Jean Biès est décédé en 2014.
Je suis heureux de l'avoir connu et d'avoir publié deux de ses livres chez Almora (Empédocle, et Qu'allez-vous faire de vos vacances?)
François Chenet rappelle dans cet article l'immense oeuvre de Jean Biès qu'il faut absolument lire et relire.
Merci à François Chenet (qui fut mon professeur de philosophie à la Sorbonne) de m'avoir confié ce très bel hommage.
jlr
Hommage à Jean Biès l’Éveilleur et l’Enchanteur
(1933-2014)
« Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre ! ». Jean Biès a donc levé l’ancre dans des circonstances tragiques, mettant fin à sa vie sous l’empire du désespoir. Toute destinée est un mystère, attendu que nous venons du mystère et que nous retournons au mystère. Mais en fin de compte, n’est-ce pas la relation de l’âme et de l’éternité divine qui traverse les instants d’une vie en leur donnant un sens ? Honorons donc la mémoire d’un homme qui fut à la fois un chercheur de vérité engagé dans une sincère et ardente quête spirituelle, un écrivain au style éblouissant, un essayiste aux vues profondes sur la crise de la civilisation occidentale et ses solutions spirituelles, un auteur d’études consacrées aux spiritualités d’Orient et d’Occident et d’essais littéraires et philosophiques abondant en aperçus extrêmement originaux, en bref un fin lettré nourri d’une immense culture ainsi qu’un professeur hors pair.
Retraçons brièvement son parcours littéraire au fil des principales étapes de sa destinée, depuis sa naissance à Bordeaux en 1933 et l’Algérie de sa jeunesse jusqu’au « deuil blanc » de son épouse Rolande, psychothérapeute jungienne et victime de la maladie d’Alzheimer au soir de sa vie, et dont la disparition le laissa inconsolable, en passant par ses études à Paris, son mariage et son installation dans une vieille maison béarnaise, Saint-Michel-la-Grange, à Arros-de-Nay, sa carrière d’enseignant en marge de laquelle il eut assez de constance pour se consacrer à l’écriture dans son « esplumoir » (ainsi qu'il aimait à appeler son bureau tout comme Flaubert avait son « gueuloir » ou d’autres écrivains leur « pensoir ») et édifier au fil des jours son œuvre, et ce au prix de réels sacrifices, et ses diverses rencontres avec de hautes figures telles que celles de Jean Herbert, Arnaud Desjardins, Lanza del Vasto, Frithjof Schuon, Marie-Magdeleine Davy, Jacques Brosse, parmi tant d’autres ; sans oublier un certain nombre de grands voyages qui furent pour lui l’occasion d’un ressourcement traditionnel.
Quelle merveille que d’avoir connu un homme pleinement individué (au sens jungien) ! Intelligence, finesse d'esprit, culture ne caractérisaient pas seulement cet homme dont l'œil était toujours aux aguets et le jugement en éveil. Tous ceux qui ont connu Jean Biès vous diront que c’était aussi un homme qui respirait l’authenticité, et qu'il était d’une parfaite aménité et d’un commerce agréable. Dans sa quête d’une sagesse incarnée, il s’efforçait de sacraliser l’existence et de tirer le merveilleux du quotidien.
Il convient de rendre hommage à son œuvre littéraire — une œuvre élégante et lumineuse, parce que éclairée et éclairante — qui comprend près d’une quarantaine d’ouvrages qui abordent des genres variés et dont certains sont de purs chefs-d’œuvre, sans compter des articles de revue, des contributions à des ouvrages collectifs (notamment à plusieurs Cahiers de L’Herne et Dossiers H), etc. Cette œuvre « ne s'est rien voulue d'autre qu'une mise en formulation poétique des sagesses et enseignements de l’Orient et de l'Occident ». « Rien ne m’intéresse que le spirituel, mais tout m’intéresse dans le spirituel », aimait-il à dire. Au fil de cette œuvre couronnée par divers prix (et ce, dès sa classe de Première puisqu’il avait été distingué par l’Académie des Jeux floraux de Toulouse ; il obtint plus tard le Grand Prix de la Société des Poètes français), un itinéraire est proposé, qui nous conduit sur le chemin de la métaphysique en même temps qu’il nous livre un véritable viatique de sagesse au quotidien. Parcourons donc les chemins de cette œuvre inspirée et foisonnante, teintée d’humour et émaillée d'anecdotes aidant à préciser à chaque fois le contexte, une œuvre où s’harmonisent humanisme et spiritualité, Occident et Orient, théorie et pratique, parole et silence contemplatif.
Que cette œuvre abonde en aperçus extrêmement originaux, c'est ce que suffira à attester ce bref synopsis.
