Agathe clery - 3/10

Un film de Etienne Chatiliez (2008 - France) avec Valérie Lemercier, Isabelle Nanty, Artus de Penguern, Valentine Varela, Dominique Lavanant, Jacques Boudet, Anthony Kavanagh

Moins pire que ce que je croyais.

L'histoire : Agathe est directrice marketing dans une grande entreprise de cosmétologie, et par ailleurs fort raciste. Du genre à éliminer de la pile les CV des candidats noirs. Et puis un jour, alors que ses amis ne cessent de la féliciter pour son teint radieux, et lui demandent si elle fait des UV, Agathe doit se rendre à l'évidence : elle est anormalement bronzée. Le médecin décèle une rare maladie orpheline : elle va devenir noire. De fil en aiguille, elle perd son job, son petit ami et va comprendre ce que vivent les noirs...

Mon avis : J'avais entendu tellement de mal de ce film que je me suis bien gardée de le voir pendant des années. Et puis l'autre soir, je vadrouillais dans mes DVD, je suis tombée dessus et comme j'étais fatiguée, je me suis dit que ça au moins, ça ne me prendrait pas la tête. Et c'était rendre hommage à Chatiliez dont j'ai tant aimé les films précédents. On ne peut pas juger un film si on ne l'a pas vu, non ?

Et bien ma foi, s'il est clair que ce n'est pas sa meilleure cuvée, et de loin, ce n'est pas si désagréable. Ce qui est grandement dommage, c'est que le film manque de l'ironie acide à laquelle le réalisateur nous avait habitués, et sur un sujet qui pourtant auraît dû pour lui être un formidable support : le racisme. Là, on tombe dans une petite histoire rigolote, mais qui ne dénonce pas vraiment, qui n'accroche pas, qui ne dérange pas. La moralité à deux balles est extrêmement décevante. Une seule petite réplique m'a vraiment amusée, mais c'est aussi probablement à cause de la tête que fait son interprète, Isabelle Nanty. Questionnant Agate sur sa nouvelle boîte qui n'embauche que des blacks, beurs ou asiatiques :

- Ils font quoi ?

- De l'informatique, internet, 3G, tout ça...

- Et il n'y a pas de blancs ?

- Non aucun.

- Et ça marche ?!!

C'est plutôt au niveau de la réalisation que j'ai été surprise, étonnée, parfois charmée. Je ne savais pas que c'était une comédie musicale. La hardiesse était donc là où on ne l'attendait pas ! Car ce genre, en France, quasiment plus personne n'ose s'y attaquer depuis Jacques Demy. La France intello bobo éprouve toujours quelque mépris pour ces ritournelles, si prisées autrefois... Et là j'avoue que le décalage entre le sujet, très sérieux finalement, et le traitement, grand spectacle et donc léger, ne fonctionne pas vraiment.

Un joli générique d'abord, poétique à souhait. Et symbolique puisqu'il s'agit de petits cygnes blancs, bien sûr, en papier découpé et plié, qui dansent et évoquent naturellement le fameux Lac des Cygnes, où l'oiseau noir vient semer le trouble...

Et puis les petites chansons et les chorégraphies sont assez charmantes (sauf Valérie Mercier en Michael Jackson, qui m'a bien énervée ; on n'imite pas, on ne copie pas Michael Jackson ; le génie est inimitable, s'y frotter c'est forcément le ridiculiser).

Par contre, le tout traîne en longueur avec une romance complètement téléphonée...

Bref, je n'ai pas franchement détesté. Mais je n'ai rien d'autre à dire non plus...

A part ceci : la maladie d'Addison existe bel et bien, mais ne donne pas un beau teint  uniformément chocolat comme dans le film. Elle se traduit par des problèmes de (dé)pigmentation (le président Kennedy en était atteint), mais pas que.

Critiques désastreuses, aussi bien professionnelles que public... mais 1.250.000 entrées en France. Le paradoxe français.