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Un film des frères Coen: Barton Fink

Publié le 10 juin 2008 par Ariane_

Barton Fink
Barton Fink, jeune dramaturge timide, devient la coqueluche du théâtre new yorkais. Sa pièce et son style, consacrés au peuple, et rien qu’au peuple, ont tant enchanté les critiques que sans trop avoir choisi, Barton Fink se retrouve embauché par un studio hollywoodien. Direction Los Angeles, vers un avenir supposé brillant.

C’est sans compter le charme insalubre de l’hôtel : papier peint qui se décolle, lit aussi mou qu’une éponge. C’est sans compter, aussi, la première commande du studio : un film de catch. Barton Fink quitte théâtre et poissonniers pour écrire un scénario sur un sport dont il ne connaît rien. Seul et sans inspiration, il tente d’écrire, sans succès.
Le travail de scénariste et le système des studios sont passés au vritriol : Barton Fink, coiffé à la Eraserhead, n’arrive à rien écrire pendant les trois quarts du film, et les représentants des studios, tous énergumènes à leur manière, proposent des scènes presque surréalistes, comme l’adoration fétichiste des pieds de Barton Fink devant une piscine au bleu parfait.
Heureusement, son voisin de chambre, Charlie, est un homme du peuple comme Barton les aime : expansif, avec plein d’histoires à raconter, amical et jovial. A chaque fois, ce voisin tombé du ciel débarque, prêt à aider Barton : démonstration de catch, dialogue pour l’aider à trouver l’inspiration, secours pour enlever de la chambre le cadavre d’Audrey, rencontrée depuis peu, amante d’un écrivain alcoolique, et dont Barton est amoureux depuis leur première rencontre. Car après avoir appelé Audrey, paniqué puisqu’il doit faire un compte-rendu de son histoire le lendemain et qu’elle peut l’aider à trouver des idées, celle-ci sonne à la porte, et les discussions sur le film de catch se transforment en baisers. Le plan suivant sur la salle de bain, avec le robinet et la caméra qui s’engouffre dans le trou du lavabo, hautement métaphorique, fait sourire, tout en suggérant avec malice la scène torride qui a lieu à côté et se teinte déjà du sceau de la mort.
Barton Fink en est, sans doute, réduit à perdre toutes les connaissances qu’il peut avoir. Est-il maudit ? Est-il un assassin ? La mort d’Audrey est en tout cas le déclic : une fois le désir accompli et la femme assassinée, la quête de l’écriture se fait victoire. Et si ce timide écrivain avait besoin de tuer pour écrire ? Et si l’écrivain jaloux et alcoolique avait pénétré dans la chambre ? Et si Charlie cachait quelque chose ?
Quelles que soient les réponses, Los Angeles reste le haut lieu de l’enfer, avec un incendie final qui reste décevant et une comparaison avec le diable qui n’avait sans doute pas besoin d’être. Reste à trouver qui l’incarne et à se délecter d’un humour noir et critique, d’un style visuel remarquable, tout en pensant, avec sagesse : non, Los Angeles n’est pas pour le vieil homme, ni pour le dramaturge.
Barton Fink est la palme d’or du Festival de Cannes de 1991.


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