C’est en 1951, quand il était en Classe Terminale, qu’il découvre la pensée de René Guénon, qui venait juste de mourir au Caire. Tout au long de sa vie, Jean Biès devait se nourrir de la pensée de René Guénon, ce métaphysicien aussi rigoureux qu’exigeant, « présentant une précision et une rigueur quasi scientifique ». Parallèlement, il s’était ouvert aux sagesses orientales — Soufisme, Hindouisme — ainsi qu’à la "psychologie des profondeurs" et à l’œuvre de Carl Gustav Jung. De la « pensée marmoréenne » de René Guénon il devait retenir un certain nombre de thèmes, soulignant par là l’historialité de sa pensée, mais en se gardant toutefois de souscrire à certaines de ses assertions excessives et de verser dans son impatience apocalyptique assénée sur un ton péremptoire : c’est René Guénon qui lui révéla l’opposition du sacré et du profane, la distinction entre ésotérisme et exotérisme, la nécessaire distinction entre l’ésotérisme authentique et l’occultisme, le langage symbolique, l’ésotérisme comparé, l’unité fondamentale des traditions faisant signe vers la « Tradition primordiale », la doctrine des cycles, l’inversion des valeurs caractéristique du Kali Yuga et la « contre-initiation », le procès du matérialisme et du scientisme, le présent chaos social, la primauté de l’action pour l’action. Guénon est surtout invoqué à un double titre pour sa doctrine "traditionniste" ou "pérennialiste" » (ainsi qu’on a pu la qualifier afin de la distinguer du simple "traditionalisme"), d’une part, et en sa qualité « de pandit de la plus pure orthodoxie vedântique », d’autre part.
Après ses tout premiers intérêts pour les Présocratiques, notamment pour Empédocle d’Agrigente auquel il consacra un livre, et pour René Daumal qui restera toujours pour lui un auteur de prédilection et auquel il consacra un essai, il se tourna vers les particularités architecturales et aux richesses artistiques des églises de nos provinces (Alpes, Pyrénées, Massif Central) dans Les Églises des Monts.
Jean Biès devait publier sa Thèse de doctorat d’État, Littérature française et pensée hindoue, ouvrage magistral consacré à la réception de l’Inde dans la littérature française et plus généralement aux apports de l’Inde à la France et à l’Occident. « En quoi la nation la moins orientale et la plus sceptique s’est-elle, des origines à nos jours, passionnément ouverte à l’Inde ? Comment et pourquoi la patrie des dieux a-t-elle pu influencer et inspirer tant d’écrivains français ? Quels rapports, quels jeux d'influence, quels liens et quelles différences ont-ils pu exister entre la littérature française et la pensée hindoue ? », s’interrogeait-il. Portant sur tous les genres — récits de voyage, essais, romans, théâtre et poésie — , l’enquête suit la réception de l’Inde et les apports de l’Inde à la France et à l’Occident, des fables de La Fontaine à la sympathie militante d’un Voltaire, à l’enthousiasme d’un Michelet et d’un Lamartine, de Leconte de Lisle à ces grands « pèlerins du monde occidental » — intercesseurs ou "passeurs" — que furent en leur temps Romain Rolland, René Guénon, Lanza del Vasto et René Daumal. C’est là une somme d’érudition universitaire qui reste un ouvrage de référence (couronné du Prix de l’Asie par l’Académie des Sciences d’Outre-mer), mais qui se veut également exploration poétique et critique créatrice au service d’une nouvelle « Renaissance orientale » à venir, autrement dit d’une « seconde Renaissance à partir des sources orientales ». Heureuse époque où la Thèse d’État, autrement dit la grande Thèse de doctorat d'État, consacrait encore la construction d’une véritable cathédrale, magistralement édifiée à partir de matériaux choisis, ciselés, passés au crible d’une pénétrante perspicacité critique et élégamment agencés !
Merci à Jean Biès d'avoir « constaté qu'en nombre considérable, des écrivains français avaient été, du moindre au plus haut degré, et de toutes les manières possibles, déconcertés, séduits, envoûtés ou terrifiés par l'Inde ; et qu'il n'en était pas un seul qui ne l'eût, au moins une fois, mentionnée dans son œuvre » (p. 9).
Son œuvre compte des récits de voyage, à la fois géographiques et initiatiques, qui sont autant de pèlerinages au sens fort d’une pérégrination vers le Centre.
Le premier voyage fut celui au Mont Athos, où il séjourna en 1958, « l’Athos, cette Montagne primordiale qui relie l’homme à l’Absolu et qui est l’un de ces lieux où l’Esprit souffle encore ». Son livre Athos. Voyage à la sainte montagne (réédité sous le titre Athos. La montagne transfigurée) relate sa découverte enthousiaste du Christianisme orthodoxe, de la théologie des Pères grecs et de la spiritualité orthodoxe de l’Église byzantine.
Il y a ensuite l’Inde où il voyagea en 1973, y séjournant dans des ashrams, et d’où il tira L’Inde, ici et maintenant — Lettres du pays de l’Être, réédité sous le titre Les Chemins de la Ferveur, récit de voyage qui est un pur chef-d’œuvre, de loin le meilleur jamais écrit sur l’Inde — en quoi notre avis rejoint tout à fait celui d’autres fins connaisseurs de l’Inde — , récit au style vibratile en parfaite adéquation avec ce milieu vibratoire qu’est l’Inde.
