Un four intelligent, un appareil qui choisit la musique adaptée à la situation, des verrous qui s’activent à distance et beaucoup de capteurs: la smart home du futur ne sera pas seulement connectée, elle sera consciente. Petit tour des nouvelles tendances de la smart home.
Au Web Summit 2015 à Dublin, Lionel Paillet, directeur général de Nest en Europe, se souvient d'un temps pas si lointain où les produits smart home censés rendre le domicile plus efficace et plus pratique étaient "inesthétiques et pas très engageants". Leur utilisation était compliquée, l'obsolescence intervenait très vite et c'était surtout très onéreux. En bref, "ce n'était pas du B2C mais du B2G, G comme Geeks". Aujourd'hui, les objets sont souvent connectés mais cela reste au consommateur de les déclencher et de s'assurer que la batterie n'est pas morte, que le wifi fonctionne... Or selon Lionel Paillet, "connecté ne signifie pas intelligent". "L'objectif est que les appareils agissent d'eux-mêmes, sans avoir besoin que quelqu'un n'appuie sur un bouton”.
Pour cela, il faudrait des capteurs partout: qu'ils puissent détecter la présence de personnes et soient capables de réagir. Les produits smart home de la prochaine génération seront également interconnectés et communiqueront les uns avec les autres. Comme dit Chris Rill de la start-up Canary (dont nous avions déjà parlé), “quand on parle de la maison intelligente on fait en réalité référence à la maison consciente.” Pour l'instant, certains nouveaux appareils se rapprochent de cet idéal et sont justement dotés de multiples capteurs pour en simplifier l'usage. "Le consommateur n'a plus besoin d'être ingénieur pour les faire fonctionner", ajoute le DG de Nest.
Le four June transforme l'utilisateur en chef.
C'est le cas par exemple du June Intelligent Oven, le nouveau four intelligent de l’entreprise June. “Imaginez que vous ayez un saumon à préparer pour le dîner, vous le mettez dans le four, vous connectez le thermomètre et cela vous recommande le parfait programme de cuisson pour ce plat en particulier”, explique au Web Summit Matt Van Horn, co-fondateur et CEO de la start-up san-franciscaine. Grâce à sa caméra intégrée, aux capteurs de température, de poids et au processeur de 2,3 Ghz, le four transmet les données à l’application smartphone et alerte l’utilisateur quand le repas est prêt. ”Cela concerne les personnes qui veulent une cuisson automatique, pour les cuisiniers expérimentés et les passionnés, des fonctionnalités avancées leur permettent même de créer leurs propres programmes et de demander au four d’activer tel mode à telle température par exemple”, précise Matt Van Horn. Dans la cuisine, le four sert aussi pour peser les aliments, convertir les unités de mesure et de minuteur.
Continuons le tour de la smart home moderne. Dans le salon, le petit appareil pyramidal Prizm détecte le nombre de personnes présentes, reconnaît leurs goûts musicaux et s’adapte au contexte pour proposer la playlist idéale. La start-up française lauréate du prix CES Innovation dans la catégorie Smart Home, mise également sur la simplicité. Il suffit de connecter Prizm au compte de streaming (Deezer, Spotify…) et aux enceintes et d’appuyer sur play. Grâce aux smartphones des personnes présentes ou à leurs bracelets connectés, Prizm sait si c’est un dîner aux chandelles ou une pendaison de crémaillère et choisit les meilleurs morceaux en fonction des habitudes d’écoute de chacun. Pour améliorer l’efficacité des algorithmes, l’utilisateur peut interagir avec l’objet intelligent et appuyer sur le coeur s’il aime le titre ou sur la croix dans le cas contraire. Prizm est complètement autonome mais peut être contrôlé via une application smartphone. Les premières unités seront disponibles à la fin de l’année au prix de 149 euros.
Dans l’entrée, les produits August sécurisent la smart home. Leur philosophie est qu’une porte n’est pas seulement faite pour empêcher les mauvais personnes d’entrer mais sert aussi à laisser passer celles qui sont attendues. C’est la raison pour laquelle l’entreprise a tout récemment conclu un partenariat avec une douzaine de sociétés de services (ménage, livraisons, promenades de chiens, pressing, service à la personne âgée…) qui pourront aux moments choisis par l’utilisateur accéder aux parties du domicile prédéfinies. Une plateforme August Access, créée pour l’occasion ainsi que trois nouveaux produits seront prochainement mis sur le marché: August smart lock - Homekit enabled, August Doorbell Cam et August Smart Keypad.
Le premier s’utilise sur iPhone via Siri, et se contrôle donc par la voix: c’est un verrou intelligent qui peut être actionné à distance. Le Smart Keypad complète ce Smart Lock, c’est un digicode amélioré puisqu’un nouveau code est généré automatiquement pour chaque utilisation. Enfin, le Doorbell Cam est, comme son nom l’indique, une sorte d’interphone muni d’une caméra qui permet de voir qui sonne ou s’approche de la porte et de la déverrouiller de n’importe quel endroit. “Ces produits sont très faciles à assembler, installer et utiliser”, précise au Web Summit Jason Johnson, co-fondateur et CEO d’August. Mais quid du danger de piratage? “On a passé un temps considérable à résoudre le problème de la sécurité, le produit est tellement important qu’il vaut la peine de prendre le risque, l’utilisateur doit maintenant se fier à l’entreprise”.
À propos du risque, George Yianni, head of technology de Philips confesse à Dublin que sa plus grande peur à propos du nombre croissant de produits connectés n’est pas la concurrence parce chaque produit lancé permet de sensibiliser les consommateurs, “mais c’est que l’un de ces produits soit piratable et que cela fasse du mal à l’ensemble du marché”. En plus d’être connectée et consciente, la smart home du futur devra surtout être fiable et sécurisée.