Lu le Journal de deuil de Barthes, notes prises après la mort de sa mère dont il ne se remit jamais, au point que certains de ses proches ont pensé qu'il s'était laissé mourir.
"Maintenant, partout, dans la rue, au café, je vois chaque individu sous l'espèce du devant mourir [...]. Et avec non moins d'évidence, je les vois comme ne le sachant pas ."
Je fais le même constat mais, moi, j'ai envie de le leur faire savoir : "Pour vous aussi, ça va venir un de ses jours, et croyez-moi, ça ne va pas tarder."
Pas bien fier de cette "mauvaise pensée" (comme il est enjoint aux enfants d'en avouer au confessionnal), je la chasse, je marche d'un pas vif et souhaite aux femmes que je croise de rester toujours aussi attirantes.
J.-B. Pontalis, En marge des nuit s, Gallimard, 2010.