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[Critique] THE GUEST

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] THE GUEST

Titre original : The Guest

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Adam Wingard
Distribution : Dan Stevens, Maika Monroe, Leland Orser, Brendan Meyer, Lance Reddick, Ethan Embry, Joel David Moore…
Genre : Thriller/Action
Date de sortie : 18 novembre 2015 (DTV)

Le Pitch :
Un ancien soldat se présente un beau matin à la famille de l’un de ses camarades tombés au combat. Aimable et serviable, il cache en réalité un lourd secret qu’il est prêt à protéger à n’importe quel prix…

La Critique :
Adam Wingard est un petit malin. Remarqué avec son féroce et violent You’re Next, l’un des films d’horreur les plus efficaces de ces dernières années, il bénéficiait d’un boulevard pour offrir à son nouveau projet une exposition idéale. Le truc, c’est qu’au lieu de continuer sur sa lancée et de rester dans le même registre, Wingard a emballé une pure série B d’action dont le seul point commun avec You’re Next réside dans le fait que dans les deux films, il est question d’une invasion. Mais là où You’re Next respectait à la lettre les codes du home invasion horrifique, The Guest va dans l’autre sens et instaure un suspense plus proche de ces thrillers bien bourrins qui florissaient dans les vidéo-clubs dans les années 80/90.

The-Guest

Le postulat de départ est donc très simple et ne s’embarrasse pas d’une mise en place très élaborée. Un type que personne ne connaît se présente à des parents et joue sur le fait qu’il a très bien connu leur fils tombé au front. Il donne de précieux conseils d’auto-défense au frère du défunt qui se fait tabasser à l’école, et drague gentiment la sœur canon en mal de repères. Le gars est costaud et beau-gosse, et son regard mystérieux indique clairement qu’il cache un truc. En fait, il s’agit d’un psychopathe doté de compétences mortelles. Là encore, quand tout s’emballe, le scénario ne cherche pas à cacher son caractère un peu crétin et privilégie de plus en plus l’action. Le gars en question commence à buter des types sans aucune raison apparente sans chercher à se cacher. On ne sait jamais trop pourquoi et le semblant d’explication qu’on tente de nous faire avaler ne suffit pas à conférer au spectacle une quelconque profondeur.
Pour autant, The Guest est efficace. Et ce pour une principale raison : son côté « old school ». Une patine vintage notamment visible dans l’incroyable bande-son qui lorgne méchamment du côté des volutes enveloppantes de John Carpenter en distillant un puissant parfum inhérent aux années 80, aux forts relents new wave. Regroupant des artistes comme Survive, Love and Rockets ou Sisters Of Mercy, la bande-originale est parfaitement raccord avec l’ambiance voulue et, chose rare, définit complètement l’identité du long-métrage. Elle cadence le rythme, souligne les émotions et les accès de violence, et au final, contribue à faire de The Guest une œuvre graphique à part entière.

C’est une chose rare de voir la musique d’un film le tirer en permanence vers le haut au point de presque s’imposer comme un personnage à part entière. De contribuer à lui offrir une légitimité que le scénario et les intentions du récit n’auraient pas réussi à construire sur la longueur. En cela, The Guest est bel et bien un film d’action bas du front, mais il a surtout une belle gueule. Comme un long clip un peu hors du temps, traversé de petits moments de bravoure qui pardonnent le côté bancal du scénario et le manque de charisme du personnage principal.
Il est néanmoins important de souligner que cette ambiance si particulière devrait avoir plus d’impact sur ceux qui ont construit leur cinéphilie durant les années 80, tant le film semble s’adresser directement à eux et pas nécessairement aux nouvelles générations. The Guest a le cul entre deux chaises mais au fond, ce n’est pas grave, tant qu’on capte le second degré.
Alors oui, Adam Wingard est malin. Il sait très bien que son nouveau film ne va pas chercher midi à quatorze heures. C’est aussi pour ça qu’il s’applique sur la forme quitte à envoyer valser la logique. Comme lors de ce final improbable où le réalisme est sacrifié sur l’hôtel d’une cinématographie relativement racée. Idem pour les personnages, pas spécialement profonds, mais répondant pour certains à cette volonté de tout d’abord privilégier la forme. Maika Monroe en particulier, avec sa blondeur virginale et son regard incandescent, dont la performance, qui intervient après le troublant It Follows, cristallise l’intégrité de la démarche à elle seule.
Pour le reste, libre à chacun de ne voir en The Guest qu’un thriller bancal et brutal aux vagues accents horrifiques. Au fond, lui ne prétend pas à autre chose.

@ Gilles Rolland

The-Guest-Maika-Monroe
Crédits photos : TF1 Vidéo


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