Encore porté par les dernières notes du quintette de Weinberg, le public quitte lentement la salle Pasteur. Mais il n'est pas obligatoire de quitter le Corum où, dans une des grandes salles des étages supérieurs, un lunch attend les amateurs désireux de prolonger cet état de grâce par un échange convivial. Rien de mieux pour cela qu'un bon verre et quelques agréables nourritures.
C'est justement devant la longue table du buffet que j'engage la conversation avec Olivier Jung, l'un des interprètes du concert de la matinée, mais, interpellé par d'autres musiciens, il s'éloigne me laissant continuer la conversation avec Benoît Levesque.
On parle de Weinberg, de ses sonorités Beethoveniennes, d'Ullmann, plus difficile, et de musique...en général. " Et le tango, qu'en pensez-vous ? " Dans le même moment je comprends que je suis en train de parler avec un musicien, j'aurais du m'en douter, membre de l'Orchestre où il occupe un pupitre de contrebasse solo et aussi, avec l'un des membres du quatuor Spiritango. Atypique, n'est-ce pas ! Benoît est à l'aise et parle avec autant de sérieux et de persuasion de ces " Musiques interdites " que de Piazzolla. " Où peut-on vous écouter ? ". Les concerts sont prévus, l'agenda bien fourni, mais il faudra se rendre en région parisienne, à Paris ou à Auxerre pour apprécier leur talent.
Heureusement il y a le disque et puisque disque il y a, plusieurs même, autant parler du dernier avant de pouvoir l'écouter. " Chin Chin " , c'est son titre, reprend des œuvres connues et moins connues d'Astor Piazzolla et effectue quelques incursions chez les nouveaux compositeurs argentins et même dans la musique de film, avec Frédéric Devreese, un compositeur belge. Sur un projet d'entretien, nous nous sommes dirigés, à nouveau, vers la salle Pasteur pour la Table Ronde, non sans la promesse de Benoît de m'envoyer leur dernier opus. Promesse tenue et bonne surprise au rendez-vous ! À la troisième audition, c'est décidemment une très bonne interprétation revisitant le tango pour une lecture nouvelle.
Laissons Michèle Fizaine ( Midi Libre, Mars 2015) nous offrir ses impressions, très semblables aux miennes : " L'accordéon de Thomas Chedal donne son émotion, le violon de Fanny Gallois ses cadences et ses cris. La pianiste Fanny Azzuro est intense, et Benoit Levesque enchante sa contrebasse aussi lyrique que percussive. On est très ému par Tangata et par un Libertango porté aux nues. "
Une rencontre musicale inattendue, une pierre de plus à apporter à la construction idéale d'un palais de la Musique dont on rêve.
Les concerts, cela nourrit - le lunch était sympa. Merci ! - mais donne aussi l'occasion de ces rencontres improbables. Aujourd'hui je repars plus riche de Weinberg découvert mais aussi de Piazzolla retrouvé.
SpiriTango Quartet
" Énergie, harmonie, enthousiasme et créativité " : quatre mots décrivant l'essence du SpiriTango Quartet. En cinq ans d'existence, ils ont exploré un vaste répertoire varié mêlant tango traditionnel, tango nuevo, musique contemporaine et créations.
Après avoir étudié au Conservatoire de Paris notamment avec Ami Flammer et Jean-Noël Crocq, ils sortent en 2013 leur premier album Rage consacré à la musique d'Astor Piazzolla, puis en mars 2015 un deuxième opus " Chin Chin ", ouvrant leur univers à d'autres compositeurs. Ils se perfectionnent également auprès de Richard Galliano, Hervé Sellin, Juan José Mosalini, ainsi qu'avec le Quatuor Ebène.
On peut se procurer " Chin chin " sur le site de la Fnac, Amazon, Qobuz en téléchargement standard et haute définition. En commande directe auprès du quartet il faut envoyer un mail à [email protected]
Vidéos
Libertango
Concert de 2013
France Musique, septembre 2015
LienSite officiel : http://www.spiritangoquartet.com/