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Dans la vie d’un bordel malaisien (1/2)

Publié le 20 novembre 2015 par Alanlimo @ChristoChriv

Dans la vie d'un bordel malaisien (1/2)

Cet été, j'ai passé quelques jours en Malaisie sur le chemin de mon voyage en Indonésie. En effet, depuis Paris, on trouve facilement des vols pas chers vers Kuala Lumpur, pour moins de 500 € - et puis, le visa gratuit indonésien ne durant que trente jours, Kuala Lumpur se révèle être la destination la plus simple où aller passer quelques jours avant de revenir en Indonésie.

Seulement, voilà : il n'y a pas grand chose à faire à Kuala Lumpur, à part visiter les centres commerciaux, faire du shopping, acheter des vêtements pas chers, bien manger, et voir des temples par-ci par-là. Alors que je m'ennuyais ferme dans ma chambre d'hôtel, j'ai donc eu une brillante idée : aller dans un bordel voir à quoi ça ressemble.

Kuala Lumpur, nouvel eldorado du tourisme sexuel

C'était le moment parfait pour faire cette expérience, qui a toujours titillé ma curiosité. Le moment parfait - car ma petite amie n'était pas là (mais au courant de mon entreprise), car je m'ennuyais, car les bordels malaisiens sont relativement bons marchés et faciles à trouver, et parce que Kuala Lumpur est en train de devenir l'un des plus gros hubs mondiaux du tourisme sexuel. Et ça, c'est nouveau, et j'avais envie d'essayer de comprendre (un peu) pourquoi. Satané curiosité journalistique.

Je me suis donc mis à chercher sur internet tout ce qu'il fallait savoir sur les femmes (et les hommes) qui proposaient leurs corps dans cette ville. Malgré le fait que la Malaisie censure une bonne partie de l'Internet, et malgré le fait que la plupart des Malaisiens soient musulmans, je n'ai rencontré aucun problème pour trouver de nombreuses adresses de bordels, de maisons de passe, de salons de massage et autres bars où venir choper une fille le temps d'un soir moyennant une certaine somme. Certains sites permettent de voir les photos des filles qui travaillent dans l'établissement (avec des notes sur cinq, des commentaires sur les prestations offertes, sur le caractère de la fille ...) mais la plupart des sites internet ne montrent que des visages floutés. Peu importe, la vue des corps dénudés (ou habillés) suffit à mettre un homme en émoi.

Celles dont on voit le visage ne sont pas particulièrement jolies, ni même sexy, malgré leurs minois langoureux et leurs poses cambrées ; mais, en regardant leurs visages, je me pose un tas de questions ; du pourquoi, du comment, de l'incompréhension, des doutes, des idées, des hypothèses et des envies de comprendre que je ne pourrais satisfaire qu'en allant parler avec elles.

Comme une évidence, je finis donc par jeter mon dévolu sur l'un des deux seuls établissements qui montre le visage des filles. Il a pignon sur rue, situé au sous-sol de l'un des plus grands centres commerciaux (" mall ") de la ville ; il suffit de traverser les galeries de magasins de vêtements, de parfums, de produits high-tech et de restaurants pour prendre un escalator menant tout droit vers l'établissement.

Tous les établissements ont pignon sur rue

J'entre. Et l'intérieur, d'une irréprochable propreté, me donne l'impression d'être dans un spa : tous les employés sont habillés d'un uniforme plutôt chic et sobre, or et brun foncé. Le décor - de bambous, de bougies, de fauteuils en cuir à l'aspect moelleux, est agrémenté d'un parfum d'encens et de santal qui, curieusement, se révèle être agréable. Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi soigné pour un endroit qui loue des corps à moins de 40 € la demi-heure.

La réceptionniste, plus jeune que moi, ronde, petite, coupe au bol et d'allure déjà acariâtre, remarque tout de suite mon air hésitant. " Qu'est-ce que vous voulez ? " me demande-t-elle sans ménagement, d'une façon qui contraste tout à fait avec la politesse et l'affabilité qui caractérise les employés de Malaisie.

- " Euh ... voir les filles ? "

D'un air sec, elle me dit de m'asseoir sur l'un des fauteuils - quelqu'un viendra " s'occuper " de moi. S'occuper comment ? Qui ? Déjà ? Sans que je puisse choisir ? Bordel ! Qu'est-ce que je fais ? Je pars ? A moitié par entêtement, à moitié tétanisé, j'obéis et je vais poser mes fesses sur le premier fauteuil que je rencontre.

Un jeune homme, petit, sec, et d'origine indienne, s'approche avec beaucoup de déférence et me demande si je veux un thé ou un café. Je lui répond que oui, avec assurance, avec mépris, presque avec agacement, comme j'ai vu deux autres clients le faire avant moi et comme, je suppose, il s'attende à me voir faire.

Un autre jeune homme en uniforme s'assied ensuite à côté de moi. Il doit avoir dans les 24 ou 25 ans, et arbore les lunettes et le visage joufflu des asiatiques qu'on dirait intelligents et sympathiques. " My name is Edward " me dit-il.

- " Oh, salut, moi c'est Chris. "
- " Err.. Salut Chris" . A sa réaction, j'ai l'impression qu'il n'est pas habitué à connaître le nom de ses clients. " Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? "
- " J'aimerais ... Euh ... Voir les filles ? "
- " Est-ce que tu sais déjà quelle fille tu veux ? Ou quel genre de fille tu veux ? "
- " Pas vraiment. C'est la première fois que je viens ici, est-ce que tu peux m'expliquer comment ça marche et quels sont les tarifs ? "

40 € pour consommer un bout de l'âme de quelqu'un

Il sort une tablette et me montre les photos que j'ai déjà vu sur le site internet.

- " Voici quelques-unes de nos filles. Nous avons quatre catégories de filles : les Laotiennes, Cambodgiennes, Thaïlandaises et Vietnamiennes coûtent 40 € pour une demi-heure. Pour les Chinoises, c'est un peu plus cher : 60 €. Pour les Russes, c'est 85 € et si tu veux une 'locale', c'est 100 €. "

Les tarifs proposés m'étonnent - 40 € ? Pour un " one shot " (comprendre : une seule éjaculation) ? Ca me semble dérisoire pour consommer un bout de l'âme de quelqu'un. La " hiérarchie " des nationalités est également une surprise : sur quoi est-elle basée ? Sur la loi de l'offre et de la demande ? Sur les fantasmes des clients ? Sur leur consommation de vidéo pornographique ? Pourquoi les Chinoises sont-elles aussi " chères " ? J'aurais pourtant cru qu'elles seraient, au contraire, une ressource abondante et bon marché, bas-de-gamme, comme elles peuvent l'être en Europe. Mais Edward me répond que les clients des bordels malaisiens, qui viennent majoritairement de Malaisie, d'Inde, du Pakistan, d'Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, d'Oman et du Qatar, aiment bien les Chinoises parce qu'elles sont moins chères que les Japonaises, mais ont également la peau plus claire que les Thaïlandaises ou que les Laotiennes.

Et puis, la plupart des vidéos pornographiques consommées en Asie (et au Moyen-Orient) viennent des Etats-Unis, de Chine et du Japon. A défaut de pouvoir se payer une " blanche ", souvent Russe - qui sont néanmoins les filles les plus demandées - on se paie donc une Chinoise.

(à suivre)

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