Someone est un roman étrange, la 1ere partie correspond à l’enfance et l’adolescence de Marie jeune fille myope et têtue. Elle a un grand frère Gabe qui aime apprendre et devient séminariste. Elle est en conflit avec sa mère, une femme irlandaise autoritaire et elle est en adoration devant son père. Elle nous fait participer à la vie de ce quartier de Brooklyn avec le destin de cette famille métisse les Chehab qui perd sa jeune fille Pegeen, le quotidien d’une famille de la middle class américaine. Elle nous raconte aussi ses amitiés, ses premières désillusions, son envie de révolte face à la vie de parfaite ménagère qu’on lui destine. Le rythme est lent et descriptif et on ne sait pas réellement où l’auteur veut en venir au départ. Car elle fait certains sauts chronologiques et revient parfois en arrière ou fait des bons dans le temps ce qui est un peu gênant au début.
Puis à partir de la 2eme partie et 3eme partie, on suit sa vie de femme, de mère, sa rencontre avec son mari, son 1er job, l’évolution de son frère qui abandonne la prêtrise, la dégradation du quartier où elle a vécu. Elle relate aussi la vieillesse, les délicates relations mère fille, l’homosexualité. Un roman qui gagne en profondeur, qui nous décrit la vie de gens ordinaire. Marie le personnage principal gagne en maturité, s’éloigne de la jeune fille égoïste et frivole, j’ai apprécié sa transformation. J’ai aimé le personnage de Tom son mari et leur rencontre. La fin est très jolie.
Un style agréable, fluide, imagée qui m’a peu à peu bercé et qui m’a fait du bien en ce moment. Mon avis qui était plutôt négatif dans les premières pages s’est transformé. J’ai apprécié de découvrir la vie de cette famille d’origine irlandaise, de connaître les difficultés et aussi les bonheurs simples de la vie. L’auteur réussit à nous transporter dans son univers et nous faire éprouver de l’affection pour ses personnages ; comme Gabe qui du petit prodige devient un adulte fragile. Une belle réussite. Les personnages secondaires sont aussi attachants car ils sont cabossés par la vie, mais il n’y a pas de misérabilisme dans son récit. L’héroïne devient quelqu’un pour faire écho, au titre, au fur et à mesure du récit, et c’est une belle leçon d’espoir je trouve.
Si vous avez envie d’une lecture douce, qui vous fait voyager avec les émigrés irlandais à Brooklyn, plongez dans la vie de cette jeune femme qui ne vous laissera pas indifférent.