Merci à Jean Biès d’avoir enrichi d’harmoniques nouvelles notre regard sur l’Inde avec ce récit qui réussit à dépasser les notations pittoresques des récits de voyage pour s’élever à une hauteur de vue qui lui a permis de dresser le bilan des contrasté des civilisations orientale et occidentale en des synthèses parfois éblouissantes et d’engager par là le dialogue des cultures.
Son livre Passeports pour des temps nouveaux réédité sous le titre Vie spirituelle et modernité. Comment concilier l’inconciliable - sans doute le plus achevé sur le plan théorique - ainsi que le second essai de la même veine intitulé Retour à l’Essentiel — Quelle spiritualité pour l’homme d’aujourd’hui ?, développent ce que la redécouverte doctrinale des enseignements communs aux traditions d’Orient et d’Occident, et le recours à diverses « voies opératives » - un Yoga adapté à l’homme d’aujourd’hui, une connaissance de soi par l’« Alchimie jungienne », le « souvenir du Nom divin » transmis par l’hésychasme et l’Orthodoxie - pourraient apporter à l’actuelle crise de civilisation, tant il est vrai que nous sommes à la fin d’un cycle de l’humanité et que la seule vraie réponse est d’ordre spirituel, tout le travail consistant à savoir utiliser positivement les données négatives de l’époque. « Seul le retour à l’Essentiel permettra le retour de l’Essentiel », écrit-il.
Merci à Jean Biès pour Passeports pour des temps nouveaux, livre d’une grande richesse thématique qui développe une magistrale analyse spectrale de la crise du monde moderne et des impasses de la modernité occidentale, livre qui abonde en exemples précis illustrant la manière dont l’éclairage oriental peut venir enrichir, compléter, voire parfois rectifier, notre compréhension de maintes données mythologiques ou doctrinales de notre Antiquité, contribuant par là à revivifier l’enseignement des Humanités. Merci donc à Jean Biès d’avoir écrit :
« Au demeurant, est-il nécessaire de rappeler que le véritable Orient, avant de se situer géographiquement aux confins du soleil levant, se trouve à l’intérieur de chaque être humain, où se lève « l’autre soleil » ?... La réunification des deux hémisphères de la planète, si elle doit s’opérer vraiment, constitue sans doute déjà, par-delà la multiplication des obstacles et les fausses synthèses d’empires, le signe préfiguratif d’une réconciliation des contraires. Encore n’est-ce là que l’ébauche incertaine d’une authentique unité spirituelle, elle-même simple conséquence de ce qui doit s’accomplir au niveau psychologique individuel… L’Orient et l’Occident ne sont ailleurs qu’en nous. Le monde n’échappera aux malheurs qui le menacent et qui le rongent que si chacun d’entre nous, — ou le plus grand nombre possible — , fait l’effort de réconcilier en lui ces deux moitiés de son âme : l’ouest et l’est, l’historicité et la mythologie, l’extérieur et l’intérieur, le masculin et le féminin, la conscience et l’inconscient, la réalité et le rêve, l’action et la contemplation, la sagesse et la folie, le moi et le Soi, le rien et le Tout. L’Orient est moins un continent, un concert de races et d’ethnies, un ensemble de cultures et de civilisations, qu’il n’est un état d’âme, une Weltanschauung située au cœur du cœur, une convergence intériorisée dans l’unique « Lieu sans où… », le point sans dimensions » (pp. 363-364).
Dans le même registre s’inscrit Orientations spirituelles pour un temps de crise, livre dans lequel Jean Biès, confronté à la crise du monde moderne, en appelle à une spiritualité enracinée dans la « Tradition primordiale » ou, si l’on préfère, dans la Tradition pérenne ainsi que dans la Philosophia perennis, transmission directe d’une connaissance transcendante, pourvue d’enseignements théoriques et de pratiques d’intériorité destinés à l’homme d’aujourd’hui, et dont le recours permet le recouvrement du sacré. Tout espoir n’est jamais détruit et s’il arrive à l’Esprit de paraître s’éclipser, il n’en resplendit pas moins au fond de la conscience humaine.
Dans un autre livre intitulé Art, Gnose et Alchimie. Trois sources de régénérescence, Jean Biès s’attache à remonter à ces sources de vie que sont l’Art — imitation de l’activité divine —, la Gnose — expression de l’ésotérisme universel — et l’Alchimie qui permet d’accéder à la connaissance de soi pour déboucher sur le « processus d’individuation », comme le nomme Carl Gustav Jung.
Merci à Jean Biès de nous enjoindre, « quand les ressources sont épuisées, de remonter aux sources. Il faut gagner d’urgence le haut séjour des Origines où se trouvent concentrées les énergies créatrices, où rien n’est encore usé, mais vit d’une éternelle jouvence. Les Eaux vives ne désignent rien d’autre que la fluidité de l’esprit, sa virginité rédemptrice, son allégresse, sa légèreté semblable à celle des torrents dévalant les prairies des matins du monde » (p. 11).
Dans Les Alchimistes, l’un des plus remarquables livres écrits sur le sujet (c’est un livre d’abord bien informé, Jean Biès ayant une connaissance de première main de la littérature alchimique, si difficile d’accès et déroutante), Jean Biès entend dégager l’alchimie de quelques faux-semblants afin de lui restituer sa véritable signification, qui est d’être une voie de réalisation intérieure à la faveur de laquelle le travail sur soi répond simultanément au travail sur la matière — réflexion inspirée par la pensée de Jung découvrant que l’alchimie exprime les lois éternelles de la psychologie, et que le travail du Grand Œuvre tend en fait à assurer la métamorphose de l’être.
Merci à Jean Biès d’avoir si fidèlement épousé le cheminement d’Hermès Trismégiste, cheminement qui manifeste « la solidarité de l’esprit et de la matière », et, dans la mesure où ce cheminement est « opus circulatorium, d’avoir suivi l’alchimie dans ses itinéraires, ses tours, détours et retours, ses métamorphoses et anamorphoses » (p. 21, 64).
Jean Biès ne s’est pas contenté de fréquenter les poètes, tels Jean Cocteau et Pierre Emmanuel, il fut surtout lui-même un immense poète, comme en témoignent avec éclat ses recueils de poésie, et notamment Miroir de Poésie, somme de neuf mille vers qui regroupe :
Premières saveurs. Le Livre des Morts.
Connaissance de l'Amour. Initiatiques.
Les chansons du Vêtu de Vent. Portique des Visions.
Guerre Sainte. Les Pourpres de l'Esprit.
Dans la mesure où le poète est doué du double don d’évocation et d’invocation, sa poésie, renouant avec l’antique pacte qui liait pensée, poésie et célébration, se donne comme une poésie mémoriale qui restitue le premier matin du monde, l’Origine et l’Orient ; certains de ses poèmes sont animés par un authentique souffle cosmogonique, ce souffle ayant hélas quasiment disparu dans la poésie contemporaine.
Merci à Jean Biès de nous avoir donné à lire des vers visités par les dieux, s’il est vrai que « c’est de poésie dont nous avons le plus besoin, si nous ne voulons pas sombrer dans l’asphyxie de notre fin ».
Par ailleurs, Jean Biès a consacré deux livres à rendre à la femme un hommage d’une rare délicatesse, hommage qui célèbre les qualités spirituelles du féminin.
Le premier livre, L’Initiatrice, décrit la rencontre avec sa future épouse, Rolande Renoux, qui, telle la Béatrice de Dante, lui fit découvrir les sagesses orientales. C’est là un hymne magnifique à l’Amour. C’est à vingt ans, en 1953, qu’il rencontre à Alger celle qui allait devenir son épouse en 1961, Rolande Renoux, qui y tenait alors une librairie orientaliste et ésotérique, Le Lotus d’Or. Or « Lande-Hélène » connaissait déjà Jean Herbert et elle était disciple du Swâmi Siddhesvarânanda (du Centre védântique de Gretz) et de Brahmânanda, le disciple de Râmakrishna ; elle était également en relation avec le cheikh d’une confrérie soufie, Hadj Adda Bentounès et c’est elle qui, outre la tradition hindoue, fit aussi connaître à Jean Biès l’islam et le soufisme.
Comme la vie de Jean Biès est indissociable de celle qu’il appelait volontiers « Lande-Hélène » ou « Tarini » (tel était son nom hindou d’initiation), il convient de lui rendre également hommage ici. Rolande Biès (1919-2012), après des études de philosophie à la Sorbonne auprès de Bachelard, découvrit l’œuvre de Jung et celle de sa disciple et collaboratrice, Marie-Louise von Franz, qui fut l’associée de Jung dans sa recherche alchimique et la grande interprète des contes de fées et des récits mythologiques. Rolande Biès fut la dernière analyste que forma Marie-Louise von Franz : deux années durant, elle se rendit une fois tous les deux mois à Zürich pour effectuer son analyste didactique avec Marie-Louise von Franz jusqu’à ce qu’assez vite cette dernière lui dit : « Rolande, je n’ai rien à vous apprendre ». Venant en aide à beaucoup d’analysants, elle donna des conférences sur la "psychologie des profondeurs" et constitua une importante bibliothèque alchimique. Durant une dizaine d’années, de 1986 à 1997, elle adressa à ses amis et élèves une délicieuse Lettre de l’Alchimie dans laquelle elle pratiquait la sagesse onirique, procédant à l’explication de rêves ou de récits mythologiques, et arpentait la forêt des symboles, s’y livrant à une promenade buissonnière et y décryptant divers symbolismes (cette Lettre de l’Alchimie est désormais disponible sur le site www. cgjung. net). « Gardienne de la simplicité, Vestale de l’Essence » (selon la dédicace du Miroir de Poésie), alliant simplicité et énergie, à la fois extravertie et introvertie, Rolande Biès était une grande dame dont les étonnantes intuitions n’ont cessé d’inspirer Jean Biès dans le partage passionné des mêmes recherches spirituelles qui donnent sens à la vie, tandis que son art de tirer le positif du négatif n’a cessé de le soutenir dans la prose du quotidien.
