Un film de Jeanne Herry (2014 - France) avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Pascal Demolon, Olivia Côte
Une nouvelle réalisatrice prometteuse.
L'histoire : Vincent Lacroix est un chanteur populaire, très populaire, qui mène une carrière florissante depuis des années. Muriel en est fan depuis toujours ; elle fait partie de ces groupies qui sont là à tous les concerts, toujours au premier rang, viennent l'embrasser à la fin, sont connues des vigiles, écrivent des lettres... Lorsque Vincent se dispute avec sa compagne, que celle-ci tombe et meurt dans sa chute... dévasté... il pense surtout à sa carrière ! Personne ne croira à l'accident ! Il faut faire disparaître le corps. Mais comment n'être pas soupçonné ? Il pense alors à Muriel... elle n'hésitera pas à lui rendre service. Il lui confie le cadavre, avec des instructions très précises, puis, libre comme l'air, va déclarer à la police qu'il est sans nouvelle de sa petite amie.
Mon avis : Très bonne surprise que ce petit film, très bien fichu, avec une bonne histoire et des acteurs superbes. Si j'ai toujours été convaincue par Sandrine Kiberlain (ici à la fois drôle et... inquiétante), je suis moins fan de Laurent Lafitte, mais je l'ai trouvé ici excellent. Les policiers valent aussi leur pesant de cacahuètes !
Les deux personnages gardent chacun leur part de mystère. Muriel semble fofolle, limite neuneu par moment (d'ailleurs comment peut-on, à cet âge, être autant accro à une star, comme une gamine de treize ans ?), mais au fur et à mesure, on lui découvre une étonnante faculté à organiser les événements, à utiliser ses talents de conteuse pour embrouiller la police... Vincent, lui, brillant, adulé, maître de son destin jusqu'à ce jour tragique, se révèle petit, lâche, vide... Et la fin nous laisse sur ces ambivalences, une porte ouverte sur l'issue finale de cette histoire.
L'affiche est sympa... j'aime bien sa subtilité. La star dans l'ombre, la fan dans la lumière... et son petit doigt ensanglanté.
Toutefois, le film n'est pas dépourvu de quelques défauts. L'attitude de Vincent m'a semblée quelque peu tirée par les cheveux... Il n'appelle pas la police ; il est sans doute persuadé qu'ils ne croiront jamais à l'accident, et il n'a pas envie de tout perdre : sa réputation, sa carrière, sa vie. Certes. Mais de là à passer à l'acte, envelopper le corps aimé (même si elle avait l'air un peu chiante la Julie...) dans une couverture, scotcher le tout au rouleau de déménageur, détruire le portable, puis songer à cette fan pour faire le sale boulot : une mission diabolique et parfaitement (ou presque) imaginée, en quelques heures... n'est-ce pas invraisemblable ?
Par ailleurs, la réalisation hésite entre deux voies : le thriller pur et dur (mais que va-t-elle inventer, cette dingue ?) ou la comédie ; car en effet on rit pas mal, mais ça casse un peu l'effet thriller... forcément. En fait, c'est un peu un nouveau genre : le thriller comique !
Ceci étant, j'ai été très contente de découvrir ce film. Pour un premier long, Jeanne Herry frappe fort. Je suis ravie qu'une réalisatrice française soit née ! Notre cinéma en a bien besoin. Affaire à suivre !
Pour l'anecdote, mais je suis sûre que même ceux qui ne sont pas branchés people le savent, Jeanne est la fille de Miou-Miou et de Julien Clerc (d'ailleurs, c'est rigolo, la carrière de Vincent Lacroix évoque celle de son père, chanteur à succès, surtout aimé des femmes, et même physiquement il y a un petit quelque chose).
Jeanne Herry voulait appeler son film La groupie du pianiste ; France Gall a refusé, comme d'hab. Jeanne s'est donc contentée de quelques paroles de la chanson : elle l'aime, elle l'adore, et finalement ça n'est pas plus mal.
Les critiques et le public ont aimé. 480.000 entrées. Jeanne entre direct dans la cour des grands ! Parmi les rares détracteurs, AVoirALire : "Un postulat de comédie qui devient un thriller incapable de sonder les zones d’ombre de ses personnages. On reste mitigé." : ce n'est pas faux, c'est un peu ça que je reprocherais au film.
NOTA BENE : Suite aux attaques de Paris, nous sommes tous encore sous le choc et il est probable que peu d'entre vous ont lu le billet que j'avais écrit hier matin sur Les mains en l'air, ne sachant pas encore ce qui était arrivé. J'aimerais bien que vous retourniez y jeter un oeil, car c'est troublant : j'y parlais justement du problème de Poutine vs les Tchétchènes et le parallèle, sachant ce qui était en train de se passer, est affligeant...
Par ailleurs, et puisque la Russie est un pays cher à mon coeur, s'il-vous-plaît n'oubliez pas qu'il y a une semaine 225 Russes sont morts dans un avion abattu par les mêmes terroristes que les nôtres. Personne n'en a parlé hier à la télé, j'ai trouvé ça dur. Merci d'avoir une petite pensée pour eux. Nous n'avons pas le monopole du malheur.
Саша, я тебя, я вас люблю...