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« D’après une histoire vraie », Delphine de Vigan (Prix Renaudot 2015)

Par Jsbg @JSBGblog

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Ce livre, j’étais en train de le dévorer et paf !, il a eu le Renaudot. Je l’avais tout d’abord repéré dans une sélection littéraire. Une amie ne m’en disait que du bien, je l’ai vu en promotion chez mon libraire (comme d’habitude, j’étais venue pour un bouquin précis et j’étais repartie avec la moitié du magasin sous le bras). Bref, un concours de circonstance qui m’a poussée à lire D’après une histoire vraie plus vite que prévu et à vibrer avec l’actualité. Je ne savais même pas que le roman était en lice pour un prix mais à quelques chapitres du mot Fin, je ne pouvais qu’approuver le choix du jury.

D’après une histoire vraie est tout d’abord le récit, sous forme de témoignage, d’une amitié soudaine et fusionnelle. Mais au fil du livre, la théorie littéraire s’en mêle : la littérature a-t-elle encore quelque chose à raconter quand elle ne se base que sur la fiction, ou doit-elle émaner de la réalité et s’ancrer fermement dans le concret? Delphine est aux prises avec ce dilemme, elle qui peine à ébaucher son futur roman. Elle cherche à construire une intrigue alors que sa nouvelle amie – sobrement dénommée L. – s’évertue à lui prouver que les lecteurs ne veulent plus que du réel, du palpable. La nature du récit joue sur la même dualité : quelle est la part de vécu et la part d’extrapolation dans ce roman qui, sous son vernis autobiographique, multiplie les indices fictionnels et brouille les cartes ? Du reste, pourquoi se laisse-t-on si volontiers convaincre que tout est véridique et pourquoi cela devrait-il l’être? L’authenticité de L. est également questionnée, à mesure que le mystère autour de sa personne s’épaissit. La relation tourne à l’aigre: exclusive, envahissante, un long dérapage consenti. Le trouble est jeté.

En plus d’adopter une trame qui vire savamment au suspense – l’auteure fait explicitement référence à Misery de Stephen King –, l’écriture de Delphine de Vigan est d’une fluidité remarquable. La reconstitution de cette tranche de vie, avec ce qu’elle suppose pourtant de tâtonnements et de recherche de sens, coule de source. Les phrases se déroulent sous nos yeux comme un tapis moelleux, qui n’empêche cependant pas le doute de s’installer dans nos esprits conquis. Un livre passionnant, qui joue sur plusieurs tableaux avec une grande maîtrise.

– Olivia Huguenin

Delphine de Vigan, Dix minutes par jour (éditions JC Latés, 2015)

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