L’autre ouvrage, La porte de l’appartement des femmes, décrit ses rencontres émerveillées avec diverses femmes d’exception qui toutes incarnaient une facette de l’éternel féminin. Dans Paysages de l’Esprit, il a également consacré un chapitre à « La Femme entre tradition et modernité ».
Merci à Jean Biès d’avoir souligné qu’« un monde sans femme serait un désert humain » et d’avoir célébré la « mystérieuse vertu de présence qu’exhale la femme » en tant que Shakti ou « Puissance de manifestation » ou « muse mercurielle ».
Ses trois livres intitulés J’ai Dialogué avec des Chercheurs de Vérité, Voies de sages et les Grands Initiés du XXe siècle brossent une galerie de portraits (accompagnés des biographies et des bibliographies correspondantes) d’initiés au sens large du terme : maîtres spirituels, mystiques, philosophes, sages, éveilleurs d’âmes, non sans proposer des extraits de leurs œuvres les plus significatives. Si le premier ouvrage présente dix « chercheurs de vérité » et le second les douze maîtres spirituels qu’il a eu le privilège de rencontrer, le troisième brosse trente portraits de hautes figures du christianisme, du judaïsme, de l’islam, de l’hindouisme et du bouddhisme ou d’autres spiritualités.
Merci à Jean Biès de nous avoir permis de rencontrer à travers ces livres toutes ces éminentes figures et de recueillir par ce truchement un peu de l’irradiation de leur auguste présence, à l’instar du bénéfice que procure, en Inde, le darshan.
Dans son essai intitulé Sagesses de la Terre. — Pour une écologie spirituelle, Jean Biès développe une méditation pastorale qui est à la fois initiation au mystère à travers les symboles et les règnes de la Nature, contemplation de la beauté, éloge de l’enracinement, manifeste d’une « écologie spirituelle » ; celle qui, loin des villes et de leur démence, loin de la jungle urbaine, révèle la sacralité du monde et permet son réenchantement. Jean Biès y célèbre autant la sublime beauté des montagnes pyrénéennes que la vraie sagesse incarnée dans l’humanisme paysan de ses frères en humanité que sont les habitants du Béarn : dans cet humanisme paysan il trouve à puiser autant le vivre-simple que le bien-mourir.
Merci à Jean Biès d’en avoir appelé à la seule véritable écologie qui soit, à savoir « l’écologie spirituelle : une écologie greffée sur la spiritualité, nourrie et irriguée par elle, qui, non contente de manifester contre les pollutions et les toxicités, s’enracinerait, pour être efficace et réelle, dans ces puissants traités écologiques que sont les textes sacrés, et se référerait de nouveau à la philosophie reliant la terre, le ciel et l’homme, étayant les actions humaines d’une vie d’intériorité » (p. 121). Conception de l’écologie qui n’est pas sans rappeler celle d’un Lanza del Vasto en son temps ou celle d’un Pierre Rabhi de nos jours.
Paysages de l’Esprit est un admirable recueil d'essais qui entendent prolonger la pensée de René Guénon soit en suppléant à quelques uns de ses manques et en la complétant, soit en l’actualisant, dès lors que cette pensée a délaissé un certain nombre de thèmes et/ou appelle d’autres formulations tenant compte de conditions ou de contextes renouvelés. René Guénon « s’étant montré peu sensible à la poésie du monde », il convenait dès lors de se pencher sur la Nature en tant que "théophanie", ou manifestation divine, en tant que miroir réfléchissant ici-bas le monde des archétypes. « Alchimie du vagabondage » nous livre des pages éblouissantes sur la « Traversée du désert » et la « Promenade en forêt ». Tout à fait original et brillant est l’essai consacré à « La sagesse des miroirs ». La crise de la société s’inscrivant dans la doctrine traditionnelle des cycles, qui situe notre époque dans l’« Âge sombre » (Kali-yuga), il convenait de proposer une « Lecture (actualisée) des lois cycliques » et de méditer, dans l’essai « Universalité et mondialisation », sur la subversion qui substitue à l’authentique universalité le mondialisme. Outre le chapitre « La Femme entre tradition et modernité », déjà mentionné et consacré à la condition féminine et à l’authentique féminisme (« Arrêtez de vouloir nous libérer ! », demandent les femmes), l’ouvrage offre d’admirables méditations sur l’Écriture et la forme des lettres (« Écriture : une chorégraphie de l’Essence »), sur l’élan créateur (« Les éclats de rire du feu »). Il propose enfin une éblouissante méditation sur la « Musique (en tant que) réminiscence vibratoire de l'Origine ».
