Magazine Entreprise

Mohamed Chérif Belmihoub. économiste «Il faut créer l’urgence d’aller vers la diversification»

Publié le 23 novembre 2015 par Ouadayazid1
Mohamed Chérif Belmihoub. économiste «Il faut créer l’urgence d’aller vers la diversification» La diversification de l'économie est au centre des débats depuis des années, mais le pas n'a pas encore été franchi. Comment expliquez-vous cela ?

Avec un baril de pétrole à plus de 100 dollars, l'on ne s'occupait pas de cette question. En plus, la diversification n'est pas facile d'abord. Cela met en cause des positions dans le système économique, cela met en cause également certaines positions de monopole dans le système productif.

La diversification n'est pas facile à mener sur le plan technique. C'est de l'ingénierie, de l'analyse et de l'évaluation. Ce que notre administration économique n'a pas l'habitude de faire.

Une étude sur la diversification de l'économie a déjà été faite par le Commissariat général à la prospective et la planification, mais sans suite...

Cette étude n'a pas été achevée. Elle était sommaire, elle n'a pas été dans les détails. Il fallait la compléter bien sûr. Il fallait analyser les filières et identifier là où on a des avantages compétitifs. Ce travail n'a pas été fait.

Donc, cette étude s'est soldée par des recommandations pour diversifier l'économie, mais elle n'a pas donné le mode opératoire et par où commencer. Aujourd'hui, aussi, on ne l'a pas fait.

Qu'en est-il justement du mode opératoire ?

Il faut créer l'urgence d'aller vers la diversification. Maintenant, il faut mettre en place un organe chargé uniquement de la diversification. Un organe dans lequel il n'y aura pas que l'administration parce que si on confie ce dossier à l'administration, l'organe sera cassé.

Maintenant, si on implique des industriels, des universitaires, des entrepreneurs et l'administration bien sûr qui va prendre en charge le mode opératoire, il faut mettre en place en urgence un organe totalement dédié à la diversification pour lui permettre d'être l'interface des administrations et des entrepreneurs.

C'est tellement complexe qu'il faut à chaque fois obtenir des consensus pour avancer. Sinon, la diversification que vous mettez en place risque d'être remise en cause parce qu'il y a beaucoup d'intérêts.

Le FCE propose la réinstallation du Commissariat général à la prospective et la planification pour mener la diversification. Est-ce suffisant ?

Pourquoi pas. Le retour d'une administration qui aille au-delà des ministères sectoriels.

Car, aujourd'hui, chaque ministère a un bout de la responsabilité. Maintenant, il faut mettre quelque chose de solide rattaché à la Présidence ou au Premier ministère avec des moyens conséquents. Ce n'est pas un organe d'exécution.

Les animateurs de la Journée d'entreprise consacrée à la diversification recommandent de développer l'innovation et d'améliorer la gouvernance. Des conditions nécessaires pour la mise en place d'une Economie fondée sur la connaissance, un dossier sur lequel le CNES a déjà travaillé, mais sans suite aussi...

C'est un rappel. Vous savez, tant que le pétrole était à 120 dollars, aucun dossier ne passait parce qu'on n'en avait pas besoin. C'est comme le ministère des Finances - je ne parle pas de l'Algérie - qui a des difficultés à boucler son budget, il va chercher des niches fiscales.

En Algérie, on n'a pas ce problème jusqu'à présent. Maintenant, on commence à avoir des difficultés sur le plan économique et on commence donc à chercher des solutions. A travers notamment la diversification. C'est encore plus grave parce qu'on n'aura les résultats que dans dix ans.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ouadayazid1 3105 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines