconnu le mauvais état de leur monument. La ferraille tombe et une réunion sera bientôt organisée en mairie pour envisager une remise en état.Sachez que parmi les pensionnaires illustres figure la famille Dolto. Avec la tombe de Françoise Dolto (1908-1088), psychanalyste écrivain, et son fils Jean-Chrysostome Dolto, dit Carlos (1943-2008), chanteur. L'inscription N'aie pas peur, je suis le chemin, la vérité et la vie est gravée sur leur tombe commune.Parmi les personnes célèbres on compte aussi Léon Bloy (1846-1917), journaliste, romancier, que le pape a cité dans sa première homélie aux cardinaux parce qu’il vient d’Amérique du Sud et que cet écrivain y était très apprécié. Il habita dans la maison de Charles Péguy au 7 rue André Theuriet.On remarque la tombe de Georges Lafenestre (1837-1919), poète et critique d'art.Léon Azema (1888-1978), architecte, Grand Prix de Rome 1921, fut un des trois architectes du Palais de Chaillot. Il a fait construire toutes les Postes de France. Il voulait une tombe toute simple, avec un rebord, de la terre et du lierre.
La famille n’a pas exhaussé cette dernière volonté et la ville a décidé de se substituer aux descendants en plantant un lierre.
Charles Péguy était un grand sportif. Il portait son sac mais très souvent il se chargeait de celui de ses hommes plus faibles. Il est enterré à Villeroy, avec ses hommes en plaine de Brie.
Il était né en 1873 à Orléans d’une mère rempailleuse de chaises et d’un père menuisier, décédé prématurément. Il vivra dans une grande austérité, fera des études à Orléans, sera boursier et poursuivra au lycée Lakanal. Il sera le premier à employer l'expression "hussards noirs" pour désigner les instituteurs de la III° République après le vote des lois Jules Ferry.
Il vivra quelques années à Bourg-la-Reine qu'il quittera le 2 août 1914 pour rejoindre son régiment. La mairie a voulu lui rendre hommage avec une plaque comprenant un médaillon réalisé d’après la photo prise le jour de son mariage.Le maire raconte le fait historique troublant. Un monument a été érigé en 1930 en souvenir du poète à l’entrée du faubourg Bourgogne où Péguy passa son enfance, au centre d’un square. Au cours de la deuxième Guerre mondiale, il reçoit un éclat d’obus qui lui perce le front à l’endroit même où il fut atteint sur le champ de bataille de Villeroy le 5 septembre 1914, raison pour laquelle il est décidé de le laisser en l’état.
La Crypte du Souvenir, 27 rue de la Bièvre, 92340 Bourg-la-Reine