Merci à Jean Biès d’avoir su « trouver au cœur de la finitude tout un foisonnement de germes d’infini » (p. 313).
Jean Biès a par ailleurs consacré de belles pages à la musique et aux œuvres musicales, — et l’on sait combien il est difficile d’écrire sur la musique. Dans L’Inde. Ici et maintenant, il consacre des pages éblouissantes à la musique et à la danse indiennes, cernant bien ce qu’elles ont de spécifiques. Dans Art, Gnose et Alchimie (« Aspects ésotériques de l’Art ») et dans le chapitre mentionné plus haut de Paysages de l’Esprit, c’est à la faveur d’une démarche là encore tout à fait originale et féconde qu’il interprète la musique et les œuvres musicales à la lumière des correspondances qu’elle entretiennent avec la quaternité des éléments – terre, eau, air, feu — , la quaternité jungienne des fonctions de la psyché— sensation, sentiment, pensée, intuition — , les phases de l’œuvre alchimique — nigredo, albedo, rubedo —, etc. Enfin, il consacra un livre à un musicien anglais contemporain, John Tavener l’Enchanteur. Une Introduction à la musique du Silence.
Jean Biès a toujours réfléchi à la question pédagogique (ainsi dans le chapitre « Principes d’une Pédagogie de l’Esprit » dans Art, Gnose et Alchimie). Dans sa Lettre recommandée aux professeurs malades de l’Enseignement, Jean Biès, tirant le bilan de son expérience vécue durant trente-trois ans, réfléchit aux raisons profondes de la crise de l’enseignement et du système éducatif, et propose un ensemble de remèdes susceptibles d’assainir la situation et de la retourner.
Merci à Jean Biès pour ce livre délicieusement original, aux antipodes du « pédagogiquement correct » qui sévit de nos jours, livre qui montre que la crise de l’enseignement ne tient pas seulement pas à des questions de moyens, d’organisation des structures, de programmes, etc., mais qu’elle a en fait des racines beaucoup plus profondes.
Rien n’était donc plus justifié à cet égard que cette haute distinction, la Légion d’honneur, qui lui fut décernée non seulement en reconnaissance des qualités intrinsèques de son œuvre, mais aussi en reconnaissance de son métier d’enseignant exercé à la perfection au Lycée de Nay (où il eut d’ailleurs pour élève François Bayrou). Car Jean Biès, concevant son métier d’enseignant comme un sacerdoce, ne fut pas simplement un professeur hors pair formant les jeunes esprits en leur transmettant un savoir, en l’occurrence les Humanités ou les Lettres classiques, c’est-à-dire la Littérature française, le Latin et le Grec, mais aussi un incomparable éveilleur d’âmes. Un éveilleur d’âmes, il le fut assurément tout au long de sa carrière, révélant à des générations d’élèves le meilleur d’eux-mêmes. Quelle chance pour ses élèves d’avoir eu comme professeur Jean Biès !
Par les chemins de vie et d’œuvre est un livre d’entretiens (issu de son voyage au Venezuela de 1985) dans lequel il jette un regard rétrospectif sur la trajectoire de son œuvre. Ce sont là autant de facettes d’une aventure spirituelle d’une richesse extrême, et qui n’est pas loin d’apparaître comme un véritable traité de Sagesse.
Merci à Jean Biès d’avoir répondu sans détours à la question princeps « Qui suis-je ? » dans ce livre d’entretiens où il vient à apparaître in fine à son interlocutrice comme « un Montaigne (mais en retenant la démarche taoïste, non le scepticisme stérilisant) qui aurait lu Shankara tout en pratiquant la prière du cœur » (p. 138).
Ses derniers livres Petit dictionnaire d’impertinences spirituelles et Qu’allez- vous faire de vos vacances ? Récits de sagesse touristique sont autant de délicieuses petites merveilles teintées d’humour.
Dans son Petit dictionnaire d’impertinences spirituelles, Jean Biès paye son écot aux mots d’esprit et à l’esprit ; l’esprit va loin et profond, aussi loin et aussi profond que ces traits de feu qui épousent la substance si volatile de l’esprit.
Merci à Jean Biès pour ce délicieux recueil de fulgurances enjouées, dignes des koans zen et dont certaines procèdent de la "langue des oiseaux".
Qu’allez-vous faire de vos vacances ? Récits de sagesse touristique donne à connaître des "choses vues" ou vécues lors de vacances estivales — des paysages, des personnages ou des moments singuliers (tel le tracé d’un mandala par des moines tibétains) — , petits riens sans doute mais tous porteurs de semina sapientiæ, qui, moyennant une "amplification symbolique" ad hoc, trouvent à rejoindre les grands archétypes de la Création lors même que les mots de sa langue somptueuse les strie de leurs vivacités.
