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Djibouti

Publié le 23 novembre 2015 par Lorraine De Chezlo
DJIBOUTIde Pierre Deram
Roman - 120 pages
Editions Buchet Chastel - août 2015
C'est demain que Markus rentre à Paris. Demain. D'ici là, il y aura sa dernière nuit djiboutienne, ses dernières heures nocturnes dans la ville sublime de laideurs et de perditions, ces moments sombres et violents au milieu des légionnaires débridés, ces instants inévitables auprès des putains éternelles. 

Tu prends un sacré coup de vieux lorsque le roman dont tu apprécies tant la plume est celle d'un jeune homme né en ....1989. Pierre Deram nous entraîne en 100 pages dans une nuit djiboutienne au côté d'un militaire qui erre, qui se laisse porter, qui se laisse absorber par une mélancolie poignante et une violence poisseuse.
Extrait :"L’atmosphère était devenue grave, les hommes avaient pâli, quelques blagueurs essayaient de réchauffer l’ambiance. Couché sur la table, Ceriset se refusait toujours à parler. On lui versa dans la bouche quelques rasades de vodka tandis qu’un peu plus loin, Fouchet, assis sur une chaise, se faisait bander la tête.
– C’est assez, dit Markus, lassé du spectacle – et tandis qu’il faisait demi-tour et se dirigeait vers la sortie, il se souvint d’avoir vu Ceriset plus tôt dans la soirée, un verre d’alcool par-dessus la tête, complètement ivre et criant « Fuck la life ! » et alors, oui, il lui semblait comprendre ce que cela voulait dire, que l’exacte définition de la fête – cette envie de libération maintenant et pour toujours, cette dépense sans retour ni calcul – que l’exacte définition de la fête était aussi l’exacte définition de la mort."

Les phrases sont ciselées, leur poésie nous berce, autant que la brutalité des scènes nous heurte, nous déçoit, nous désillusionne à volonté. Et puis l'auteur fait transparaître une immense crédibilité, une authenticité, une vérité. Il n'a de cesse de mettre la lumière sur l'obscurité, d'éclairer le lecteur en lui intimant une tolérance, une compassion vis-à-vis d'humains seuls et torturés, ne sachant pas s'aimer bien, mais s'aimant comme les soldats aiment les putains.Très très beau premier roman.
L'avis de Jérôme - D'une berge à l'autre
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