Un film de Angelina Jolie (2015 - USA) avec Jack O'Connell, Domnhall Gleeson, Garrett Hedlund, Alex Russell, Jai Courtney, Miyavi
Sacrée gonzesse, cette Angie.
L'histoire : Années 30. Louis Zamperini, fils d'immigrés italiens qui ne parlent pas (encore) l'anglais, constamment moqué par ses camarades, se défoule en se livrant à de la petite délinquance. Ses parents sont désespérés... Son grand frère, quand il voit le petit courir pour échapper à ses harceleurs ou aux flics, constate qu'il a des qualités sportives évidentes. Il se met à l'entraîner : cela l'occupera et lui donnera un but dans la vie, devenir un champion par exemple. Tant et si bien que le jeune Louis arrivera bientôt à être qualifié pour les J.O. de Berlin, 1936, pour les 5000 mètres. Mais la guerre éclate. Successivement bombardier, naufragé 47 jours en mer, puis prisonnier des Japonais... l'homme est un résistant. Un résilient, comme on dit aujourd'hui.
Mon avis : Oui, d'accord, je suis hyper fan d'Angelina, donc mon avis est subjectif. Peut-être. Car je crois, à mon grand âge, être en mesure de faire la part des choses. Si elle fait un jour un navet, je le dirai. En attendant, cette femme m'épate et m'éblouit. Comment arrive-t-elle à faire tout ça ? Actrice, réalisatrice, ambassadrice pour l'ONU, maman de six enfants, problèmes de santé (dont deux opérations lourdes ces dernières années)... et pourtant elle a une pêche extraordinaire, une énergie de dingue, et tous les journalistes qui l'interviews louent unanimement sa gentillesse, sa simplicité et son intelligence. A quoi tu te shootes, Angie ? Les méchants vont me dire, pfff, elle a au moins six nounous, six assistantes, etc. etc. Ouais, mais quand même. Moi je ne me verrais pas gérer 20 personnes à la maison, des déplacements constants... et la réalisation d'un film comme Invincible.
Parce que c'est bien. Rien à dire. On ne peut pas la taxer d'amateurisme. Ni qualifier ses films de caprices d'enfant gâtée. J'en ai vus deux (cf. Au pays du sang et du miel), et les deux m'ont scotchée. Et mon homme aussi. Qui lui, n'est pas spécialement amoureux d'Angelina, et se moque souvent de moi. Comme cet été, où nous sommes passés près de leur maison dans le Var et que, quand j'ai vu le vigile, je voulais descendre de voiture pour aller lui demander s'ils étaient là ! Et qu'il a appuyé sur l'accélérateur en me disant "Non mais... t'es pas un peu malade ?". Pff...
Les Jolie Pitt étaient voisins de Zamperini à Los Angeles et étaient devenus amis. Lorsque le projet est sorti dans les cartons d'Hollywood, Angelina a décidé que ce serait elle qui le ferait, et éliminé ses concurrents. Et toc.
Réalisation impec, de belles images avec des cadrages originaux, intéressants (les petites pattes de l'albatros... pauvre albatros...), une belle histoire (vraie) et des acteurs très très convaincants. Ce n'est pas la première fois que je vois ce petit Jack O'Connell, formidable... et je pense sincèrement qu'il va aller loin. Il a dû perdre 17 kilos pour le film... pour passer du jeune soldat tonique au naufragé puis prisonnier affamé.
Incroyable destin, donc, que celui de ce môme, issu d'un milieu des plus modestes, candidat olympique, puis combattant courageux pendant la Seconde Guerre mondiale, ensuite suffisamment endurant pour supporter 47 jours sur un bateau pneumatique en pleine mer, puis deux ans dans un camp de prisonniers au Japon, où les Américains sont torturés, mentalement et physiquement... Waouh. Et le petit père, à 80 ans, faisait un marathon au Japon ! Il est décédé en 2014, à 97 ans, pendant la promo du film. Un homme dont nous, Européens, n'avions jamais entendu parler. Vous, si ? Ah bon.
A noter que Zamperini n'a pas gagné de médaille aux J.O., il a fini 8e, mais avec un sprint final qui impressionna son temps. Pour la petite histoire... le gamin, qui n'avait jusqu'alors jamais vraiment mangé à sa faim, est devenu fou en voyant l'abondance de mets, gratuits, à disposition de l'équipe nationale. Il en a bien profité (et son corps en avait besoin), mais il a pris 7 kg qui l'ont sans doute gêné pour sa course !
Ca laisse pantois, les gens au mental si fort qu'ils traversent les pires épreuves avec une capacité de résistance inouïe... Ils sont des modèles pour l'humanité de couards que nous sommes. Pas vous ? Moi si.
Ce que j'aime dans les films d'Angelina, c'est que, sans faire dans le gore, elle ne minaude pas avec la violence. Elle la montre, ou la suggère, crue, dure, absurde. Je trouve toutes les scènes sincères, authentiques, sans fioriture, sans dramatisation excessive, sans effet mélo. C'est brut de pomme, sincère. Un peu à la manière de Kathryn Bigelow. Avec un petit quelque chose en plus : un sens aigu de l'esthétique.
Ca débute d'ailleurs avec une magnifique séquence de combats aériens. Assez original, on n'en voit pas très souvent au cinéma. Spectaculaire mais, probablement, très compliqué à tourner. Et pourtant c'est réussi, à la fois dur (j'ai sursauté... tel un spectateur de 1900 croyant que le train allait sortir de l'écran pour foncer sur lui) et saisissant de beauté. Tous les plans, de toutes façons, sont généralement très beaux.
Le bémol ? Peut-être un tout petit peu trop long (2h10), surtout la partie chez les Japonais. Qui fait très souvent penser au méconnu Furyo, que j'adore. Tiens, faut que je le revoie, celui-là.
Vous noterez que je freine mon enthousiasme car je ne mets "que" 7,5. C'est un peu - je crois - pour compenser le fait que j'ai peur d'être taxée de fan aveuglée par l'amour...
Le film a reçu plusieurs récompenses. 730.000 entrées en France, pas mal ! Les critiques sont pourtant mitigés, et divisés. Certains aiment beaucoup, d'autres reprochent au film d'être trop lisse (ah bon ?), trop patriote, trop consensuel. Trop "Angelina Jolie", aussi, j'imagine. On n'aime pas les gens qui ont de multiples talents, en France. Les spectateurs, eux, ont assez unanimement apprécié : on leur a raconté une belle histoire. Et c'est ça qu'on demande au cinéma, non ?
Angelina et Louis Zamperini