Merci à Jean Biès d’avoir posé cette question : « — Que ferez-vous de vos vacances ? En serez-vous satisfaits ? En reviendrez-vous contents ? » aux fins de nous faire entendre : « Ces vacances vous ont-elles appris quelque chose d’essentiel ? En avez-vous tiré un enseignement susceptible de vous aider à voir plus clair en vous, d’avoir meilleure vision des autres ? Le soleil de juillet vous aura-t-il élucidé un recoin de conscience ? » de manière à ce que nous « joignions à nos circuits touristiques le voyager intelligent » (pp. 7, 10).
Toute l’œuvre de Jean Biès se recommande par son style fluide et inventif, par sa prose poétique qui laisse apparaître ce tremblement léger qui fait le prix d’un livre : le plaisir de lire et de vibrer est constant dans cette œuvre qui nous convie à une fête de l’intelligence et du style. Jean Biès écrit en effet de façon si pure et si lumineuse, si diverse et si assurée qu’on a l’impression que tout est né d’un seul mouvement, fond et forme, sans effort ni correction, et ce nonobstant la richesse lexicale de sa langue. Que cette œuvre brillantissime, ce pur diamant qui a éclairé la vie de ses lecteurs d’une si belle lumière autant par sa rigueur doctrinale que par la beauté de son style aux irisations poétiques (et d’une lumière telle que sa lecture s’est à son tour souvent accompagnée de singulières synchronicités acausales, comme nous pouvons en témoigner !), n’ait pas connu toute l’audience qu’elle méritait, qu'elle soit donc restée injustement méconnue du seul fait qu'elle fut cernée par la « coalition du silence » et victime de la « conjuration du silence » — ce nouveau bûcher à la mode, disait-il — , n’est guère étonnant. Tout ce qui est beau et profond n’est-il pas difficile autant que rare ? Comment en aurait-il pu être autrement dans le brouhaha de notre époque, engluée dans le matérialisme et où de surcroît la vie littéraire, régulièrement investie par de vaines avant-gardes, est encombrée de valeurs surfaites ? Il ne suffit pas d’invoquer des raisons tenant à la sociologie de la vie littéraire, s’il est vrai que cette œuvre s’est élaborée à l’écart des milieux littéraires, intellectuels et médiatiques parisiens, milieux trop souvent faisandés. C’est surtout que cette œuvre, qui cherchait à rendre une âme au monde qui l’a perdue, s’inscrit délibérément à contre-courant de la modernité et s’oppose au réductionnisme contemporain de sorte qu’elle ne pouvait s’adresser qu’à un public choisi, déjà en quête de valeurs spirituelles. Somme toute, ce qu’il disait de René Guénon ne trouve-t-il pas à s’appliquer à Jean Biès lui-même : « Il était normal en somme qu’il en fût ainsi, comme il en est toujours ainsi pour les prophètes, les éveilleurs et les révélateurs. Mais il était tout aussi normal que cette œuvre irremplaçable éclatât un jour aux regards, et qu’au nom de la plus élémentaire honnêteté intellectuelle, hommage lui fût rendu » (Littérature française et Pensée hindoue, pp. 351-352).
L’un de ses derniers livres, de caractère davantage autobiographique, s’intitule Le Soleil se lève à minuit. Initiation aux sagesses du quotidien. Il y évoque certains moments choisis de son existence, depuis son enfance heureuse en Algérie jusqu’au « deuil blanc » de son épouse Rolande, victime de la maladie d’Alzheimer au soir de sa vie, en passant par diverses rencontres et les amères contraintes de sa vie d’enseignant. C’est un livre magnifique et également un pur chef-d’œuvre, aux accents tantôt émerveillés, tantôt poignants (la section intitulée « Lamento en fin majeure » contient une fabuleuse description d’une « Maison de vieillesse »), dans lequel l’évocation des souvenirs se mue en une admirable méditation sur le sens d’une destinée. Tant il est vrai que « l’initiation n’est (pas seulement) la transmission d’un influx spirituel, elle nous apparaît comme un processus existentiel, continu, enrichi de toutes les épreuves, tentatives, expériences, et surtout des enseignements qu’on a su en tirer ; elle est avant tout initiation à notre propre mystère » (Grands Initiés du XXe siècle, p. 11).
Merci à Jean Biès de nous avoir rappelé que « nous passons tous un jour par Gethsémani, que vient toujours un moment où "l’âme est triste à en mourir" mais que nous portons tous en notre mémoire des exemples de morts suivies de renaissances (de sorte) que nous pouvons commencer à mieux comprendre pourquoi celui qui crie vers Dieu du fond de l’abîme est aussi celui en qui Dieu, du fond de l’abîme, crie vers l’homme » (p. 91).
Le Soleil se lève à minuit — Puisque c’est au cœur de la nuit qu’il a levé l’ancre, au cœur d’une nuit qui fut pour lui sa « nuit obscure », tenons pour certain que, pour lui, le Soleil s’est définitivement levé de l’autre côté du voile :
RETOUR
« Quand je m’en reviendrai, plus assoiffé que sable,
nous renaîtrons d’avoir souffert l’éternité.
Mon arc nous gagnera l’espace impérissable ;
et debout dans nos cœurs, les anges, tout l’été,
feront de la lumière à force de chanter ».
(Miroir de Poésie, p. 147)
Louanges donc à Jean Biès l’Éveilleur et l’Enchanteur qui a porté si haut les exigences de l’Esprit tout au long d’une démarche spirituelle et littéraire, aussi exemplaire qu’attachante, cristallisant dans une œuvre nous proposant des orientations pour un temps plus que jamais « désastré ».
François Chenet, Professeur de philosophie comparée, philosophie indienne à l'Université Sorbonne
- Le site "Baglis TV" propose plusieurs petits entretiens avec Jean Biès.
Vie spirituelle et modernité by baglistv
L'etre et le non-être dans les trois monothéismes by baglistv
Carl Gustav Jung et Marie-Louise von Franz, souvenirs de Jean Biès
Souvenirs : Marie-Madeleine Davy et Arnaud... by baglistv
Bibliographie de Jean Biès
Les Églises des Monts, Robert Morel, 1967.
Athos. Voyage à la sainte montagne, Albin Michel, 1963 ; rééd., Dervy, 1980 ; rééd. Sous le titre Athos. La montagne transfigurée,Les Deux Océans, 1997.
René Daumal, P. Seghers, Paris, 1963 ; rééd. 1973.
Empédocle d’Agrigente— Essai sur la philosophie présocratique, Éditions Traditionnelles, 1969 ; rééd. Empédocle d’Agrigente — Philosophie présocratique et spiritualité orientale, Almora, 2010.
Littérature française et pensée hindoue, Prix de l’Asie, de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, Éd. Klincksieck, 1973 ; rééd. 1992.
J’ai Dialogué avec des Chercheurs de Vérité, Éditions Retz, 1979.
L’Inde, ici et maintenant — Lettres du pays de l’Être, Dervy, 1979 ; rééd. Sous le titre Les Chemins de la Ferveur, Terre du Ciel, 1995.
Passeports pour des temps nouveaux, Dervy, 1982 ; rééd. Vie spirituelle et modernité. — Comment concilier l’inconciliable, L’Harmattan, 2009.
Retour à l’Essentiel — Quelle spiritualité pour l’homme d’aujourd’hui, Dervy, 1986 ; rééd. L’Âge d’Homme, 2004.
Art, Gnose et Alchimie. Trois sources de régénérescence, Le Courrier du Livre, 1987.
L’Initiatrice, Éditions Jacqueline Renard, 1990.
La porte de l’appartement des femmes, Éditions Jacqueline Renard, 1991.
Lettre recommandée aux professeurs malades de l’Enseignement, Le Rocher, 1993.
Miroir de Poésie, Groupe de recherches polypoétiques, 1994.
Voies de sages. Douze maîtres spirituels témoignent de leur vérité, Philippe Lebaud, 1996.
Sagesses de la Terre. — Pour une écologie spirituelle, Les Deux Océans, 1997.
Grands Initiés du XXe siècle, Philippe Lebaud, 1998.
Les Alchimistes, Philippe Lebaud, 2000.
Par les Chemins de vie et d’œuvre, Les Deux Océans, 2001.
Petit dictionnaire d’impertinences spirituelles, Dervy-Médicis, 2006.
John Tavener l’Enchanteur. Une Introduction à la musique du Silence, Les Deux Océans, 2008.
Orientations spirituelles pour un temps de crise – D’un bon usage du monde moderne, Pardès, 2010.
Le symbole de la Croix, Éditions Arma Artis, 2010.
Paysages de l’Esprit, Éditions Arma Artis, 2011.
Le Soleil se lève à minuit. Initiation aux sagesses du quotidien, L’Harmattan, 2011.
Qu’allez-vous faire de vos vacances ? Récits de sagesse touristique, Almora, 2012.
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- La Revue Saraswati. Revue de Poésie, d’Art et de Réflexion, n°4, hiver 2002 (B. P. 41, 17102. Saintes Cedex) a publié un numéro consacré à Jean Biès (= une excellente Anthologie composée de synopsis thématiques, de textes, de jugements critiques, d’extraits de journaux et de correspondance, etc.).
- Enfin, sur Jean Biès et l’Inde, qu’il soit permis de renvoyer à notre étude : F. Chenet, « L’Inde au miroir de l’œuvre de Jean Biès » in Chr. Maillard (éd), "Passeurs d'idées religieuses entre l'Inde et l'Europe", Presses Universitaires de Strasbourg, 2009, pp.145-170.